Créée en 1982 par la déclaration de Port-Louis à l’île Maurice, la COI est une organisation intergouvernementale composée de cinq États membres : l’Union des Comores, la France au titre de La Réunion, Madagascar, Maurice et les Seychelles. Elle reçoit également depuis 2016 sept membres observateurs dont l’Union européenne et l’Organisation des Nations unies.
Cette commission a pour principaux enjeux la défense des spécificités insulaires de ses États membres sur les scènes continentale et internationale et l’établissement d’une solidarité régionale forte. Elle tire ainsi profit des atouts et des compétences de chacun des États membres dans les différents secteurs sur lesquels elle se mobilise : climat, énergies durables, santé, pêche, sécurité alimentaire, connectivité, stabilité, industrie culturelle.
L’Accord de Victoria révisé adopté le 6 mars 2020 vise à renforcer les liens de la COI avec les autres organisations régionales (Union africaine, COMESA, IORA, etc.), à rapprocher les populations en intensifiant les échanges (culturels, humains et commerciaux) pour un espace plus intégré, ouvert et cohérent, et enfin à formaliser et régulariser les sommets pour un suivi plus rapproché de la mise en œuvre de la stratégie régionale. Ce travail est d’autant plus important que la structuration de la coopération régionale autour d’une même vision politique entre États insulaires représente un véritable levier d’action sur la scène internationale.
Plusieurs transformations institutionnelles majeures ont été adoptées, notamment l’élargissement du champ des missions de la COI, l’institution du Sommet des chefs d’État et de gouvernement qui devient un organe décisionnel statutaire, la création d’un poste de secrétaire général adjoint, dont le mandat a été allongé de quatre à cinq ans, l’organisation de conférences ministérielles thématiques et enfin la confirmation des critères et modalités du statut d’observateur. Ces modifications ont pour but de rendre la mise en œuvre des projets plus rapide et efficace, traduisant les visions et les stratégies en actions concrètes.
L’élargissement du champ de coopération et de dialogue avec les autres organisations multilatérales, ainsi que l’accès à de nouveaux financements pour la mise en œuvre des nombreux projets de coopération, sont au cœur de ces réformes. Ces renforcements institutionnels et fonctionnels doivent notamment permettre à la COI d'être accréditée aux 9 piliers de l’Union européenne et auprès du Fonds vert à travers le projet Institutional Capacity Building (INCA).
L’AFD a accentué ses appuis depuis 2018 en participant au financement de nombreux projets impulsés par la COI comme ExPLOI (Expédition plastique océan Indien), RECOS (Résilience côtière) ou encore HydroMET (Hydrométéorologie et services climatiques) qui prend la suite du projet BRIO (Building Resilience in Indian Ocean). Le cumul des financements français et délégués mis en œuvre par l’AFD en faveur de la COI se chiffre à plus de 100 millions d'euros sur la période 2018-2021.
La pertinence de l’action régionale mise en exergue par la pandémie de Covid-19
La sécurité sanitaire est portée par la COI à travers le Réseau de surveillance et d’investigation épidémiologique (RSIE) SEGA-One Health, soutenu depuis 2007 par l’AFD sur financement en dons de la France et à présent de l’Europe.
La mobilisation de ce réseau a permis d’apporter une réponse régionale à la pandémie de Covid-19. Un plan d’urgence suivi d’un plan de riposte a montré que l’action de la COI et de son unité de veille sanitaire pouvait être rapide, efficace et adaptée aux besoins régionaux.
Depuis mi-février 2020, l’AFD et l’UE auront porté le budget du projet RSIE à plus de 20 millions d'euros, les apports complémentaires ayant pour objectifs principaux de mettre à niveau les systèmes de santé publique des États membres par rapport aux exigences de l’OMS et de renforcer les capacités en termes de services, d’équipements, de tests et de formations.
Une présidence française tournée vers le redémarrage de la coopération régionale, la relance économique et les réformes institutionnelles
La présidence française de la COI a débuté le 20 mai 2021 avec la particularité d’une double mandature française : présidence et secrétariat général dont le poste est occupé depuis le 6 mars 2020 par l’ancien recteur de l’académie de La Réunion, Vêlayoudom Marimoutou.
L’axe principal de la présidence française est la relance économique qui doit se faire tout en concrétisant la réforme de la COI et en redémarrant la dynamique de coopération régionale post-Covid.
Au-delà des réponses d’urgence sanitaire à la crise Covid, les impacts d’ordre économique font l’objet d’une attention forte afin d’apporter une réponse régionale coordonnée et complète. Il s’agit d’identifier les filières les plus dépendantes d’approvisionnements extérieurs et leurs éventuelles fragilités locales ou systémiques qui pourraient être atténuées en privilégiant des circuits courts et directs dans le cadre d’échanges infrarégionaux.
La lutte contre les effets du dérèglement climatique et la protection de la biodiversité sont également une priorité de la présidence française
L’AFD, sur financements français, s’est engagée dans le projet RECOS à hauteur de 10 millions d'euros (8,5 millions de l’AFD et 1,5 million du FFEM) avec pour but de renforcer la gouvernance régionale et nationale des écosystèmes côtiers et marins de l’océan Indien mais également de mettre en œuvre des chantiers innovants et réplicables de restauration et d’exploitation durable.
Autre projet emblématique de l’action régionale, le projet Expédition plastique océan Indien (ExPLOI) doté de 6,7 millions d'euros de financements français (AFD et FFEM), vise à lutter contre la pollution marine causée par le rejet non contrôlé des déchets plastiques et à contribuer au développement d’une économie circulaire régionalisée.
Enfin, il s’agit de poursuivre le travail de modernisation et de renforcement des capacités de la COI avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers au rang desquels l’UE et l’AFD.
La régionalisation comme réponse globale à de multiples défis
La convergence des objectifs de la COI et de l’AFD est un véritable atout qu’il convient de souligner : la France entend marquer sa présidence par la mise en œuvre et la continuité de nombreux projets dans la zone avec la COI, partenaire de l’axe indopacifique. La présidence française sera marquée par le lancement de nouveaux projets pour la plupart cofinancés par l’AFD.