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Des enfants visitent la muraille de Grand Zimbabwe
Trois projets au Zimbabwe et en Afrique du Sud illustrent un volet de la stratégie de l’AFD en matière de soutien aux Industries créatives et culturelles, en particulier dans le champ de l’Histoire : appuyer la construction et le déploiement d’un avenir prospère sur la réhabilitation patrimoniale et la réappropriation du récit. Une dimension méconnue de l'action de l'Agence à découvrir, à quelques jours du forum Création Africa à Paris.

Quel point commun entre la valorisation de la muraille de Grand Zimbabwe, la numérisation des archives de Mayibuye à Robben Island et le développement du pôle de création numérique Tshimologong ? « Trois projets pour faire converger en une même démarche les questions portant sur l’histoire, l’identité et le développement ! », s’enthousiasme François Pacquement, chargé de mission Histoire et réflexion stratégique à l’AFD. Avec la préservation d’un site ancien, l’accessibilité de l’histoire récente et la formation de la société civile à la mise en valeur du récit collectif, ces trois projets illustrent la stratégie du groupe AFD en Afrique australe dans le champ des Industries culturelles et créatives (ICC), alors que s'ouvre bientôt à Paris le forum Création Africa.

« Ces projets s’appuient sur l’importance de la mémoire et du passé pour la prise de conscience de soi et de son destin. Cela passe par la diffusion des matériaux de l’histoire et des thèmes qui en découlent, pour servir à approfondir la conscience d’une culture nationale, à la fois condition et expression d’un développement politico-économique autonome et efficace », explique François Pacquement. « Chaque société fait de sa propre histoire un moyen privilégié de compréhension du passé et du présent. L’histoire apparaît aussi comme un moyen de conception et d’élaboration du futur », poursuit-il.

Au Zimbabwe, le gouvernement a lancé un vaste chantier de restauration de la muraille de Grand Zimbabwe, dans le sud-est du pays, avec le soutien de l’AFD. Trois millions d’euros sont investis pour valoriser ce site classé au patrimoine mondial de l’humanité, et le rendre plus accessible au public.


 


« En Afrique en particulier, la question de la mémoire et du récit est importante. Des sites archéologiques souvent négligés et des archives rares ou inexistantes ont d’abord donné le champ libre à des récits dégradants. Depuis la fin du XVe siècle, le manque de compréhension par les colons de la place des populations africaines dans leur écosystème a largement favorisé la destruction de l’environnement, au nom de démarches pseudoscientifiques. La vision éculée d’une Afrique "terre vierge", peuplée de gens passifs et sans histoire, doit désormais finir d’être balayée », souligne François Pacquement. 


Regarder la vidéo La digitalisation des archives de Mayibuye


La constitution d’archives fiables et accessibles est l’un des objectifs du projet Unboxing Mayibuye - Access to Digital Heritage, littéralement « Sortir les archives de Mayibuye de leurs cartons », pour permettre un accès numérique à cet héritage historique déterminant en Afrique du Sud. Lancé en partenariat avec le Robben Island Museum et l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), ce projet est financé par l'AFD. Ces documents reconstituent l'histoire de la libération de l'Afrique du Sud, de la résistance à l'apartheid dans les années 1950, jusqu'à la première élection démocratique en 1994.


« Chaque société fait du récit de sa propre histoire un moyen privilégié de compréhension du passé et du présent. L’histoire apparaît aussi comme un moyen de conception et d’élaboration du futur », commente encore François Pacquement, à propos du partenariat de l’AFD avec Tshimologong Digital Innovation Precinct. Établi en 2016 dans le quartier de Braamfontein, à Johannesburg, Tshimologong est un incubateur d’entreprises numériques. Il développe les compétences de création de récits et de contenus digitaux grâce à une collaboration étroite avec les universités, les entreprises, le gouvernement et les entrepreneurs. 


« Ce genre de projets marque une mutation, qui ouvre une sortie de l’ère du développement classique, telle que nous l’avons connue jusqu’à présent. Historiquement, l'action de l’AFD s’est d’abord concentrée sur le financement d’infrastructures. Avec ces opérations, c’est d’un nouvel investissement humain qu’il s’agit, en complément de l’éducation et de la santé. C’est véritablement une dimension nouvelle du développement durable et de l’investissement solidaire qui prend corps. Les intentions comptent autant que les outils. C’est pourquoi ces investissements pour l’histoire et son récit sont déterminants. Aller du côté des autres, cela signifie également pouvoir prendre en compte la place de l’Homme dans la nature, et comprendre à cette occasion l’histoire du délitement de cette dernière. L’approche du développement durable, c’est celle d’une réconciliation entre les humains, leur histoire et leur milieu », conclut l’historien spécialiste du développement.


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