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climat Vietnam
Au Vietnam, l’Agence française de développement (AFD) et l’Institut de recherche sur le développement (IRD) mènent un programme de recherche pour évaluer les impacts socio-économiques du dérèglement climatique dans le pays intitulé GEMMES Vietnam. À l’occasion de la COP26 de Glasgow (31 oct.-12 nov.) un rapport spécial concernant ce programme a été publié, Étienne Espagne, économiste à l’AFD et coauteur du rapport, détaille les travaux menés jusqu’ici.

Quels types d'impacts du changement climatique au Vietnam décrivez-vous ?

Ce rapport présente des mesures de trajectoires climatiques pour le Vietnam projetées à horizon 2050 et 2100, et transposées à différents secteurs : l’agriculture, l’énergie, la santé, la productivité du travail, la capacité à innover des entreprises… Ces évaluations permettent d’alimenter le modèle macroéconomique GEMMES développé au sein de l’AFD.

Nous avons par exemple réalisé des études de terrain dans le delta du Mékong où la population est confrontée aux phénomènes de hausse du niveau de la mer, de salinisation progressive des sols et d’érosion côtière. Le delta du Mékong s’affaisse aujourd’hui de 4 à 5 centimètres par an en raison d’un pompage d’eau trop important dans les nappes phréatiques pour l’agriculture, mais aussi à cause de la construction d’infrastructures liées au développement économique local.

Le changement climatique y ajoute une hausse du niveau marin de quelques millimètres par an, et ce sera plus dans la deuxième moitié du siècle. C’est une région très agricole où le riz est déjà victime de la salinisation des sols. Les agriculteurs tendent donc à préférer des cultures plus rentables, mais elles demandent aussi beaucoup d’eau douce, ce qui diminue les réserves souterraines et accroît l’affaissement du delta.


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À l’échelle du Vietnam, nous prévenons dans ce rapport que pour 1,5 °C d’augmentation de la température par rapport à l'époque préindustrielle, le pays connaîtrait une perte de 4,5 % de son PIB. Pour 2 °C supplémentaires, ce serait près de 7 % de perte de PIB. Il s’agit de valeurs médianes basées sur une moyenne de différents scénarios climatiques, qui sont eux-mêmes d’une grande variabilité.

Le rapport propose aussi des stratégies pour une meilleure adaptation du Vietnam au changement climatique…

Oui, pour chaque secteur analysé nous suggérons des pistes pour limiter les impacts. Nous avons pour cela étudié les politiques d’adaptation menées au Vietnam jusqu’à ce jour, la circulation des flux financiers internationaux et régionaux pour l’adaptation, et aussi la manière dont les populations locales mobilisent des fonds face à des événements climatiques extrêmes.

Nous ne faisons pas encore à ce stade d’évaluation macroéconomique chiffrée des stratégies d’adaptation. Il s’agit du programme de la dernière année du projet. Avant de parler d’adaptation, il fallait d’abord évaluer les impacts du changement climatique.

Dans quelles conditions ce rapport a-t-il été réalisé ?

Ce projet de recherche GEMMES Vietnam est financé par la Facilité 2050, conçue pour aider les pays à développer des trajectoires compatibles avec l’Accord de Paris à l’horizon 2050, et dont l’AFD est en charge. Il a été lancé à l’automne 2019, et le rapport lui-même a été envisagé à l’été 2020 en vue de la COP26.


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Des chercheurs vietnamiens et français – 60 contributeurs au total – y ont participé, chaque chapitre mobilisant une petite équipe de recherche en lien étroit avec le ministère vietnamien de l’Environnement. Le modèle macroéconomique qui intègre l’ensemble des impacts sectoriels est la première version officielle du modèle GEMMES pour le Vietnam, qui a été finalisée spécialement pour ce rapport.


Pour aller plus loin : tout savoir sur le projet GEMMES Vietnam sur la page dédiée