
Contexte
L'éducation au changement climatique (ECC) englobe les activités scolaires et extrascolaires visant à enseigner des compétences et des connaissances sur l'atténuation (comme les modes de vie durables) et l'adaptation (comme la réduction des risques de catastrophe) au changement climatique ; promouvoir des espaces d'apprentissage sûrs et durables ; impliquer activement les communautés en tant qu'agents du changement ; et renforcer la collaboration entre les décideurs et les chercheurs en matière d'éducation et de climat. Elle peut prendre différentes formes (activités en laboratoire, projets scolaires…).
Malgré le nombre croissant d’études scientifiques sur l’ECC, les effets concrets de ces interventions éducatives restent incertains. C’est pourquoi, à la suite d’un appel à propositions de recherche, l’AFD a retenu deux projets de revues systématiques de la littérature existante et de ses principales lacunes :
- Le premier projet porte sur les effets de l’éducation au changement climatique sur les connaissances, attitudes et comportements des enfants et de leurs entourages ; il est réalisé par une équipe de chercheurs des départements de psychologie et de sciences naturelles de l’Université de Rosario en Colombie.
- Le second porte sur les effets de l’éducation au changement climatique sur les comportements et les normes ; il est conduit par une équipe de chercheurs du Groupe d’analyse et de théorie économique (GATE-CNRS) et du département d’économie expérimentale de l’Université de Rosario en Colombie.
Objectif
L’étude menée par l’Université de Rosario analyse les impacts de l’éducation au changement climatique selon le type d’intervention (activités d’enseignement « classiques », immersives, innovantes…) et les stratégies mobilisées (fondées sur les connaissances, les habitudes, les émotions…). Elle se propose d’évaluer les effets de ces différentes interventions sur les connaissances, les attitudes et les comportements des enfants en âge préscolaire et scolaire et leurs entourages, avec un focus sur leurs caractéristiques sociodémographiques.
L’étude pilotée par le GATE-CNRS examine l'impact de l'éducation au changement climatique sur les comportements et les normes sociales des enfants et des jeunes adultes, à travers le prisme des sciences comportementales. Elle se propose d’identifier les activités et les contenus éducatifs qui favorisent les changements en termes de normes, ainsi que les éventuels biais cognitifs et barrières culturelles et normatives. Cette revue systématique sera complétée par une expérience empirique.
Méthode
Les deux projets de recherche se fondent sur des revues systématiques, à savoir des synthèses rigoureuses et reproductibles des résultats de toutes les études originales existantes répondant à une même question de recherche, qui permet d'identifier, de sélectionner, d'évaluer et résumer des études primaires, des données et des résultats de recherche sur cette question.
L’étude de l’Université de Rosario adopte la méthodologie PIO (Population, Intervention, Résultats) qui permet d’aider à la formulation de la question de recherche et à la réalisation de la recherche bibliographique. Une analyse comparative est ensuite conduite pour évaluer les effets de l'éducation sur différentes populations (par exemple, les élèves les plus jeunes par rapport aux plus âgés, etc.).
L’étude menée par GATE-CNRS utilise l’approche PICO (Population, Intervention, Comparaison, Résultat), dans laquelle une analyse comparative permet d’évaluer les types d’interventions les plus populaires, efficaces ou fiables d’un point de vue méthodologique, sur les comportements et les normes sociales, avec un focus sur les contextes d’intervention. Dans un second temps, une étude expérimentale conduite en France et en Colombie se propose de combler certaines lacunes observées dans la littérature en testant deux hypothèses :
- i) les activités éducatives immersives seraient plus efficaces que les activités traditionnelles pour induire des comportements pro-environnementaux et des changements normatifs
- ii) le niveau d’adhésion aux normes et d’engagement civique dans les deux pays peut se traduire par une différente propension à s’engager.
Résultats
Chacun des deux projets de recherche a donné lieu à une publication "Dialogue de politiques publiques", présentée à la COP28, ainsi qu’à un papier de recherche publié dans les collections des Editions Agence française de développement. Le projet de l’équipe GATE-CNRS donnera lieu aussi à un second papier de recherche présentant les résultats de l’expérience de terrain.
Télécharger les publications :
- Climate change education from the perspective of social norms: A systematic review (Papiers de recherche AFD, novembre 2023, en anglais) et le "Dialogue de politiques publiques" associé
- Worldwide effects of climate change education on the cognition, attitudes, and behaviors of schoolchildren and their entourage (Papiers de recherche AFD, novembre 2023, en anglais) et le "Dialogue de politiques publiques" associé
Enseignements
Les deux revues systématiques de littérature mettent en évidence des lacunes des recherches en matière d’éducation au changement climatique, mais aussi certains résultats prometteurs pour ce domaine d’intervention :
- L’étude menée par l’Université de Rosario souligne notamment l'omission du prisme du genre, les difficultés à analyser l'efficacité des interventions à long terme, et le fait que les recherches portent davantage sur les effets de l’ECC sur les connaissances que sur les comportements. L’étude met aussi en évidence aussi que les interventions les plus pertinentes sont celles qui mobilisent des pédagogies innovantes, fondées sur des informations faisant appel aux expériences personnelles, et qui suscitent des émotions positives, tandis que celles fondées sur des émotions négatives peuvent avoir des effets contre-productifs.
- L’étude pilotée par le GATE-CNRS constate que les types d’intervention sont très variés. Les projets fondés sur des activités concrètes, ceux qui combinent plusieurs types d’interventions et ceux qui impliquent plusieurs parties prenantes (enseignants, élèves…) donnent lieu à des résultats plus probants. L’étude met aussi en évidence le très faible nombre de travaux qui portent sur les normes, le fait que ces recherches sont menées principalement dans des pays à revenu élevé et en milieu urbain, et se focalisent sur les comportements liés au recyclage et aux déchets, facilement observables, négligeant des comportements avec un plus fort impact sur le climat (transports, etc.).
Les résultats de l’étude expérimentale sont prévus pour fin 2025.
Contacts :
- Dr. Cecilia Poggi, chargée de recherche à l’AFD
- Dr. Linda Zanfini, chargée de recherche à l’AFD
- Dr. Benjamin Quesada, professeur associé, directeur du Earth System Science, Research Group Leader "Interactions Climate-Ecosystems" (ICE), Université de Rosario (Colombie)
- Dr. Fabio Galeotti, chargé de recherche au CNRS, responsable du Groupe d’analyse et de théorie économique Lyon St-Etienne (France)

Contexte
Alors que le champ de la recherche sur les infrastructures vertes et les solutions fondées sur la nature en ville se développe, le potentiel de l’agriculture urbaine dans la production de services écosystémiques reste peu exploré.
Or, au-delà des bénéfices liés à l’approvisionnement alimentaire et à la réduction de la vulnérabilité des populations urbaines, les systèmes alimentaires urbains peuvent être au cœur de politiques de développement de solutions fondées sur la nature.
Ce projet de recherche étudie les potentiels bénéfices de ces systèmes dans le périmètre de la ville de Bangalore. Cette ville indienne possède en effet un fort héritage en termes d’agriculture urbaine.
Ce projet fait partie du programme de recherche Ecopronat, qui soutient des recherches sur une meilleure prise en compte et une plus grande intégration (mainstreaming) de la biodiversité dans des secteurs économiques-clés.
Objectifs
En s’appuyant sur le contexte de la ville de Bangalore, ce projet mené par l'IIHS explore comment et pourquoi les systèmes alimentaires urbains, dans les zones urbaines et péri-urbaines en développement rapide, peuvent être envisagés comme des solutions urbaines basées sur la nature qui apportent des avantages aux écosystèmes et à la société. Deux questions de recherche sont ainsi traitées :
- Quelle est la portée et les apports de l’agriculture urbaine pour les services écosystémiques (notamment de pollinisation) et le bien-être social (tel que la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour les populations les plus vulnérables) ?
- Comment mobiliser différentes combinaisons de coproduction, entre science, politique, pratique et citoyens, pour le passage à l’échelle des SFN autour des pratiques d’agriculture urbaine durable ?
Méthode
La méthodologie de recherche s’articule autour de trois grands ensembles d’études :
- Synthèse de la connaissance scientifique sur le potentiel des SFN et sur les pratiques existantes à différentes échelles, notamment dans un quartier choisi de Bangalore avec le déploiement d’interventions pilotes ;
- Incubation et renforcement des capacités : création d’un parcours d’incubation d’expérimentations sur les SFN liées à l’agriculture urbaine favorable aux pollinisateurs et à la conservation de l’eau, ainsi que le renforcement des capacités pour la formation de divers groupes de parties prenantes.
- Passage à l’échelle de l’impact à travers l’identification et l’engagement des parties prenantes, dont les responsables politiques et les décideurs au niveau de la ville, et ce dès le début du projet afin de garantir l’amplification de l’impact tout au long de celui-ci.
Résultats
Les résultats attendus de ces projets sont les suivants :
- Production de résultats académiques sur les systèmes alimentaires urbains durables dans les contextes des pays du Sud en urbanisation rapide, sur des expériences de SFN urbaines et leurs effets sur les services écosystémiques (notamment la pollinisation) ;
- Elaboration de produits de connaissances destinés aux décideurs urbains autour de l’intégration des SFN dans la planification urbaine ;
- Production de matériel de renforcement de capacités et d’enseignement sur les approches multidisciplinaires sur la durabilité urbaine.
Le projet permet également de tester des solutions fondées sur la nature visant à renforcer la résilience des systèmes alimentaires à Bangalore.
Un exemple de recherche-action : le projet PLUME
Accompagné par l’IIHS, le projet PLUME (Pollinator Linked Urban Multifunctional Ecosystems) développe des jardins à vocation alimentaire favorables aux pollinisateurs dans des espaces privés et publics, installe des infrastructures comme des hôtels à abeilles, et sensibilise les citoyens à l’importance de la biodiversité pour l’agriculture urbaine.
L’équipe du projet a notamment conçu un « kit PLUME », qui contient des graines d’espèces locales ainsi que le matériel adapté à leur semaison, et qui est complété par des outils pédagogiques et un site web.
En testant des solutions fondées sur la nature, PLUME constitue le volet de recherche-action des recherches menées par l’IIHS sur le verdissement des systèmes alimentaires urbains dans le cadre du programme de recherche Ecopronat. Il démontre comment des pratiques agricoles durables peuvent s’intégrer aux villes tout en renforçant la biodiversité et l’engagement citoyen à travers une logique de recherche-action.
Enseignements
L’équipe de recherche tend à montrer comment les solutions fondées sur la nature (SfN) peuvent répondre aux enjeux de sécurité de l'eau en ville dans le Sud global, un sujet encore peu traité dans la littérature scientifique qui reste centrée sur le Nord. À partir de discussions d’experts et d’une revue de littérature, ils identifient les spécificités de ces contextes (environnementales, socio-économiques, de gouvernance, de capacités techniques, etc.), ainsi que les obstacles et les opportunités pour mettre en œuvre ces solutions. L'objectif est de proposer des pistes concrètes pour faciliter l'adoption des SfN de façon plus efficace et plus juste dans les villes du Sud global.
Lire le papier de recherche
Les autres projets sur les SFN soutenus par ECOPRONAT
Élaborer un cadre stratégique pour les solutions fondées sur la nature en ville
En cours
2022 - 2024


Contexte
Les zones humides d’Ouganda comptent parmi les écosystèmes les plus productifs en termes de services écosystémiques d’Afrique de l’Est. Outre leurs fonctions écologiques, elles fournissent ainsi plus de 50% du revenu mensuel des populations qui en dépendent. Cependant, le taux de dégradation de ces zones humides est plus de 70 fois supérieur à leur taux de restauration. Artificialisation et croissance urbaine, habitat informel, activités agricoles, pollutions diverses ou extraction illégale de sable et d’argile : autant de causes qui contribuent à la dégradation de ces écosystèmes. De nombreux projets de restauration ont pourtant déjà été menés en Ouganda et l’ensemble des connaissances produites sur les zones humides du pays est important. Renforcer les liens entre la recherche et la mise en œuvre des politiques publiques apparaît donc essentiel pour faciliter et améliorer l’extension de la restauration durable des zones humides en Ouganda.
Ce projet fait partie du programme de recherche ECOPRONAT, qui soutient des recherches sur une meilleure prise en compte et une plus grande intégration (mainstreaming) de la biodiversité dans des secteurs économiques-clés.
Objectif
L’objectif de ce projet est, à partir de deux cas d’études, de faciliter et d’améliorer le passage à l’échelle de la restauration durable des zones humides en Ouganda par :
- L’identification des contraintes institutionnelles et socio-économiques pesant sur les projets de restauration, en s’appuyant notamment sur les résultats de recherche disponibles et les leçons tirées des expériences menées en Ouganda ;
- L’analyse des effets des projets de restauration sur les écosystèmes naturels et leur durabilité ;
- Le développement d’outils pour soutenir la prise de décision ;
- Le renforcement des capacités des acteurs clés dans la restauration et la gestion des zones humides.
L’IHE Delft Institute for Water Education, en partenariat avec l’université de Makerere, le ministère de l’Eau et de l’Environnement d’Ouganda et l’ONG NatureUganda, mobilise ses vingt ans d’expérience dans la recherche en Ouganda sur les zones humides pour répondre à ces enjeux.
Méthode
Ce projet s’appuie sur l’analyse de deux zones humides ougandaises – celles de Lubigi et Rufuha, l’une urbaine et l’autre rurale – et s’articule autour de plusieurs questions de recherche pour atteindre ses objectifs :
- Comprendre les enjeux liés aux zones humides et synthétiser les connaissances et pratiques de restauration ;
- Caractériser les institutions, la gouvernance et le processus de développement de la restauration des zones humides ;
- Analyser la participation des communautés locales à la restauration des zones humides et évaluer la contribution économique de ces écosystèmes aux revenus des ménages ;
- Evaluer l’impact de la restauration sur la biodiversité des zones humides et sur fourniture de services écosystémiques ;
- Développer et tester un cadre d’indicateurs pour le suivi de la restauration des zones humides et développer des outils pour la prise de décision.
Le renforcement de la capacité des agences de mise en œuvre pour la gestion de la restauration, notamment par la communication des résultats du projet aux acteurs publics, constitue également un axe clé de la méthodologie de ce projet.
Résultats
Ce processus de recherche doit donner lieu à la production de rapports d’analyse scientifique sur les contraintes et les enjeux liés aux projets de restauration des zones humides. Des notes politiques et des produits de connaissance autour du suivi, de l’évaluation et du déploiement de la restauration écologique des zones humides sont également attendus.
Un webinaire de la série "Conversations de recherche" organisé en septembre 2024 a permis de présenter et de discuter des résultats de recherche du projet.
Voir le replay : Restaurer les zones humides en Ouganda : une approche intégrée pour des solutions durables ?
Contact :
- Julien Calas, chargée de recherche à l'AFD