Sur le pourtour du lac Tchad, au cœur du Sahel, l’accès à une information continue et de qualité n’est pas un simple agrément de confort. Soumises à des difficultés croissantes consécutives aux sécheresses répétées, aux pénuries alimentaires et à l’afflux de personnes déplacées par les conflits, les populations de cette région ont peu d’espace de dialogue intercommunautaire. C’est le défi que relève la Radio Ndarason Internationale (RNI), fondée en 2015 et qui émet en langues kanembou, kanouri, boudouma et française.
Lire aussi : La région du lac Tchad à l’épreuve de Boko Haram
La grille des programmes se consacre à l’information quotidienne et aux sujets qui touchent les auditeurs dans leur vie de tous les jours, comme par exemple les tensions croissantes qui opposent éleveurs et cultivateurs à la faveur de la crise alimentaire. Bonnes pratiques agricoles, gestion du foncier, dialogues intercommunautaires pluriels et pacifiés : les contenus visent à solidifier la cohésion sociale.
Lire aussi : Soutenir une information locale et de qualité autour du lac Tchad
Dans cet esprit, Radio Ndarason Internationale diffuse de nombreux sujets qui concernent les femmes et leur émancipation, comme la lutte contre les violences, la scolarisation des petites filles, la vaccination, les soins périnataux, la lutte contre le Covid-19 et bien d’autres sujets de sensibilisation. Pas moins de 7,7 millions d’auditeurs écoutent aujourd’hui ces émissions depuis le Tchad vers le Niger, le Nigéria et le Cameroun. Cette zone du Grand Sahel, marquée par une forte tradition orale, se trouve désormais dotée d'un espace d’échange virtuel, là où l’établissement et le maintien des liens est parfois rendu impossible sur le terrain.
Lire aussi : Françoise Chalier : pas de sécurité sans développement au Sahel
Une portée étendue que le média peut aujourd’hui atteindre grâce, notamment, au soutien du groupe AFD, engagé dans le projet depuis 2020, pour un montant de 1,25 million d'euros. Ces fonds permettent de développer l'ONG Okapi Consulting, la structure chargée de piloter la radio, grâce au recrutement d’un chef de projet dédié, à l’appui de consultants en ressources humaines, au monitoring et à l'évaluation, ainsi qu’à l’harmonisation des politiques administratives et financières de l’association. RNI a ainsi pu développer une nouvelle offre éditoriale, embaucher des journalistes, améliorer ses équipements, sa visibilité et ses capacités de diffusion pour atteindre toutes les rives du lac Tchad. La radio vise désormais à accroître sa visibilité sur internet et les réseaux sociaux.
Lire aussi : Au Sahel, un projet pour reconnecter les médias et la jeunesse
En ce sens, ce projet emblématique constitue une première phase de renforcement de capacités et de structuration d’un réseau d’information fiable et indépendante, au Nigéria et au Tchad. De quoi nourrir également des ambitions à plus long terme : RNI prévoit d’implanter des antennes dans chacun des quatre pays du bassin du lac Tchad pour incarner le média de référence dans l’ensemble de la région.
Lire aussi : Comment l'AFD contribue à la liberté d'information dans le monde