
Contexte
Le secteur privé accueillait 13 % des étudiants du supérieur au Vietnam et 60 % en Inde, en 2015. Pour autant que ces chiffres soient fiables — une partie, variable selon les pays, de l’enseignement supérieur privé n’est en effet pas enregistrée —, ils indiquent l’importance prise par le secteur privé à ce niveau de formation. Au Pérou et au Mexique, presque 7 universités sur 10 sont privées. Le développement du secteur privé semble avoir en partie participé d’un mouvement de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur des quinze dernières années. Mais ce mouvement n’est pas forcément synonyme de réduction des inégalités d’accès ou d’égalisation des conditions de réussite académique. Par exemple, au Mexique, 1 % seulement des 15-24 ans du quintile le plus pauvre poursuivent leurs études dans le supérieur contre 32 % dans le quintile le plus riche.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités, coordonnée par l’AFD et financée par la Direction Générale des Partenariats Internationaux de la Commission européenne sur la période 2017-2020. La première phase de la Facilité a permis la conduite de 22 projets de recherche et la publication d’une centaine de papiers de recherche et de policy briefs.
Objectif
Dans ce programme de recherche, les objectifs sont :
- de caractériser l’évolution de l’enseignement supérieur, public comme privé ;
- d’identifier dans quelle mesure et comment les politiques publiques prennent en considération les inégalités (et lesquelles) dans l’enseignement supérieur ;
- d’identifier dans quelle mesure et comment ces politiques publiques prennent en compte l’essor et/ou la consolidation du secteur privé d’enseignement supérieur, ainsi que son rôle dans la réduction ou l’accroissement des inégalités à ce niveau ;
- de discerner si les acteurs du secteur privé d’enseignement supérieur inscrivent la lutte contre les inégalités dans leurs objectifs et, le cas échéant, pourquoi et comment.
Méthode
Ce programme de recherche pluridisciplinaire (sociologie, économie, démographie, sciences de l’éducation) a pour originalité de conduire des analyses de données de différentes sources et de différents types dans un échantillon raisonné de pays dits en développement ou émergents : Inde et Vietnam pour l’Asie, Mexique et Pérou pour l’Amérique latine, Sénégal, Mali et République démocratique du Congo pour l’Afrique.
Ce travail facilitera la constitution d’un réseau international de recherche sur la thématique de l’enseignement supérieur et des inégalités. Les pays ont été retenus en raison des différents degrés de développement de leur système d’enseignement supérieur, public et privé, et du mode de structuration de cet enseignement (coexistence entre public et privé, porosité entre les deux secteurs, concurrence…). Ils diffèrent également par leur structuration sociale (développement inégal des classes moyennes notamment). L’étude sera comparative entre ces régions et pays : les matériaux collectés dans les différents pays seront de même nature et seront analysés selon les mêmes démarches méthodologiques.
Résultats
Ces recherches donneront lieu à des conférences et séminaires, un ouvrage collectif, des documents-pays, des policy briefs, et des articles de recherche. Les résultats attendus sont :
- l’élaboration d’une typologie de l’offre publique et privée actuelle de l’enseignement supérieur dans les pays retenus ;
- l’élaboration d’un cadre conceptuel et de typologies sur les inégalités et l’enseignement supérieur privé ;
- l’identification, dans les différents pays, des politiques ayant eu pour objectif d’œuvrer, au cours des quinze dernières années à la réduction des inégalités dans l’enseignement supérieur ;
- l’analyse qualitative des critères d’accès à l’enseignement supérieur, public ou privé, pour les différentes catégories d’étudiants ou de populations concernées, les conditions d’étude, les processus de certification des titres scolaires, etc.
- l’identification des facteurs de production des inégalités dans l’enseignement supérieur, et des indicateurs éventuellement utilisés pour les mesurer et corriger.
Vous trouverez ci-dessous les différents papiers de recherche liés à ce projet :
- Inégalités et enseignement supérieur : entre politiques publiques et développement du secteur privé en Argentine
- Universités privées au Mexique: entre reproduction, production et réduction des inégalités
- Le paradoxe de l'enseignement supérieur privé au Sénégal: réduire les inégalités tout en les maintenant
- Des inégalités éducatives à la mise en question de l'opposition public/privé dans l'enseignement supérieur congolais, un défi documentaire et conceptuel
- Enseignement supérieur au Vietnam: privatisation, démocratisation et inégalités
- Complexité et inégalités de l'offre universitaire privée au Pérou. Regard sur la diversité sociodémographique des étudiants et des conditions d'insertion professionnelle des diplômés d'universités privées
- L'expansion de l'enseignement supérieur privé et le creusement des inégalités sociales
- Enseignement supérieur et inégalités sociales en Inde
Contact :
- Linda Zanfini, chargée de recherche à l'AFD
- Rohen d’Aiglepierre, chargé de recherche à l'AFD
- Étienne Gérard, directeur de recherche à l’IRD et directeur du Ceped (depuis 2014)
En savoir plus

Contexte
Au cours des dernières décennies, le niveau d’extrême pauvreté a considérablement baissé dans le monde entier, notamment grâce à la croissance économique des économies émergentes. Malgré cette croissance économique, le revenu des plus pauvres n’augmente pas. Dans le monde en développement, huit personnes sur dix vivent dans des pays où le revenu des 40 % les plus pauvres croit plus lentement que le reste de l’économie (Hoy & Samman, 2015) et sept personnes sur dix vivent dans un pays où les inégalités ont augmenté ces 30 dernières années.
Pour ce qui est de l’Amérique latine et des Caraïbes, même si la région a réussi ces dix dernières années à réduire grandement l’extrême pauvreté, les inégalités de richesses et de salaires sont encore criantes et néfastes pour la croissance durable et l’inclusion sociale.
L’Afrique de l’Ouest possède quant à elle la plus grande croissance économique moyenne de toutes les régions africaines, avec 6,2 % entre 2010 et 2014, comparé à 4,4 % pour l’Afrique durant la même période. Toutefois, d’aucuns craignent de plus en plus que les bénéfices de cette impressionnante croissance ne soient ni inclusifs ni partagés équitablement.
Ainsi, la présence d'inégalités de revenus obstinément élevés en même temps qu’une croissance économique soutenue pose encore des questions.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités, coordonnée par l’AFD et financée par la Direction Générale des Partenariats Internationaux de la Commission européenne sur la période 2017-2020. La première phase de la Facilité a permis la conduite de 22 projets de recherche et la publication d’une centaine de papiers de recherche et de policy briefs.
Objectif
Même si nous savons que des sociétés moins inégales sont souhaitables étant donné leurs conséquences positives du point de vue politique, social et économique, reste à savoir comment comprendre et s’attaquer aux inégalités via une perspective multidimensionnelle. Pour contribuer à cette discussion mondiale sur les inégalités, Oxfam, l’Institut international des inégalités de la London School of Economics et l’École des études africaines et orientales de l’Université de Londres, unissent leurs forces pour développer un cadre conceptuel de mesure des inégalités. L’objectif du cadre est de fournir aux analystes et aux professionnels des moyens fondés sur la théorie pour mieux comprendre la nature des inégalités. Ils pourront utiliser cette information pour développer et concevoir des politiques à long terme efficaces pour la réduction des inégalités, la lutte contre la précarité et l’amélioration du bien-être.
Méthode
Le cadre a pour but de saisir la nature multidimensionnelle des inégalités, en fonction de sept domaines de vie et en tenant compte des différentes formes d’inégalités (concentrations des richesses, écarts de salaire, dispersion des revenus, gradient social de mortalité, isolement social des personnes âgées). Le cadre s’appuie sur l’approche par les capacités d’Amartya Sen. Cette approche consiste en une évaluation de la vie que nous menons, de ce que nous pouvons faire ou ne pas faire, et de ce que nous pouvons être et ne pas être ; elle met l’accent sur la qualité de vie que les individus peuvent atteindre. Tout aussi important, ce cadre devrait éclaircir la discussion sur les inégalités de manière à permettre un diagnostic dans un contexte précis et des recommandations politiques. Le travail stratégique des professionnels et parties prenantes du secteur du développement n’en sera que renforcé.
Résultats
Des données de plus de 150 pays, riches comme pauvres, récoltées sur plus de 30 ans, montrent que dans l’ensemble, investir dans la santé, l’éducation et la protection sociale réduit les inégalités. Nous devons toutefois en apprendre davantage sur les mécanismes concrets qui permettent cette réduction des inégalités et sur les politiques à concevoir pour s’attaquer aux inégalités spatiales, ethniques et de genres de manière efficace. Grâce à cette étude comparative, nous espérons tirer des leçons de ces divers scénarios.
Les chercheurs impliqués dans ce projet estiment qu’une citoyenneté active est un moyen d’atteindre des objectifs de développement, car cela permet aux femmes et aux hommes vivant dans une situation de pauvreté de s’exprimer pour défendre leurs droits (santé, éducation, emploi, dignité). Ils présupposent par ailleurs que les politiques publiques gagnent en efficacité lorsque les citoyens sont impliqués dans le processus. Et que les femmes, les jeunes filles et les jeunes en général sont les groupes les plus touchés par les inégalités multidimensionnelles et qu’ils doivent donc faire l’objet d’une attention particulière dans la recherche.
Retrouvez la présentation du papier de recherche "Multidimensional inequality in Western Africa" par Ana Claver Muñoz et Cristina Rovira Izquierdo, respectivement manager et chargée de projets sur les inégalités à OXFAM Intermón lors du cinquième webinaire de la Facilité de recherche sur les Inégalités:
Vous trouverez ci-dessous les livrables liés à ce projet:
Rapport Afrique de l'Ouest:
- Analyse des inégalités multidimensionnelles en Afrique de l'Ouest et stratégie de réduction des inégalités (en français)
Rapport Amérique centrale et République dominicaine:
- Analysis of multidimensional inequalities in Central America and Dominican Republic, and a strategy for inequality reduction (in English)
Policy briefs:
- Stratégie de réduction des inégalités en Afrique de l'Ouest
- A strategy for reducing inequalities in Central America and the Dominican Republic (in English)
Retrouvez finalement une courte vidéo de présentation (en anglais) du Multidimensional Inequality Framework (MIF) utilisé dans ce projet de recherche:
Contact :
- Anda David, chargée de recherche à l'AFD