C’est le plus important projet culturel jamais financé par l’AFD. Pour construire le Musée de l’épopée des amazones et des rois du Danhomè, sur le site des Palais royaux d’Abomey (Bénin) classé au patrimoine mondial de l’Unesco, l’État béninois et l’Agence française de développement (AFD) ont mis les petits plats dans les grands : un financement en don et en prêt de 35 millions d’euros.
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Et c’est à Alain Godonou, le « monsieur patrimoine » du Bénin, qu’a été confiée la coordination du projet. « Il s'agit de construire un nouveau musée, ambitieux, et en même temps de restaurer des palais royaux avec la mise en place d’une scénographie incluant les 26 trésors restitués au Bénin par la France, ainsi qu’une partie du trésor des collections royales », décrit l’actuel directeur du programme Musées de l'Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (ANPT).
Création de l’École du patrimoine africain
Après des études à Paris en conservation et restauration des biens culturels, puis à Rome au Centre international d’études pour la conservation, Alain Godonou revient au Bénin en 1988 où il devient le premier conservateur du Palais Honmè, à Porto-Novo. Mais une plus grande vision l’anime. Il fonde en 1998 l’École du patrimoine africain, devenue entretemps une référence internationale, qu’il dirige jusqu’en 2010 avant de rejoindre l’Unesco comme directeur des programmes culturels.
« Mais je n’étais pas à l’aise dans les bureaux. Je suis retourné hors du siège pour être plus proche de la réalité du terrain », confie-t-il. Dans un premier temps en Afrique centrale, notamment au Gabon, puis aux Samoa, dans le Pacifique, avant de rentrer au Bénin. En septembre 2018, il est nommé directeur à l'ANPT, avec la mission cruciale de piloter le projet de l’État béninois pour relancer le tourisme à travers la richesse de son patrimoine.
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« Le pays m'a appelé et j’ai répondu à l’appel. Je suis né pour la culture et ça a toujours été mon combat. Depuis près de quarante ans, je lui ai voué toute mon énergie, mes espoirs et mon engagement. Et contrairement à beaucoup de pays africains, les autorités béninoises, et en l’occurrence le chef de l’État Patrice Talon, ont réellement pris la question à bras-le-corps », explique-t-il.
Construction identitaire et citoyenne
La culture est désormais le deuxième pilier économique du Bénin derrière l’agriculture. Avec des établissements comme le Musée des arts contemporains de Cotonou, le Musée international du Vodun à Porto-Novo ou encore le Musée international de la mémoire et de l’esclavage, situé dans l’ancien fort portugais de Ouidah, l’État a résolument misé sur les industries culturelles et créatives.
La culture crée des richesses et de l'emploi, mais elle est aussi le ferment d’une construction identitaire et citoyenne. « Elle permet de raffermir et d’écrire le roman national pour construire un commun afin que les Béninois puissent mieux se penser comme une même nation et se présenter au monde », analyse Alain Godonou.
« L’État et l’AFD ont les mêmes objectifs »
« Avec l’AFD nous avons les mêmes objectifs et je dirais que la relation est exemplaire. Parce que nous avons aussi réussi à établir une relation de confiance dans le travail, partage celui qui ne pensait pas voir un tel projet de son vivant. »
L’équipement doit ouvrir ses portes fin 2025, avec ensuite un suivi quant à son bon fonctionnement, « pour roder l’écosystème » et garantir la pérennité d’un des futurs fleurons culturels et touristiques béninois. Alain Godonou y veillera.