• logo linkedin
  • logo email
eau RDC Congo Afrique AFD acces
Le Sénégal accueille à Dakar, du 21 au 26 mars, le 9e Forum mondial de l’eau. Pour Céline Robert, responsable de la division Eau et assainissement du groupe AFD, l'événement doit permettre de remobiliser la communauté internationale sur les nombreux enjeux qui y sont liés.
Céline Robert carréLe Forum mondial de l’eau de Dakar aura pour thème « La sécurité de l’eau ». Pourquoi ce sujet est-il central aujourd’hui ?

Il s’agit de rappeler une évidence : l’eau est au cœur des équilibres des écosystèmes et des sociétés. Elle est un facteur essentiel pour la biodiversité, la sécurité alimentaire, la santé, la dignité humaine ou encore la paix. La sécurité de l’eau, c’est la capacité à garantir la disponibilité de cette ressource, en quantité et en qualité acceptables, aussi bien pour les usages humains, comme l’agriculture, l’industrie, l’eau potable, que pour les besoins des milieux et des écosystèmes.

Or cette ressource est largement menacée par des prélèvements trop importants ou par les pollutions : 80 % des eaux usées sont aujourd’hui rejetées sans traitement dans la nature. Il n’est pas étonnant, dans ce contexte, de constater une baisse de 84 % du nombre d’espèces animales d’eau douce depuis les années 1970. Le réchauffement climatique accentue et accentuera ces tensions. On dit souvent que l’eau est sa première victime, elle est quoi qu’il en soit un vecteur important de tensions. Des températures plus élevées accéléreront encore le cycle de l’eau, augmentant l’intensité et la fréquence des événements extrêmes comme les inondations et les sécheresses. Elles augmenteront également la prolifération des bactéries, dans un contexte où l’accès à l’eau potable et à une hygiène adéquate n'est pas garanti. Tout ce que nous ferons pour protéger la ressource nous permettra d’être plus résilients.

Car l’accès à l’eau, ce droit fondamental humain reconnu par les Nations unies, est encore loin d’être assuré partout dans le monde : un quart de l’humanité n’a pas accès à un service d’eau en quantité suffisante, en qualité suffisante et à domicile. Pour l’assainissement, c’est encore pire : près de la moitié de la population mondiale n’a pas accès à un service de qualité. Dans certaines capitales, aucune station d’épuration n’est installée. Cela n’est pas sans conséquences sanitaires, sociales, économiques et environnementales.

Que peut-on attendre de ce Forum mondial de l’eau ?

Nous en attendons une remobilisation de la communauté internationale sur ces enjeux liés à l’eau et à l’assainissement. Aujourd’hui nous ne sommes pas du tout sur le bon rythme d’amélioration : l’ONU estime qu’il faudrait aller quatre fois plus vite pour atteindre l’Objectif de développement durable n°6 [Garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de manière durable] d’ici 2030. Ce sujet doit remonter parmi les priorités des États.

Le Forum mondial de l’eau est le principal événement international sur les questions d’eau douce, à défaut d’une convention ou d’une institution dédiée aux Nations unies. Il est organisé tous les trois ans depuis 1997 et cette édition est la première à avoir lieu en Afrique subsaharienne, là où les enjeux liés à l’eau sont les plus importants. Il sera aussi une étape avant la Conférence des Nations unies sur l’eau prévue en 2023, une première depuis 1977 !


Lire aussi : Forum mondial de l'eau : l’action du groupe AFD en 12 projets labellisés « Initiative Dakar 2022 »


Le groupe AFD y portera des messages sur l’amélioration de la gouvernance de la ressource en eau, y compris transfrontalière, et sur l’intérêt des solutions fondées sur la nature. Il mettra également en avant le besoin de financement et le rôle que peuvent jouer les banques publiques de développement. Il rappellera aussi son engagement continu en Afrique sur ces questions. Nous devons montrer que des réponses sont apportées à ces problèmes. La situation dans laquelle nous nous trouvons n’est pas une fatalité. Les solutions existent mais il faut que le sujet soit pris à bras-le-corps.

Quelles solutions le groupe AFD soutient-il ?

L’eau est pour nous un secteur historique d’intervention. En 2021, le groupe AFD a engagé environ 1 milliard d’euros sur ce sujet, dont 160 millions en subventions [lire le Bilan d'activité Eau et assainissement 2021]. Près de 300 projets sont actuellement mis en œuvre dans le monde en lien avec l’eau. Ils ont bénéficié à 4 millions de personnes l’an dernier. Nos priorités sont multiples : développer l’accès aux services, accompagner les réformes de gouvernance et améliorer la résilience écologique.

En 2021, nous avons par exemple officialisé un prêt de 80 millions d’euros au gouvernement irakien pour la construction de 200 km de réseau d’assainissement et d’une station d’épuration au nord-ouest de Bagdad. Près de 110 000 habitants sont concernés. À Djibouti, nous finançons une assistance technique auprès de l’Office national de l’eau et de l’assainissement, afin d’aider cet opérateur à améliorer plusieurs fonctions essentielles comme la gestion du réseau, l’entretien et la relation client. Une subvention de 6 millions d’euros du groupe AFD va également permettre la réalisation d’un projet de protection des ressources en eau et d’amélioration de la recharge de nappes phréatiques au Sénégal, à travers des solutions fondées sur la nature. Près de 60 000 maraîchers (dont la moitié sont des femmes) seront ainsi formés à un meilleur usage de l’eau.


Lire aussi : Notre dossier spécial à l'occasion du Forum mondial de l'eau