Brochure témoignages Afrique
Le Nouveau Sommet Afrique-France d'octobre 2021 a été l’occasion de mettre en lumière des secteurs dans lesquels les jeunes sont au premier plan : entrepreneuriat et innovation, sport, industries culturelles et créatives. Le groupe AFD a souhaité porter la voix de partenaires et de bénéficiaires locaux impliqués dans ces secteurs en réunissant les témoignages de 16 jeunes entrepreneurs qu'il soutient – voici trois d'entre eux.

Seynabou Dieng, fondatrice de l’entreprise Maya - Mali

 

Seynabou Dieng
 Seynabou Dieng © AFD

 

Lorsque Seynabou Dieng revient au Mali en 2015 après dix ans d’études à l’étranger, elle engage Maya, une jeune cuisinière venue travailler dans la capitale pour subvenir aux besoins de sa famille. En faisant leur marché, les deux femmes constatent que les légumes et aromates frais sont jetés en fin de journée, faute de moyen de conservation. Seynabou prend alors une décision : elle achètera ces invendus pour en faire des produits d’épicerie naturels prêts à l’emploi : jus de baobab instantané, sauce caramel au miel, bouillon de légumes… Elle luttera ainsi contre le gaspillage alimentaire et valorisera la production locale. Son entreprise s’appellera Maya, en hommage à sa cuisinière, qui lui a transmis son savoir-faire. 

« Avec mon entreprise Maya, nous avons développé un modèle inclusif, grâce à une importante participation des petits producteurs locaux », explique Seynabou Dieng. Maya s’approvisionne en effet auprès des coopératives locales et leur propose des formations et des conditions d’achat favorables. Au total, l’entreprise a eu un impact sur 11 coopératives et 3 000 agriculteurs, et a permis de former 250 producteurs.

« Notre vision est d'offrir aux consommateurs africains des produits issus de leur terroir et ayant un impact positif sur les économies du continent. Pour cela, nous visons le marché africain et sommes présents au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire », poursuit Seynabou. Maya a notamment reçu l’appui du Hub IIT (financé par le groupe AFD), une équipe d’experts ingénieurs et techniciens qui accompagne les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) de la transformation agroalimentaire au Sahel.

« Le groupe AFD a été un facilitateur d’opportunités pour moi. J’ai d’abord bénéficié du Social Inclusive Business Camp, qui m’a immédiatement permis d’attirer un investissement privé de 15 000 euros. » Grâce à ses connaissances renforcées sur les outils de financement, Seynabou a réussi à construire un réseau d’entrepreneurs africains, qui l’ont accompagnée lorsqu’elle a développé ses activités au Burkina Faso. « En novembre 2019, j’ai participé au Bootcamp à Marseille, et j’y ai fait une rencontre qui m’a permis de lever 70 000 euros. Cette année, je retourne à Marseille, mais cette fois-ci en tant que mentor, pour partager mon expérience. »


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Sandy Alibo, fondatrice du collectif Surf Ghana - Ghana

 

Sandy Alibo
Sandy Alibo © Nana Kwadwo Agyei Addo

 

Après une expérience professionnelle dans le sponsoring des sports de glisse en France, lorsque Sandy s’installe à Accra, la capitale du Ghana, elle se rapproche naturellement de la communauté surf et skate, toute petite et invisible à ce moment-là. Elle crée une page Instagram (@surfghana) pour faire le lien entre les amateurs de glisse et, lorsqu’elle se rend compte qu’une multitude de Ghanéens sont attirés par ces sports mais ne se sentent pas « légitimes » à les pratiquer, elle crée une ONG, Surf Ghana, en 2016. Son objectif est de valoriser la présence africaine dans les sports de glisse. Quatre ans plus tard déjà, Surf Ghana a réussi à multiplier par cinq ou six le nombre de pratiquants.

Surf Ghana est un collectif, une « seconde famille » pour certains membres, qui favorise leur intégration sociale par le skate. Des jeunes parfois déscolarisés ou sans emploi sont formés à l’ensemble des métiers de l’industrie du skate et du surf : organisation d’événements, coaching, réalisation de vidéos ou menuiserie de planches. L’ONG est aussi orientée vers l’émancipation des femmes, avec un « Skate Gal Club » réservé aux filles. 

Pour aller encore plus loin et offrir une infrastructure pérenne aux skateurs, Surf Ghana a décidé de lancer à Accra la création d’un skatepark, le tout premier au Ghana. Baptisé Freedom Skatepark, il a été inauguré en décembre 2021. Les revenus issus de ses activités (cours privés, skateshop…) permettront de financer les emplois. Le skatepark sera aussi une source d’opportunités pour les jeunes talents sportifs, avec l’espoir d’être sponsorisés ou de participer à des compétitions. Les jeunes géreront le Freedom Skatepark d’Accra en toute autonomie. 

« Il y a quelques années, je pense que le groupe AFD n’aurait pas envisagé de financer la construction d’un skatepark. En étant à notre écoute, et en voyant le projet grandir, l'AFD a fini par être convaincue… » Via son programme Sport en Commun, l’AFD a également créé une passerelle avec d’autres acteurs du sport. « Nous avons pu échanger avec les plus grandes organisations internationales dans les sports extrêmes, ou encore le Comité international olympique, sur l’avenir des sports de glisse en Afrique, ou sur l’entrée du skateboard aux Jeux olympiques. Ces conversations concernent un avenir proche, notamment avec les JO de la jeunesse qui seront organisés à Dakar en 2026. »


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Grace Banda, directrice exécutive du Barefeet Theater - Zambie

 

Grace Banda
Grace Banda © AFD

 

« Nous avons vocation à donner une chance à cette jeunesse brisée, issue de milieux défavorisés, à l’aider à construire un avenir meilleur. » Pour Grace Banda, qui dirige le Barefeet Theater, le théâtre est un puissant instrument d’intervention donnant la possibilité aux jeunes en difficulté d’emprunter une nouvelle voie. Fondée en 2006 par un groupe d’artistes zambiens, dont beaucoup avaient grandi dans la rue, cette organisation culturelle et sociale accueille et accompagne les enfants vulnérables de Lusaka. Par le biais d'ateliers de théâtre, les éducateurs parviennent à atteindre un grand nombre d’enfants des rues pour leur offrir non seulement un moyen d’expression et d’apprentissage très fort, mais aussi des possibilités d’hébergement – le Barefeet Theater travaille avec plus de 40 centres pour enfants à Lusaka et dans cinq autres provinces de Zambie.

L’action du Barefeet Theatre repose sur plusieurs programmes, parmi lesquels :

  • « Programme Outreach » : les agents de proximité du Barefeet Theatre entrent en contact direct avec les enfants vulnérables pour les encourager à participer aux ateliers et aux stages, premiers pas vers un avenir meilleur.
  • « Interventions » : à travers des interventions d'urgence, des séjours de réhabilitation ou des rencontres régulières, le Barefeet Theatre propose aux enfants vulnérables un lieu sûr où apprendre et grandir.
  • « Performance Company » : les jeunes ont également la possibilité de contribuer au travail d’aide aux populations locales, à travers des spectacles. Une fois les artistes rémunérés, l’ensemble des recettes tirées des spectacles est en effet investi dans des actions d’aide sociale.
  • « Festival des arts de la jeunesse » : grâce à ce festival annuel qui prend de plus en plus d’ampleur – il est devenu l’un des plus grands festivals artistiques de Zambie – les enfants peuvent faire entendre leurs voix et partager leurs idées avec le public zambien et le gouvernement.

« Dans le cadre de notre partenariat avec le groupe AFD, nous avions pour objectif de former 30 personnes aux arts musicaux. Nous avons finalement dépassé ces objectifs », précise Grace Banda. Le Barefeet Theatre a également eu l’opportunité de s’associer à Samba Résille, un centre d’initiatives culturelles et citoyennes basé à Toulouse : « Cela nous a permis d'apprendre les uns des autres à travers un véritable échange culturel et humain. »


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