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COP15 à Montréal en 2022
Les 196 membres de la Convention sur la diversité biologique ont adopté le 19 décembre l’accord de Kunming-Montréal pour tenter d’enrayer l’effondrement du vivant. Il contient 23 nouvelles cibles, sur lesquelles le groupe AFD s’est déjà engagé à s’aligner.

1Un accord historique

« Cet accord global est bon, mordant, mature, exigeant », s’enthousiasme Gilles Kleitz, directeur exécutif des Solutions de développement durable à l’Agence française de développement (AFD). Lundi 19 décembre, à la COP15 de Montréal, 195 États et l’Union européenne, tous membres de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies, ont adopté un accord historique pour prendre des mesures urgentes afin d’arrêter et d’inverser la perte de biodiversité d’ici 2030.

Exigeant, l’accord de Kunming-Montréal l’est assurément plus que celui d’Aichi, couvrant la période 2011-2020, dont la plupart des objectifs n’avaient pas été atteints faute notamment d’un suivi efficace. Ce nouveau cadre mondial pour la biodiversité contient une série de 23 objectifs plus ambitieux sur la protection des espaces naturels, leur restauration, la régulation des pesticides ou la finance publique et privée.


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« C’est une très bonne boîte à outils dont devront s’emparer les États, les entreprises et les collectivités. Le travail que l’AFD poursuit depuis plusieurs années sur l’interface entre finance et biodiversité a porté ses fruits. Cet accord nous donne des moyens beaucoup plus forts pour travailler au verdissement réel et robuste du secteur financier », observe Gilles Kleitz.
 

2La préservation de 30 % de la planète est actée

Le nouvel accord acte l’objectif de protéger « au moins 30 % des zones terrestres, maritimes, côtières et des eaux intérieures » d’ici 2030, par le biais d’aires protégées ou d’autres mesures efficaces et ciblées de conservation – seuls 17 % des terres et 10 % des océans sont aujourd’hui couverts par une aire protégée. Au passage, il souligne la reconnaissance et le respect des droits des peuples autochtones et des communautés locales sur leurs territoires traditionnels.

Une réelle avancée pour l’AFD, qui a rappelé à la COP15 l’importance d’obtenir un accord ambitieux sur la conservation de la nature. « Il s’agit presque d’un doublement de l’ambition par rapport aux objectifs d’Aichi, note Gilles Kleitz. En revanche, on peut regretter qu’il s’agisse d’une cible globale et non nationale. Il faudra un engagement politique des pays pour l’atteindre. »


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Le groupe AFD accompagne déjà des centaines de projets qui protègent la biodiversité. À la COP15, il a officialisé le lancement de la deuxième phase du programme TerrIndigena, afin de l’étendre au Brésil et au Pérou. Au total, plus de 50 millions d'hectares situés dans la forêt amazonienne seront préservés avec l’aide de plus de 60 organisations indigènes, de la cordillère des Andes à l’océan Atlantique.
 

3La protection de la biodiversité va devenir mainstream

« Les cibles en termes de mainstreaming sont très bonnes », juge Odile Conchou, conseillère Biodiversité et finance à l’AFD. L’accord de Kunming-Montréal entérine pour la première fois « la pleine intégration de la biodiversité et de ses multiples valeurs dans les politiques, les réglementations, les processus de planification et de développement […] à tous les niveaux de gouvernement et dans tous les secteurs. » Objectif : aligner progressivement toutes les activités publiques et privées pertinentes sur les objectifs du cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal.

Pour y parvenir, les signataires se sont engagés à prendre des mesures visant à encourager et permettre aux entreprises d’évaluer et divulguer de manière régulière et transparente leurs risques, leurs dépendances et leurs impacts sur la biodiversité. Et fournir, en parallèle, les informations nécessaires aux consommateurs pour promouvoir des modes de consommation durables.


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L’AFD plaidait depuis plusieurs années en faveur d’un tel mainstreaming, complément indispensable au financement de la protection et de la conservation des aires protégées. Avant la COP15, elle a notamment engagé un effort sans précédent d’intégration de la biodiversité à l’ensemble de ses activités dans tous les secteurs.
 

4Le soutien aux pays en développement est augmenté

Le soutien financier des pays riches vers ceux en développement va doubler d’ici à 2025 et tripler au plus tard en 2030, pour atteindre au moins 20 milliards de dollars (18,8 milliards d’euros) par an, puis 30 milliards de dollars (28,2 milliards d’euros). Cette mesure vise à leur donner les moyens de « mettre en œuvre les stratégies et les plans d'action nationaux en matière de biodiversité ».

« C’est un objectif ambitieux mais qui semble atteignable », estime Odile Conchou. L’Agence française de développement œuvre depuis plusieurs dizaines d’années pour une meilleure protection de la biodiversité dans les pays à faible revenu. En 2020, elle s’est engagée à doubler sa finance positive pour la nature pour atteindre 1 milliard d’euros d’ici 2025. Ces financements s’élevaient à 591 millions d’euros en 2021 et devraient dépasser 700 millions en 2022.

Pour Rémy Rioux, directeur général de l’AFD, « les banques publiques de développement peuvent être un élément clé de la solution. Ensemble, elles représentent chaque année 15 % de l'investissement mondial, avec un potentiel unique pour tirer parti du secteur privé et favoriser l’alignement de tous les flux financiers grâce à des méthodologies et des critères communs. »

 

En novembre, l'International Development Finance Club (IDFC), qui réunit 27 banques de développement nationales et régionales, s’est engagé à mobiliser 100 milliards de dollars (94 milliards d’euros) d’ici 2027 en faveur de la biodiversité. Il a également développé une boîte à outils permettant d’accompagner ses membres et les institutions financières sur l’intégration de la biodiversité dans leurs stratégies et opérations.
 

5Le cadre d’application reste à construire

De nombreux acteurs avaient appelé avant la COP15 à trouver un accord aussi ambitieux pour la biodiversité que l’Accord de Paris sur le climat. « On reste dans un accord moins robuste que l’Accord de Paris en matière d’obligation des parties signataires », analyse Gilles Kleitz. Malgré une procédure de révision des objectifs, son cadre d’application reste en effet très ouvert.

« Il faudra donc qu’il y ait des coalitions fortes composées d’acteurs très volontaires. L’AFD en est un », précise le directeur exécutif des Solutions de développement durable de l’AFD. « Pour nous, il s’agit de maintenir la mobilisation sur ces questions, notamment auprès des acteurs du développement : opter pour des infrastructures vertes quand c’est possible, des solutions fondées sur la nature… Les banques de développement doivent devenir proactives sur le sujet. »

Pour l’AFD, il s’agit aussi de continuer à innover. « Nous avons anticipé un certain nombre d’avancées de cette COP, sur l’alignement des flux financiers, l’intégration de la biodiversité à la lutte contre le changement climatique, le mainstreaming, la prise en compte du risque financier lié à la nature, poursuit Gilles Kleitz. Cet accord contient ce qu’il faut pour atteindre la vision 2050, à savoir vivre en harmonie avec la nature. Nous devons continuer à tenir cette position de pointe et d’entraînement. »