Dans le Pacifique, la restauration au service des habitants
Les îles du Pacifique Sud sont particulièrement dépendantes de leurs écosystèmes terrestres et marins, dont elles tirent une bonne partie de leurs ressources vivrières et économiques. Or les effets du changement climatique (tempêtes, inondations, montée du niveau des eaux…), conjugués aux pressions sur l’environnement liées aux activités humaines, entraînent une forte dégradation des milieux naturels, avec d’importantes conséquences sociales et économiques.
En soutenant le programme Resccue (Restauration des services écosystémiques et d’adaptation au changement climatique) à hauteur de 8,5 millions d’euros, sous forme de subvention, l’AFD et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) ont voulu à la fois renforcer la préservation des écosystèmes locaux et accroître la résilience de ces petits États et territoires insulaires.
Entre 2014 et 2019, sept sites pilotes répartis entre les Fidji, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et le Vanuatu ont été concernés par ce projet coordonné par la Communauté du Pacifique. Chacun a développé des activités en lien avec son écosystème : lutte contre les espèces invasives, pêche raisonnée, reforestation, tourisme durable…
Aux Fidji, une réserve marine de 110 km² a ainsi vu le jour pour protéger la plus vaste zone de récifs coralliens et d’écosystèmes marins du pays. Dans la province de Ra, toujours aux Fidji, 100 000 semis ont été plantés pour restaurer les mangroves du littoral, contribuant à protéger près de 5 000 habitants face aux cyclones. « En Nouvelle-Calédonie, le programme Resccue a permis d’établir un diagnostic des besoins en financement de 13 zones côtières et terrestres protégées, afin de leur donner les moyens de leurs ambitions », ajoute Catherine Lecouffe, responsable d’équipe projet Océan à l’AFD.
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Au Togo, une nouvelle décharge pour des océans plus « clean »
On estime que 10 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans les océans chaque année. Ils y restent ensuite des dizaines, voire des centaines d’années – une bouteille en plastique met 400 ans pour se dégrader en moyenne –, assez en tout cas pour empoisonner ou emprisonner plus de 100 000 mammifères marins chaque année.
Pour lutter contre ce fléau, l’AFD, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la KfW (l’équivalent allemand de l’AFD) ont lancé à l’automne 2018 l’initiative Clean Oceans. Son but ? Encourager les projets visant à éviter que les pollutions produites sur terre n’atteignent la mer.
L’un d’entre eux consiste à améliorer le système de collecte des déchets à Lomé, au Togo. « Plusieurs initiatives sont menées de front : sensibiliser la population au recyclage et au compostage, augmenter les points d’apports volontaires de déchets, former les agents en charge de leur collecte et de leur gestion, et acquérir de nouveaux équipements », indique Catherine Lecouffe.
La capitale du Togo, aux 1,4 million d’habitants, s’appuie déjà sur une nouvelle décharge capable de traiter 250 000 tonnes de déchets par an, adossée à un nouvel espace de tri, tous deux aménagés durant la dernière décennie avec le soutien de l’AFD. Une autre décharge a également été rénovée afin de réduire son impact environnemental. Un projet qui a d’ores et déjà permis de réduire la quantité de déchets plastiques jetés dans les rues et atteignant l’océan Atlantique via les canaux d’évacuation.
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Au Maroc, la pêche aux meilleures pratiques
La pêche est un secteur incontournable au Maroc : elle est une source importante de protéines pour la population, génère 600 000 emplois directs et indirects et contribue à hauteur de 2 % au PIB.
Afin de mieux valoriser la production de la pêche artisanale et côtière, l’Agence française de développement a appuyé en 2009, sous la forme d’un prêt de 27 millions d’euros et d’une subvention d’un million d’euros, un programme de mise à niveau des équipements de l’Office national des pêches (ONP), l’entreprise publique en charge de la commercialisation des produits de ce secteur au Maroc.
Concrètement, la construction de trois halles à marée, à Larache, Mehdia et Tanger, ont permis de renforcer la qualité des produits de la pêche, d’augmenter la part de produits vendus, et ainsi de réduire les pertes post-capture. Environ 18 000 pêcheurs et mareyeurs ont pu directement bénéficier de ces investissements. Depuis 2008, la valeur moyenne des produits à la première vente dans ces trois nouvelles halles a augmenté de 43 %.
Résultat : la situation économique des marins s’est largement améliorée, avec une augmentation globale du chiffre d’affaires pour la filière côtière et artisanale de 75 %. En parallèle de ces actions, la stratégie Halieutis a soutenu l’amélioration de la durabilité de la gestion de la ressource. Le ministère marocain en charge de la pêche maritime estime que 96 % des débarquements étaient gérés de manière durable en 2018, contre 5 % en 2007.
En Mauritanie, un fonds pour préserver la biodiversité marine et côtière
Environ 90 % des réserves et parcs naturels dans le monde sont soumis à des activités humaines incompatibles avec leurs principes de préservation, en raison d’un manque de moyens permettant de contrôler ces zones.
Jusqu’à récemment, le Parc national Banc d’Arguin (PNBA), l’une des plus vastes espaces protégés d’Afrique, situé en Mauritanie, ne faisait pas exception. Doté d’un patrimoine naturel exceptionnel, et affichant de fortes ambitions en matière de préservation, il avait du mal à faire face aux menaces extérieures : surpêche, exploration pétrolière, construction d’une mine d’or, étalement urbain…
L’AFD et le FFEM ont été parmi les premiers contributeurs du fonds fiduciaire BACoMaB créé en 2009. « Le capital placé dans ce fonds par les différents acteurs est investi sur les marchés financiers éthiques et socialement responsables et génère des intérêts utilisés par la suite pour financer la protection de la biodiversité dans les réserves marines et côtières de Mauritanie », explique Catherine Lecouffe.
Ces moyens ont notamment permis aux agents en charge de la lutte contre la pêche illégale sur le PNBA de passer près de 3 000 heures en mer et d’intercepter de nombreuses pirogues à moteur, interdites au sein du parc. Mais aussi au comité scientifique de se réunir régulièrement pour surveiller les risques de pollution marine et l’évolution des stocks de poissons. Les intérêts des habitants sur des sujets tels que la pêche, la gestion des déchets et l’accès aux services de base sont également mieux pris en compte.
Pour aller plus loin : Tout savoir sur l'initiative Clean Oceans