Mention légale UE (projet) La crainte que les programmes de transferts d'argent (ou subventions sociales) puissent décourager la participation au marché du travail est courante chez les décideurs politiques locaux et mondiaux, y compris en Afrique du Sud. Pour réfuter ou confirmer cette crainte, l’Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités, en collaboration avec la Development Policy Research Unit (DPRU) de l'Université de Cape Town (UCT), a analysé les impacts de la subvention Covid-19 sur la reprise du marché du travail et l'investissement dans l'activité productive en Afrique du Sud.
Contexte
En Afrique du Sud, le système de subventions sociales est relativement complet, bénéficiant directement à un individu sur trois, et donnant principalement des moyens d'action aux plus vulnérables tels que les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées issues de ménages pauvres. Malgré la progressivité de ce système, il reste un manque d'aide aux chômeurs, qui sont présumés pouvoir subvenir à leurs besoins par le biais du marché du travail (Ferguson, 2015). Cependant, une telle vision néglige la nature généralisée et structurelle du chômage en Afrique du Sud, où plus de 70 % des chômeurs le sont depuis plus d'un an.
Dans cette optique, l'expansion du système de subventions sociales du pays en réponse à la pandémie de Covid-19 a joué un rôle important pour combler ce manque. En marge du système, une subvention spéciale Covid-19 de 350 rands a été introduite pour soutenir ce groupe important d'adultes sans emploi, jusqu'alors non atteint. Avec l'un des taux de chômage officiels les plus élevés au monde (32,6 % au premier trimestre 2021), cette subvention a constitué une forme importante de soutien pour des millions d'adultes vulnérables et a été la première à utiliser un critère d'éligibilité explicite au marché du travail, pouvant être considéré comme un "transfert de vulnérabilité au marché du travail".
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l'Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités. Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension de la Facilité contribue à l’élaboration de politiques publiques visant la réduction des inégalités dans quatre pays : Afrique du Sud, Mexique, Colombie et Indonésie sur la période 2021-2025.
Objectif
Mené par l'équipe du DPRU de l'Université de Cape Town (UCT-DPRU), ce projet de recherche a étudié de façon quantitative si la subvention Covid-19 avait agi comme une source de relance du marché du travail, en conduisant à un investissement accru dans des activités productives sur le marché du travail.
Pour ce faire, la recherche visait à fournir une analyse descriptive détaillée et quantitative des transitions dans les résultats du marché du travail parmi les bénéficiaires de la subvention Covid-19 (en mesurant si les individus passaient d'activités vulnérables à des activités plus productives, par exemple), ainsi qu'une analyse de la corrélation entre la réception de la subvention et les résultats du marché du travail. Enfin, il s'agissait d'estimer les effets de causalité de la perception de subventions sur une série d'activités productives du marché du travail.
Méthode
L'analyse a exploité des données d'enquête représentatives recueillies pendant la pandémie en Afrique du Sud (provenant de la National Income Dynamics Study : Coronavirus Rapid Mobile Survey, NIDS-CRAM) pour répondre aux questions transversales et longitudinales suivantes sur le rôle de la subvention :
- Quelle est la relation corrélationnelle entre la réception de la subvention et le comportement de recherche d'emploi, la participation au marché du travail et la probabilité de trouver un emploi ?
- Quelle est la corrélation entre la réception de la subvention et la transition d'un état relativement improductif du marché du travail à un état plus productif au fil du temps ?
- Cette relation varie-t-elle selon les différents groupes et sous-groupes de bénéficiaires ?
Résultats
Vous trouverez ci-dessous le document de recherche lié à ce projet :
Contact
-
Anda DAVID
Économiste, coordinatrice scientifique de la Facilité UE-AFD de recherche sur les inégalités
Découvrir d'autres projets de recherche
L’Amérique latine est l’une des régions les plus inégalitaires au monde. Au sein de cette région, le Mexique concentre un des taux d’inégalités les plus élevés. Si les données officielles montrent une réduction de ce taux ces 25 dernières années, cette réduction semble plus qu’insignifiante. Par ailleurs, un débat public et académique sur une possible sous-estimation des inégalités économiques émerge dans ce pays.
Contexte
Au Mexique, plus de 40 % de la population vit en dessous du seuil officiel de pauvreté. Dans le même temps, le pays est caractérisé par une haute corrélation entre l’origine socioéconomique et la réussite, surtout aux extrêmes de l’échelle socioéconomique (Vélez-Grajales et al, 2014). Les données empiriques montrent ainsi qu’une fois la population divisée en quintiles, sur 100 personnes nées dans la tranche la plus basse, 48 y restent toute leur vie et 22 atteignent le quintile suivant. Ce sont donc 70 % de ceux qui sont nés dans le quintile le plus bas qui restent toute leur vie dans la pauvreté. Seuls 4 % d’entre eux parviendront à se hisser dans le quintile le plus élevé.
D’un autre côté, 52 % des individus nés dans le quintile le plus élevé y restent toute leur vie. Ils sont 28 % à descendre dans le deuxième quintile, ce qui signifie que 80 % des personnes nées dans les familles les plus riches restent dans les deux quintiles les plus élevés. Il faut également noter que seuls 2 % de ces individus se retrouveront dans le quintile le plus bas. La mobilité sociale est donc très limitée.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités, coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne sur la période 2017-2020. La première phase de la Facilité a permis la conduite de 22 projets de recherche et la publication d’une centaine de papiers de recherche et de policy briefs.
Objectifs
Comment les inégalités et la mobilité sociale sont-elles liées ? Est-il possible que les hauts niveaux de persistance socioéconomique (faible mobilité sociale) en termes d’origine déterminent en partie à la fois la perception et l’acceptation des inégalités économiques ? L’exemple mexicain, qui présente des disparités socioéconomiques régionales significatives, est un bon sujet d’analyse pour vérifier ces hypothèses. Par ailleurs, la littérature existante ne permet pas d’expliquer les mécanismes qui sous-tendent la relation négative observée.
Il reste de plus une question importante et pertinente à régler dans le cas mexicain : la perception qu’ont les citoyens des niveaux d’inégalités et de mobilité sociale. Les Mexicains pensent-ils vivre dans un pays d’opportunités égales et de réussite pour tous ? Les implications en termes de politiques devraient varier en fonction de la perception. Dans tous les cas, il est nécessaire d’obtenir plus d’informations pour comprendre les mécanismes qui expliquent les différences potentielles entre la réalité et les perceptions, tant au niveau national que local.
Méthode
Premièrement, la mobilité intergénérationnelle relative de chaque macro-région mexicaine pourra être estimée grâce à une méthode d’analyse multidimensionnelle. Plusieurs mesures des inégalités seront réalisées pour différentes périodes. Les chercheurs impliqués dans ce projet ont choisi cette approche, car il est possible que ce ne soit pas les inégalités économiques actuelles, mais d’origine qui influencent la mobilité sociale intergénérationnelle. Une fois la relation estimée, une discussion sur le mécanisme qui la sous-tend devra être développée. L’analyse empirique sera principalement basée sur l’étude « Encuesta ESRU de Movilidad Social en México 2017 » (Enquête ESRU sur la mobilité sociale au Mexique 2017).
Enfin, des travaux avec des groupes dans quatre villes aux niveaux de performance socioéconomique variés seront menés. Les chercheurs prévoient de faire des études de terrain dans au moins deux tranches de population différentes dans chacune de ces villes : une dans un groupe au niveau socioéconomique moyen-élevé et une dans un groupe au niveau socioéconomique moyen-faible. Ces travaux incluront une mesure des inégalités et de la mobilité sociale. De cette manière, les chercheurs comprendront mieux la relation entre les perceptions et les mesures objectives des variables étudiées.
Voir le pitch d'Alice Krozer, chercheuse au Colegio de México
Résultats
Les papiers de recherche et les policy briefs liés à ce projet sont disponibles en ligne (en anglais) :
Papiers de recherche :
- Social mobility in Mexico. What can we learn from its regional variation?
- Perceptions of inequality and social mobility in Mexico
Policy briefs :
- Wide regional differences in social mobility across Mexico
- Inaccurate public perceptions of inequality and social mobility in Mexico
Retrouvez la présentation du papier de recherche "Perceptions of inequality and social mobility in Mexico" par Aurora Ramirez Alvarez (Colégio de Mexico) lors du premier webinaire de la Facilité de recherche sur les Inégalités.
Contact
-
Anda DAVID
Économiste, coordinatrice scientifique de la Facilité UE-AFD de recherche sur les inégalités