Les financements de l’AFD ne bénéficient pas encore suffisamment aux organisations de la société civile (OSC) des territoires ultramarins. Comment l’expliquer ?
Comme énoncé dans sa stratégie Trois Océans, l’ambition de l’AFD est forte pour développer ses activités dans les territoires ultramarins. Or, malgré un tissu associatif foisonnant et très engagé dans les Outre-Mer, les associations ultramarines sollicitent peu les financements disponibles pour mener leurs actions de coopération régionale. Cela s’explique probablement d'une part par un manque de visibilité des financements AFD et d’autre part par des critères de financements peu adaptés aux profils et aux programmes des associations.
En effet, bien qu’éligibles en tant qu’OSC françaises, peu d’associations ultramarines répondent aux critères d’éligibilité de l’AFD pour être sélectionnées : trois ans d’ancienneté, des activités de solidarité internationale ou d’Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (ECSI) inscrites dans les objectifs de l’association, une capacité financière à porter des projets supérieure à 500 000 euros, des critères de gouvernance, de transparence… À cela s’ajoutent d’autres obstacles comme les capacités et les moyens des organisations en termes de ressources humaines et d’ingénierie de projet pour monter des projets d’envergure dans leur région d’influence, ou encore les difficultés pour mobiliser des cofinancements en dehors de l’État et des collectivités territoriales.
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Quelles solutions peut-on envisager pour cibler cette géographie via les acteurs de la solidarité internationale ?
Sur la base de ces constats, l’AFD a souhaité soutenir le nouveau programme pilote Coréom (Coopérations régionales ultramarines), porté par l’association La Guilde et dédié aux associations ultramarines dans cinq territoires (Martinique, Mayotte, Guadeloupe, Guyane, La Réunion). Coréom prévoit d’appuyer des projets de petite et moyenne taille sur la solidarité internationale à l’échelle régionale grâce à des financements redistributifs d’une part, et de mettre en place des dispositifs de renforcement de compétences, ainsi qu’un accompagnement pour la mise en réseau et le partage d’expérience entre les associations d’autre part.
Divers acteurs sont associés à ce programme :
- La Fondation de France, qui apporte des moyens permettant notamment d’amplifier les actions de terrain en territoire français, où les financements de l’AFD sont restreints à la structuration du milieu associatif et aux activités d’Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale.
- Des organisations dans les territoires, comme le réseau régional multi-acteurs Karib Horizon, la Conférence interrégionale des réseaux régionaux multi-acteurs (Cirrma) et ses antennes locales ou Unite Caribbean, spécialisées dans l’appui aux actions de coopération régionale localement. Ces structures sont en lien avec les acteurs locaux et mettent en œuvre les activités de mise en réseau et d’appui de proximité.
Cette approche garantit la bonne articulation et la complémentarité du programme avec les initiatives de coopération régionale existantes sur chaque territoire (région, département, collectivités, etc.).
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Quelles sont les perspectives en termes d’approche et d’intégration régionale ?
Le programme soutiendra des projets conjuguant des actions menées sur le territoire ultramarin avec des actions en faveur des territoires internationaux voisins, ce qui permettra d’améliorer le développement de l’ensemble de la région et contribuera à l’engagement français de réduire les facteurs sous-jacents des inégalités dans le monde.
Les actions de terrain concerneront des thématiques comme l’adaptation au changement climatique, la prévention des risques de catastrophes, la biodiversité, les inégalités (de genre notamment), les migrations ou encore l’entrepreunariat social qui sont des enjeux majeurs dans les territoires ultramarins et leur région.
L’appel à projets Coréom est ouvert jusqu’au 10 octobre