Réduire les émissions de gaz à effet de serre mais pas la croissance : la recette de l’AFD

publié le 07 Novembre 2024
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La 29e Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP29), qui se tient à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024, est une nouvelle occasion d’amplifier l’engagement des pays en faveur du climat. D’autant que réduire les émissions de gaz à effet de serre n’implique pas de renoncer à la croissance économique : c’est même tout l’inverse !

C’est une idée reçue encore répandue aux quatre coins du globe : réduire les émissions de gaz à effet de serre nuirait à la croissance économique des pays et irait à l’encontre du progrès des sociétés. « C’est une légende urbaine !, tranche Atika Ben Maïd, responsable adjointe de la division Climat et nature à l’Agence française de développement (AFD). Si l’on prend par exemple l’Accord de Paris sur le climat, il ne s’agit pas de promouvoir un quelconque retour en arrière, mais des trajectoires de développement bas-carbone et résilientes. Sinon on signerait pour un échec, il n’y aurait pas d’adhésion globale. »

Adrien Vogt-Schilb, économiste à l’AFD, va même plus loin : « L’atténuation du changement climatique à travers la réduction des émissions de gaz à effet de serre est une opportunité économique, et pas un sacrifice que l’on demande aux pays en développement alors même qu’ils n’ont pas été les pollueurs historiques. La dernière étude à laquelle j’ai participé sur le sujet évalue par exemple le bénéfice de la neutralité carbone à 3 000 milliards de dollars pour l’Amérique latine. »


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L’AFD a fait de la lutte contre le dérèglement climatique une priorité et s’emploie à soutenir les solutions qui permettent de l’atténuer et améliorent dans le même temps le bien-être des populations et la situation économique des pays où elle intervient. Voici sa recette.

 

puce 1Miser sur l’agroécologie

« Le premier levier d’une croissance bas-carbone est d’augmenter les rendements agricoles, puisque produire plus d’aliments sur une même parcelle entraîne un moindre besoin de terres, donc moins de destruction des écosystèmes et d’émissions de CO2, avec des revenus plus importants et une plus grande sécurité alimentaire », explique Adrien Vogt-Schilb.

Dans cette optique, l’agroécologie se révèle aujourd’hui incontournable pour atteindre cet objectif tout en limitant le recours aux intrants de synthèse – qui mettent la biodiversité en péril – aux contextes qui le justifient. Cette technique agricole place la nature au centre d’un système de production vertueux : la diversification de cultures compatibles et complémentaires sur une même parcelle permet à la fois de mieux subvenir aux besoins de chacune tout en favorisant la biodiversité, qui est elle-même précieuse pour réguler les maladies et les ravageurs et permettre un meilleur renouvellement des ressources naturelles.

Afin de renforcer son soutien aux transitions agroécologiques, l’AFD s’est dotée en 2023 d’une note de positionnement sur le sujet. Cette année-là, les projets – en cours d’exécution ou clôturés – financés par l’AFD ont permis à 631 000 exploitations familiales agricoles, en charge de 51 400 hectares de terres, d’être accompagnées dans leur conversion vers des systèmes agroécologiques.


Voir aussi : 5 projets d'agroécologie soutenus par le groupe AFD


 

puce 2Favoriser des déplacements moins polluants

Bus, métro, tramway, train, téléphérique, navette fluviale, vélo…, les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de nos transports sont légions et leur déploiement entraînent de nombreux autres bénéfices : réduction du coût du déplacement, de la pollution de l’air, de la congestion automobile et des accidents, gains de santé dus à l’activité physique, ou moindre impact sur les écosystèmes et les services qu’ils nous rendent. « Chaque élément de cette liste peut facilement représenter un gain de 1 à 3 points de PIB dans la plupart des pays du monde », souligne Adrien Vogt-Schilb.

L'objectif de l’AFD est d’encourager le développement de villes habitables et inclusives en investissant dans des systèmes de transports collectifs performants, dans la promotion des « modes actifs » (vélo et marche à pied) et d’une meilleure connexion entre les différents modes de déplacements, ainsi que dans la gestion efficace d’un trafic routier qui doit s’électrifier.

Entre 2021 et 2023, 22 infrastructures de transport financées par l’AFD ont été mises en service ou achevées, avec comme résultat un accès amélioré aux transports durables pour 6,4 millions d’habitants.

En Turquie, grâce à un prêt de 200 millions d’euros accompagné d’une subvention de l’Union européenne de 15 millions d’euros, l’AFD accompagne la banque des collectivités locales Ilbank pour financer des infrastructures de transport urbain dans dix villes et accompagner, via des subventions, la réalisation ou l’actualisation de plans de mobilité urbaine durable (PMUD) et d’études sur des aspects innovants de la mobilité (électrique, intelligente).

 

puce 3Développer les énergies renouvelables

Solaire, éolien, hydroélectricité : ces sources d’énergie n’émettent quasiment pas de gaz à effet de serre à l’usage tout en fournissant désormais une électricité bon marché. Elles sont donc tout indiquées pour remplacer les énergies fossiles partout où cela est possible. Selon Adrien Vogt-Schilb, « ces technologies ont déjà gagné. Une centrale solaire photovoltaïque produit une électricité qui peut soutenir l’activité économique avec un bilan carbone nettement moins important. »

L’AFD soutient actuellement 52 projets d’infrastructures d’énergies renouvelables, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. En 2023, les projets financés et achevés ont créé 3 000 mégawatts de capacité de production d’énergies renouvelables et offert à 203 400 personnes un accès à des services électriques durables.

Le Groupe a notamment engagé plusieurs programmes de transition énergétique juste (JETP) en partenariat avec les acteurs locaux – État, entreprises publiques, privées, institutions financières, organisations non gouvernementales (ONG) ou encore société civile – où il mobilise toute sa palette d’outils financiers en suivant trois fils conducteurs : l’appui au déploiement de politiques publiques volontaristes et protectrices, la promotion d’une planification et d’une gouvernance inclusive, et le soutien à la création d’emplois décents et l’accompagnement des ménages et des territoires.

« Sur les cinq dernières années, l’AFD a soutenu plus d’une quarantaine de projets de transition énergétique incluant un objectif spécifique sur la question de l’équité. Nous intervenons notamment en Afrique du Sud, au Vietnam, en Indonésie et au Sénégal via les JETP (Just Energy Transition Partnerships), une nouvelle manière de mobiliser de la finance climat "à l’échelle" pour la transition énergétique, avec la justice sociale au cœur des priorités », détaille Nicolas Guichard, responsable de la division Énergies à l’AFD.


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