Mention légale UE (projet) La crainte que les programmes de transferts d'argent (ou subventions sociales) puissent décourager la participation au marché du travail est courante chez les décideurs politiques locaux et mondiaux, y compris en Afrique du Sud. Pour réfuter ou confirmer cette crainte, l’Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités, en collaboration avec la Development Policy Research Unit (DPRU) de l'Université de Cape Town (UCT), a analysé les impacts de la subvention Covid-19 sur la reprise du marché du travail et l'investissement dans l'activité productive en Afrique du Sud.
Contexte
En Afrique du Sud, le système de subventions sociales est relativement complet, bénéficiant directement à un individu sur trois, et donnant principalement des moyens d'action aux plus vulnérables tels que les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées issues de ménages pauvres. Malgré la progressivité de ce système, il reste un manque d'aide aux chômeurs, qui sont présumés pouvoir subvenir à leurs besoins par le biais du marché du travail (Ferguson, 2015). Cependant, une telle vision néglige la nature généralisée et structurelle du chômage en Afrique du Sud, où plus de 70 % des chômeurs le sont depuis plus d'un an.
Dans cette optique, l'expansion du système de subventions sociales du pays en réponse à la pandémie de Covid-19 a joué un rôle important pour combler ce manque. En marge du système, une subvention spéciale Covid-19 de 350 rands a été introduite pour soutenir ce groupe important d'adultes sans emploi, jusqu'alors non atteint. Avec l'un des taux de chômage officiels les plus élevés au monde (32,6 % au premier trimestre 2021), cette subvention a constitué une forme importante de soutien pour des millions d'adultes vulnérables et a été la première à utiliser un critère d'éligibilité explicite au marché du travail, pouvant être considéré comme un "transfert de vulnérabilité au marché du travail".
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l'Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités. Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension de la Facilité contribue à l’élaboration de politiques publiques visant la réduction des inégalités dans quatre pays : Afrique du Sud, Mexique, Colombie et Indonésie sur la période 2021-2025.
Objectif
Mené par l'équipe du DPRU de l'Université de Cape Town (UCT-DPRU), ce projet de recherche a étudié de façon quantitative si la subvention Covid-19 avait agi comme une source de relance du marché du travail, en conduisant à un investissement accru dans des activités productives sur le marché du travail.
Pour ce faire, la recherche visait à fournir une analyse descriptive détaillée et quantitative des transitions dans les résultats du marché du travail parmi les bénéficiaires de la subvention Covid-19 (en mesurant si les individus passaient d'activités vulnérables à des activités plus productives, par exemple), ainsi qu'une analyse de la corrélation entre la réception de la subvention et les résultats du marché du travail. Enfin, il s'agissait d'estimer les effets de causalité de la perception de subventions sur une série d'activités productives du marché du travail.
Méthode
L'analyse a exploité des données d'enquête représentatives recueillies pendant la pandémie en Afrique du Sud (provenant de la National Income Dynamics Study : Coronavirus Rapid Mobile Survey, NIDS-CRAM) pour répondre aux questions transversales et longitudinales suivantes sur le rôle de la subvention :
- Quelle est la relation corrélationnelle entre la réception de la subvention et le comportement de recherche d'emploi, la participation au marché du travail et la probabilité de trouver un emploi ?
- Quelle est la corrélation entre la réception de la subvention et la transition d'un état relativement improductif du marché du travail à un état plus productif au fil du temps ?
- Cette relation varie-t-elle selon les différents groupes et sous-groupes de bénéficiaires ?
Résultats
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Contact
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Anda DAVID
Économiste, coordinatrice scientifique de la Facilité UE-AFD de recherche sur les inégalités
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La question de la désertification et de la dégradation des ressources naturelles du milieu rural sont devenues une priorité pour les autorités tunisiennes. Participer à la réflexion sur des politiques de développement adaptées au contexte du changement climatique représente un défi que le projet GEMMES Tunisie cherche à relever.
Contexte
La Tunisie est un territoire particulièrement exposé aux impacts du changement climatique sur les plans environnementaux, sociaux et économiques. En raison de pratiques agricoles inadaptées, la disponibilité des ressources hydriques a diminué, le processus de salinisation s’est aggravé, et les terrains et couverts végétaux ont connu une dégradation significative. Depuis septembre 2018, l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ) et le ministère de l’Agriculture tunisien travaillent en collaboration avec l’AFD sur le développement d’un modèle macroéconomique issu du programme GEMMES permettant d’effectuer des projections des rendements agricoles jusqu’en 2050 et de considérer les politiques envisageables.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de travaux de modélisation qui intègrent l’impact du changement climatique dans les prévisions macroéconomiques, afin d’éclairer les choix de politiques publiques en la matière. L'AFD développe d’une part un modèle théorique général, et d’autre part des modèles nationaux appliqués à des cas concrets et adaptés aux caractéristiques de chaque pays, dont le modèle GEMMES Tunisie.
Ce partenariat est réalisé dans le contexte du mémorandum de dialogue stratégique entre l'AFD et le ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale tunisien. Cette collaboration passe par la production conjointe d’études, de diagnostics et d’outils de modélisation, en vue de favoriser des politiques de développement inclusives et durables.
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L'AFD et les outils de modélisation macroéconomiques pour la transition écologique
Objectifs
GEMMES Tunisie a pour vocation d’analyser les effets macroéconomiques du dérèglement climatique sur l’agriculture.
En réalisant des modélisations de trajectoires de développement, il améliore la compréhension des interactions entre économie et environnement et permet d’éclairer la décision publique. Aspirant à favoriser les échanges entre monde de la recherche et décideurs politiques, ce projet a pour but de placer les enjeux de la transition écologique et de la soutenabilité forte au cœur du dialogue politique. Il vise à devenir un outil au service des autorités tunisiennes, en contribuant à évaluer les avantages des politiques d’adaptation pouvant éventuellement être mises en place.
Méthode
Le modèle GEMMES repose sur une analyse transdisciplinaire, en mesure de prendre en compte l'hétérogénéité sectorielle, que ce soit concernant les structures de marché, l'accès aux marchés financiers ou l’emploi, ainsi que les déséquilibres structurels propres à un changement aussi profond que celui du changement climatique. GEMMES Tunisie utilise cette méthode afin de tester différents scénarios concernant la mécanisation de la production agricole, l'amélioration des pratiques agricoles ainsi que l’investissement dans les ressources hydriques.
Le projet de recherche s'est décomposé en trois phases :
- La première année a été consacrée à l’identification des fragilités macroéconomiques et écologiques dues aux impacts du changement climatique sur l’agriculture et le cycle de l’eau.
- La seconde reposait sur la construction du cadre macroéconomique et le choix du modèle agricole.
- La troisième année a été dédiée à la combinaison du modèle macroéconomique et du modèle du cycle de l’eau au travers de l’ajout de dynamiques agricoles.
Enseignements
Les scénarios établis par le modèle GEMMES Tunisie confirment que la mise en place de politiques d’adaptation est nécessaire et souhaitable :
- Une absence de ce type de politique conduirait à une hausse conséquente de la dette extérieure, ce qui diminuerait la valeur de la monnaie nationale et ainsi le pouvoir d’achat des habitants, tout en menaçant la sécurité alimentaire du pays. De même, l'inflation alimentaire atteint des niveaux très élevés, ce qui aura un impact massif sur l'augmentation de la pauvreté parmi les ménages tunisiens.
- A l’inverse, les bénéfices des politiques de développement durable dépassent ses coûts en limitant la hausse du chômage rural, l'urbanisation rapide et la baisse des revenus par habitant. Comme résultat important, les avantages sociaux et économiques des politiques d'adaptation envisagées pour la Tunisie sont encore plus élevés si ces politiques sont financées par des prêts à faible coût en devises étrangères par des fonds climatiques, des obligations vertes ou des institutions financières internationales. Dans ce cas, les politiques d'adaptation ont un effet beaucoup plus bénéfique sont beaucoup plus élevés et les coûts des importations alimentaires mettent beaucoup moins de pression sur la balance des paiements, l'inflation alimentaire, le taux de change et donc le revenu par habitant des ménages tunisiens.
Ainsi, les résultats de ce projet concordent avec le positionnement de l’AFD en faveur de la soutenabilité forte.
Ce projet de recherche a aussi mis en lumière la difficulté de quantifier les impacts du changement climatique dans un contexte de disponibilité limitée des données, sans pour autant rendre l’exercice impossible. En effet, produire des modèles nationaux dans ce contexte a incité les équipes de recherche à tester une plus grande diversité de scénario ou à réunir différentes sources de données par exemple.
Pour en savoir plus
Contact : Devrim Yilmaz, économiste senior, AFD
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En raison du dérèglement climatique, le secteur agricole au Maroc est de plus en plus confronté à la hausse des températures et à la raréfaction des ressources en eau. Dans le cadre d’une collaboration de longue date avec l’AFD, le projet GEMMES Maroc propose d’axer la réflexion autour de l’élaboration de trajectoires de développement durable sur les interactions entre climat et agriculture dans une perspective macroéconomique.
Contexte
Les interactions entre sphères socio-économiques et écologiques font de l’élaboration des trajectoires de développement de soutenabilité forte un exercice particulièrement difficile. Le Maroc a exprimé sa volonté d’engager un plan de développement reposant sur la prospérité, l’inclusion et la durabilité dans un rapport publié en mai 2021, mais est confronté à une situation de stress hydrique parmi les plus élevées au monde. Une requête de coopération technique portant sur la modélisation de l’impact du changement climatique sur l’agriculture à l’horizon 2050 a ainsi été transmise à l’AFD, que le modèle GEMMES Maroc tente de satisfaire.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de travaux de modélisation qui intègrent l’impact du changement climatique dans les prévisions macroéconomiques, afin d’éclairer les choix de politiques publiques en la matière. L’AFD développe d’une part un modèle macroéconomique théorique général, et d’autre part des modèles nationaux appliqués à des cas concrets et adaptés aux caractéristiques de chaque pays, dont le modèle GEMMES Maroc.
Ce partenariat est réalisé dans le contexte du mémorandum de dialogue stratégique entre l’AFD et la direction des Etudes et des Prévisions financières (DEPF) du ministère de l’Economie et des Finances du Royaume du Maroc. Le programme de recherche est notamment financé par la Facilité 2050, ayant pour vocation à contribuer au renforcement de capacités et à l’élaboration de stratégies à long terme dans le respect des engagements de l’Accord de Paris. Outre le partenariat avec la DEPF, le projet est développé avec l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE) pour la partie hydro-agricole.
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L’AFD et les outils de modélisation macroéconomique pour la transition écologique
Objectif
Le projet GEMMES Maroc réalise des simulations de la production agricole et des ressources en eau de surface disponibles à l'horizon 2050 selon différents scénarios climatiques et en analyse les impacts sur l’économie du pays. Cette démarche repose sur une volonté d’éclairer la décision publique, grâce à une collaboration des expertises marocaines, françaises et internationales. Dans cette logique, le modèle GEMMES Maroc a vocation à devenir un outil de simulation supplémentaire aux mains de la direction des Etudes et des Prévisions financières du Maroc.
Méthode
La spécificité de ce projet réside en le couplage de deux modèles : le modèle macroéconomique GEMMES, adapté aux spécificités du Maroc, et le modèle hydro-agricole Lund-PotsdamJena managed Land (LPJmL). Ce dernier, largement utilisé dans la communauté scientifique internationale, produit des simulations de l'hydrologie de surface et des rendements de cultures les plus importantes du pays. Il utilise pour cela les projections de température et de précipitations issues du modèle climatique régional ALADIN et permet de comparer les besoins en eau pour l’agriculture marocaine aux ressources qui seront effectivement disponibles. Le modèle GEMMES Maroc utilise ensuite ces projections des rendements agricoles, en vue de les intégrer dans son cadre macroéconomique.
Résultats
Des résultats intermédiaires ont été présentés lors de la COP26 à Glasgow, accompagné d’un résumé à destination des décideurs politiques. Les premières conclusions mettent en lumière les effets néfastes du dérèglement climatique, en particulier concernant les ressources en eau disponibles pour l'irrigation. Un niveau d’irrigation en 2050 correspondant à 75% des besoins conduirait à une production agricole supérieure de 3,7% à celle où seulement 50% des besoins en irrigation seraient couverts. Le PIB et la consommation des ménages seraient alors supérieurs de 0,5%. Ainsi, investir dans les infrastructures hydrauliques paraît primordial afin de limiter les impacts du changement climatique.
Enseignements
Le projet GEMMES Maroc révèle l’utilité du couplage de deux types de modèles répondant à différents domaines d’expertise. En favorisant le dialogue entre chercheurs de différentes disciplines, les différentes perceptions de chacun peuvent être explicitées et ainsi entraîner une plus grande pertinence du débat politique.
Les apports de ce projet peuvent par ailleurs perdurer au-delà du cadre de l’AFD, que ce soit du fait de l’intégration de certains de ses résultats dans un exercice de la Banque mondiale ou de son utilisation dans la stratégie de long-terme marocaine.
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Antoine GODIN
Économiste, responsable de la cellule de modélisation macroéconomique de l'AFD
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- En savoir plus sur GEMMES Côte d'Ivoire : concevoir un outil de la transition énergétique soutenable
La Côte d’Ivoire, dont la production d’électricité repose aujourd’hui en grande partie sur le gaz naturel, affirme son engagement en faveur de la transition énergétique. Le projet GEMMES Côte d’Ivoire a étudié les interactions entre les sphères productives, financière et écologique par le biais de modélisations macroéconomiques, constituant ainsi un véritable outil au service des décideurs politiques ivoiriens.
Contexte
Concevoir des politiques de développement en accord avec les principes de soutenabilité forte représente un enjeu complexe du fait des tensions pouvant exister entre différents Objectifs de développement durable (ODD). La volonté d’intégrer 42% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique ivoirien d’ici 2030 nécessite donc une réflexion sur les trajectoires soutenables de développement envisageables, un sujet qui a été au cœur du projet GEMMES Côte d’Ivoire.
Ce projet s’est inscrit dans le cadre de travaux de modélisation intégrant les dynamiques climatiques, tant adaptation que atténuation, dans les prévisions macroéconomiques, afin d’éclairer les choix de politiques publiques en la matière. L’AFD a ainsi développé d’une part un modèle théorique général, et d’autre part des modèles nationaux appliqués à des cas concrets et adaptés aux caractéristiques de chaque pays, dont le modèle GEMMES Côte d’Ivoire.
Cette collaboration entre l’AFD, le ministère du Plan et du Développement de Côte d’Ivoire et Mines ParisTech a constitué l’un des volets du mémorandum de dialogue stratégique, qui vise à développer les activités de recherche, leur diffusion, ainsi que leurs synergies avec les politiques publiques.
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L’AFD et les outils de modélisation macroéconomique pour la transition écologique
Objectif
Le projet GEMMES Côte d’Ivoire visait d’abord à mieux comprendre les interactions existant entre économie et aspects socio-écologiques : il s’est intéressé aux impacts macroéconomiques de la transition énergétique ainsi qu'à leur capacité à créer des conditions favorables à la réduction de la pauvreté.
L’une de ses spécificités était de favoriser le dialogue au sujet de la transition écologique entre monde de la recherche et décideurs politiques, tant à une échelle nationale qu’internationale. GEMMES Côte d’Ivoire aspirait à proposer un outil facilitant la prise de décision politique en définissant des trajectoires de transition en faveur du climat. Il devait alors permettre de fournir des éléments contribuant à la définition d’une stratégie de transition énergétique à l'horizon 2050, en accord avec les objectifs de la Côte d’Ivoire en matière de réduction de la pauvreté et de climat.
Plus largement, GEMMES Côte d’Ivoire a participé à la consolidation du positionnement de l’AFD en tant qu’interlocuteur au sujet de la transition bas carbone et de la soutenabilité forte.
Méthode
GEMMES Côte d’Ivoire a développé une approche multidimensionnelle et transdisciplinaire centrée sur les effets de la transition énergétique. Le projet reposait sur des exercices de modélisations, à la fois technico-économiques du système énergétique telles que développées par Mines ParisTech, et macroéconomiques, élaborées par l’AFD et le think tank ivoirien CAPEC.
Le cadre méthodologique de GEMMES a été adapté pour répondre aux caractéristiques de l’économie ivoirienne. Une attention particulière a été apportée à la stabilité de la balance commerciale et la dette publique. Par ailleurs, le couplage entre le modèle énergétique et le modèle macroéconomique a permis de percevoir les interactions entre les dynamiques de transition énergétique et la stabilité macro-financière. Ce couplage des deux modèles a en outre permis de mettre en exergue les gains liés à une transition énergétique ambitieuse en termes de soutenabilité extérieure et en termes d’emplois.
Résultats
Trois scénarios quantifiant les effets macroéconomiques de la transition énergétique sur le long terme ont pu être établis. Il en résulte que le développement d’énergies renouvelables pourrait réduire le coût de production moyen de 20% selon certains scénarios, notamment par le biais d’un investissement accru dans le secteur des batteries solaires.
Le développement de ce secteur génèrerait par ailleurs des impacts socio-économiques positifs, concernant la croissance, l’emploi et la balance commerciale, tandis que l’augmentation de capacité de production de bioélectricité améliore le revenu de 4 millions de personnes en milieu rural. Cet environnement est alors plus favorable au déploiement de politiques spécifiques de lutte contre la pauvreté.
Enseignements
GEMMES Côte d’Ivoire a permis d'envisager la transition énergétique non pas comme antinomique des objectifs de réduction de la pauvreté, mais bel et bien comme vectrice d’effets socio-économiques et environnementaux positifs.
L’importance accordée au dialogue entre mondes académique et politique, qui constituait l’une des spécificités de ce projet, en a fait un moyen de promouvoir la soutenabilité forte auprès des décideurs politiques. GEMMES Côte d’Ivoire a ainsi fourni au gouvernement ivoirien des modèles mettant en évidence les opportunités et les contradictions au sein de la trajectoire du pays entre les différents choix énergétiques possibles, les accords environnementaux à prendre en compte et les conséquences financières de chaque scénario.
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Antoine GODIN
Économiste, responsable de la cellule de modélisation macroéconomique de l'AFD
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L’éducation arabo-islamique (EDUAI) au Sahel reste encore méconnue, bien qu’elle fasse partie des éléments essentiels à prendre en considération pour comprendre et gouverner les systèmes éducatifs de la région. Ce projet de recherche, confié à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), vise à améliorer les connaissances sur cette offre éducative, ses publics et sa prise en compte par les politiques publiques, afin d’informer l’action des décideurs de la région sahélienne.
Contexte
Si des progrès importants en matière d’accès à l’éducation ont été observés depuis les années 2000 au Sahel, des défis importants restent à relever en termes d’accès, de qualité de l’enseignement ou encore de réduction des inégalités (entre filles et garçons, entre milieu urbain et rural…).
Dans ce contexte, de nombreux enfants en âge scolaire sont pris en charge par une offre éducative adossée à la religion musulmane, généralement arabophone. Très ancrée dans de nombreuses sociétés, cette offre dite « arabo-islamique » est multiforme : elle couvre un continuum qui va d’unités familiales très informelles et aux contenus exclusivement confessionnels, à des établissements formels plus ou moins intégrés à l’offre publique, en passant par des formes intermédiaires, et évolutives dans le temps. Il s'agit d'un système éducatif largement répandu, et d'une réalité qui ne peut pas être ignorée dans l’élaboration des politiques publiques locales.
A lire sur The Conversation
Objectif
La finalité de cette étude est de contribuer à la production de connaissances actualisées et pertinentes sur l’éducation arabo-islamique au Sahel, phénomène complexe, très ancré et diffus dans les sociétés sahéliennes mais qui reste un angle mort de la recherche et des politiques publiques. Ce projet a aussi pour objectif d’informer les décideurs des pays sahéliens et les différents bailleurs sur ce phénomène, en vue de les doter de clés de lecture nécessaires à la conduite de politiques publiques.
En effet, la connaissance de l’éducation arabo-islamique sous ses différentes formes est une condition préalable à toute intervention, qu’il s’agisse d’encadrer les pratiques jugées les plus discutables, de favoriser la prise en compte de cette offre dans les politiques d’éducation et de formation professionnelle ou d’appuyer une offre éducative qui peut s’avérer particulièrement pertinente en situation de crise, notamment sécuritaire.
Méthode
Première recherche d’envergure sur l’éducation arabo-islamique à l’échelle des six pays sahéliens, le projet EDUAI a été conduit par une équipe pluridisciplinaire et plurinationale, coordonnée par le Dr Hamidou Dia de l’IRD.
Ce projet a pris appui sur des inventaires extensifs (inventaire des recherches, de la littérature grise, des structures et institutions, des données quantitatives et de la presse), ainsi que sur des enquêtes de terrains et des entretiens auprès des différentes catégories d’acteurs de l’EDUAI. Plusieurs ateliers de recherche et moments d’échange avec les parties prenantes ont permis de mettre en débat les résultats et d’alimenter l’élaboration des rapports pays et de la synthèse, rédigés suivant un canevas commun afin de faire émerger les éventuelles analogies, voire d’identifier les phénomènes de portée transnationale ou régionale.
Résultats
L’étude confirme le dynamisme de l’éducation arabo-islamique au Sahel, qui se manifeste notamment par un renouvellement des publics. On observe ainsi une féminisation des écoliers – au Tchad et au Niger, plus de 50% des élèves sont des filles –, et la présence accrue des classes moyennes. La réémergence des universités arabo-islamiques dans certains pays (notamment au Niger et au Mali) montre aussi ce dynamisme.
L’étude souligne la diversité des ressources finançant l’EDUAI, qui varient largement d’un pays mais aussi d’une école à l’autre. Selon le contexte, l’importance des ressources provenant de l’étranger donne un poids important aux acteurs et aux dynamiques étrangères dans l’évolution de l’EDUAI.
L’étude montre aussi que le positionnement de cette offre vis-à-vis de l’État varie en fonction des acteurs, courants, modes d’intervention et modes de financement. Selon les types d’offre, les milieux de résidence ou les profils des élèves, l’éducation arabo-islamique peut être complémentaire de l’éducation classique ou s’y substituer, ce qui est le cas notamment dans les régions où les services publics sont déstabilisés.
Vous trouverez ci-dessous les différents papiers de recherche liés à ce programme de recherche :
- Rapport de synthèse du projet Education arabo-islamique au Sahel
- Etat des lieux de l'EDUAI au Niger
- Etat des lieux de l'EDUAI au Sénégal
- Etat des lieux de l'EDUAI au Tchad
- Etat des lieux de l'EDUAI en Mauritanie
- Etat des lieux de l'EDUAI au Burkina Faso
- Etat des lieux de l’EDUAI au Mali
- « Les institutions d’éducation islamique au Sahel : entre développement communautaire privé et desseins hégémoniques des systèmes scolaires étatiques »
Un webinaire de la série Conversations de recherche a été organisé en septembre 2022 et peut être revisionné en replay (ci-dessous).
Enseignements
Cette étude confirme l’existence d’une offre éducative plurielle et évolutive, avec l’émergence, au cours des dernières décennies, de nouveaux formats, poussant parfois vers une modernisation de l’éducation, parfois vers un retour aux traditions, avec des tensions entre les acteurs de l’EDUAI et/ou des divisions intra-nationales importantes autour des questions religieuse et linguistique.
Le positionnement de cette offre vis-à-vis de l’Etat et des institutions varie en fonction des acteurs, courants, modes d’intervention et modes de financement. Dans certains pays, les tentatives de réformes par l’Etat ont fini par cristalliser les tensions et entériner la dualité du système. Néanmoins, l’essor et le dynamisme de cette offre éducative dans la région plaident pour que l’on explore plus en profondeur les possibilités d’établir des passerelles avec l’enseignement séculier.
Mettant en lumière la diversité de cette offre éducative et des acteurs qui la portent, le projet permet d’en améliorer la compréhension et de guider la prise de décision de l’AFD, de ses partenaires sahéliens ou des bailleurs, à un moment où l’EDUAI devient pour eux un champ d’intervention à part entière.
Contacts
- Dr Hamidou Dia, socio-anthropologue, chargé de recherche à l'IRD
- Linda Zanfini, chargée de recherche à l'AFD
A lire aussi
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Ce projet vise à renforcer les compétences et les synergies d’un pôle d’expertise régional en matière de développement international, situé dans la ville de Clermont-Ferrand, et son rayonnement à l’international. Cela passe par le financement d’activités de formation et de renforcement de capacités de recherche à destination d’acteurs (cadres, jeunes chercheurs, etc.) de pays du Sud, ainsi que d’activités de recherche sur le développement.
Contexte
Depuis plusieurs décennies, la ville de Clermont-Ferrand représente un pôle de compétences en économie du développement reconnu au niveau français et international, grâce aux activités de recherche de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (FERDI) et à une offre de formation qui cible notamment les cadres et les futurs décideurs des pays du Sud, dispensée par la FERDI et le Centre d’études et de recherches sur le développement international (CERDI) depuis 1976.
Ce pôle sera désormais renforcé grâce à la présence du Global Development Network (GDN), organisation internationale ayant pour mission le renforcement des capacités de recherche dans les pays du Sud. Celui-ci a souhaité implanter une antenne à Clermont-Ferrand pour bénéficier du contexte dynamique de la ville et orienter davantage ses activités vers l’Afrique.
Via l’AFD, l’Etat français soutient les activités de recherche, de formation et de renforcement des capacités de recherche des acteurs du pôle, dont la proximité permettra de consolider l’écosystème d’expertise local et développer des synergies au bénéfice de leurs partenaires du Sud.
EN SAVOIR PLUS SUR...
Objectif
Ce projet poursuit trois objectifs complémentaires :
- Soutien à la création à Clermont-Ferrand d’une antenne du GDN, pour lui permettre de poursuivre depuis la France ses activités phares (comme sa conférence annuelle « Global Development » et le blog Global Dev) et de lancer un programme ambitieux alliant des diagnostics des systèmes de recherche et des activités de renforcement des capacités de chercheurs et institutions de recherche d’Afrique francophone ;
- Appui aux activités de recherche de la Ferdi, pour lui permettre de gagner en visibilité et en influence sur les questions liées au développement durable ;
- Renforcement des activités de formation de la Ferdi en partenariat avec l’Université Clermont-Auvergne en faveur des cadres et futurs décideurs des pays du Sud, dont le parcours « Maîtrise d'ouvrage pour le développement » (Modev) mis en œuvre avec le Campus groupe AFD, ainsi que des activités de formation complémentaires.
Résultats
Les impacts attendus du projet sont :
- Pour les acteurs du Pôle clermontois : renforcement de l’influence et du rayonnement du PCDI et de ses acteurs, leur permettant de se positionner comme référence sur les questions de développement dans les débats nationaux et internationaux afin d’« influencer les politiques mondiales, soutenir les solutions locales » ;
- Pour les partenaires du Pôle au Sud, notamment en Afrique francophone :
- Amélioration des compétences des cadres bénéficiaires des formations (femmes et hommes) en matière de gestion des politiques et projets de développement ;
- Renforcement des capacités de recherche des chercheurs et chercheuses et des institutions partenaires au Sud sur les questions de développement durable, ainsi que de leurs capacités à participer au débat public ;
- Développement et/ou consolidation des réseaux de chercheurs/chercheuses et d’apprenants/apprenantes dans les pays bénéficiaires ;
- Amélioration du dialogue de politiques publiques, pour que l’élaboration des politiques de développement dans les pays partenaires de l’AFD bénéficie des éclairages d’une recherche ancrée localement.
Le Pôle clermontois a été officiellement inauguré en avril 2024 à Clermont-Ferrand.
Aller plus loin
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Les zones côtières du golfe de Guinée sont particulièrement exposées à la hausse du niveau marin causé par le changement climatique. Cependant, pour évaluer correctement les risques pour les populations et les écosystèmes, il est indispensable de tenir compte d’un éventuel enfoncement progressif du sol lui-même. Le programme de recherche ENGULF a pour objectif de quantifier et comprendre les moteurs de ce phénomène, notamment dans les mégapoles et deltas de la région.
Contexte
Densément peuplé et de faible élévation, le littoral du golfe de Guinée est particulièrement exposé à l’érosion et à la hausse du niveau marin. Les zones côtières de cette région expérimentent déjà des taux d’érosion alarmants, avec un recul du trait de côte de 1 à 15 mètres par an, un phénomène principalement dû aux activités humaines qui perturbent les dynamiques sédimentaires. A moyen et long terme, les populations et écosystèmes du littoral sont également exposées aux risques d’inondations accrues ou de submersion en raison de la hausse du niveau marin causée par le changement climatique. Cette hausse du niveau marin pourrait atteindre plus d’un mètre d’ici 2100, menaçant les millions de personnes vivant dans les zones côtières à moins de 2 mètres d’élévation – or ce risque est assez peu étudié dans la région.
Par ailleurs, afin d’évaluer correctement les risques associés à la montée des eaux, il est indispensable de tenir compte des éventuels mouvements du sol lui-même. Lorsque le sol s’enfonce progressivement, on parle de subsidence. C’est un phénomène important à l’échelle mondiale, notamment dans les mégapoles côtières et les deltas : 51 à 70% de la montée des eaux expérimentée actuellement par les populations côtières serait en réalité causée par la subsidence. Les taux de subsidence les plus importants observés à travers le monde, qui peuvent atteindre plusieurs centimètres à dizaines de centimètres par an sont généralement dû à une surexploitation des eaux souterraines. Si le problème est bien identifié dans certaines zones, il reste globalement sous-quantifié, y compris dans le golfe de Guinée.
A lire sur The Conversation : Montée des eaux et affaissement des sols, une double menace pour les régions côtières du golfe de Guinée ?
Objectif
Le programme de recherche ENGULF a pour objectif de mieux évaluer l’exposition des zones côtières du golfe de Guinée à la montée relative du niveau marin, c’est-à-dire la combinaison de la hausse absolue causée par le changement climatique et de la perte d’altitude causée par la subsidence. Il s’agit donc de :
- Quantifier les taux de subsidence actuels, pour l’ensemble du littoral de la Côte d’Ivoire au Nigéria,
- En comprendre les causes afin de pouvoir réaliser des projections pour les prochaines décennies,
- Cartographier les zones les plus exposées.
Ces informations sont cruciales pour anticiper les risques d’inondation ou submersion et mettre en place des politiques publiques adaptées en terme de protection des populations, d’aménagement urbain ou d’exploitation des eaux souterraines.
Méthode
Un premier groupe de travail se consacre à l’évaluation des taux de subsidence actuels pour les grandes villes côtières et deltas du golfe de Guinée, grâce à l’analyse de mesures satellitaires sur plusieurs années. Les résultats permettront de déterminer dans quelle mesure la subsidence est déjà à l’œuvre dans certaines zones et d’établir des projections de montée relative du niveau marin. La combinaison de ces projections avec les données d’altitude permettra une une première cartographie des zones les plus exposées au risque de submersion dans les prochaines décennies.
Un deuxième groupe travaille spécifiquement sur le cas de la ville de Lagos, pour laquelle des analyses plus approfondies seront effectuées afin de comprendre les causes de la subsidence dans cette zone. Un modèle numérique permettant de simuler les processus à l’œuvre sera construit afin de réaliser des projections de la subsidence future selon différents scénarios. L’approche développée pour Lagos sera ensuite étendue à 3 ou 4 autres zones identifiées par le premier groupe de travail comme particulièrement exposées à la montée des eaux, grandes villes côtières ou deltas.
En parallèle, des événements de diffusion et partage des connaissances seront organisés régulièrement tout au long du projet afin de construire une communauté d’intérêt régionale autour de la problématique de la hausse relative du niveau marin.
Résultats
Les principaux résultats attendus sont des publications scientifiques, des bases de données accessibles en ligne et des rapports pour décideurs. Ils permettront d’alimenter les études de faisabilité et les plans d’adaptation face à la montée des eaux. Ils permettront en particulier de mieux anticiper les risques associés à la hausse relative du niveau marin donc de mieux calibrer les mesures de protection, mais également d’anticiper si certaines zones naturelles pourraient, à terme, ne plus pouvoir remplir leur rôle de protection.
La compréhension des causes de la subsidence permettra également d’identifier les leviers d’action publique autour desquels des projets d’investissement devraient se développer pour atténuer le phénomène. Enfin, le programme de recherche ENGULF permettra également d’amorcer et/ou de nourrir des dialogues de politique publique autour de la vulnérabilité côtière, favorisant ainsi l’émergence de projets d’adaptation.
Un premier webinaire, dans la série Conversations de recherche, a été organisé le 22 novembre 2023 pour partager l'état des connaissances sur la montée relative du niveau marin dans le golfe de Guinée. Le replay est disponible en anglais.
L'équipe de recherche ENGULF a ensuite organisé une série de trois webinaires pour présenter les principaux enseignements du projet. Les liens vers les replays (en anglais) sont disponibles ci-dessous.
- Session 1: "Sinking Shores, Rising Concerns: Coastal Land Subsidence and its Implications for the Future of Ghana's Volta Delta" (4 avril 2024). Prof. Kwasi Appeaning Addo et Dr. Selasi Yao Avornyo ont présenté leurs travaux de recherche, menés à l'université du Ghana.
- Session 2: "Insights into Increasing Land Subsidence along Nigeria's Gulf Coast" (2 mai 2024). Dr. Femi Ikuemonisan a présenté son travail de recherche mené à la Lagos State University of Education (LASUED, Nigeria).
- Session 3: "Unraveling Gulf of Guinea's land subsidence dynamics using InSAR post-processing insights". Dr. Roberta Boni a présenté son travail de recherche mené à la Scuola Superiore Studi IUSS de Pavie (Italie).
L'année 2024 s'est terminée avec un séminaire international au Ghana, qui s'est focalisé sur les enjeux liés à la subsidence des terres côtières. La vidéo récapitulative est disponible en cliquant ici.
Télécharger le rapport final (en anglais)
Retrouvez ci-dessous les publications de recherche réalisées dans le cadre d'ENGULF :
- Comment évaluer les risques d'inondation dans les zones côtières de basse altitude où on manque de données ? La précision des données sur l'élévation est déterminante (Editions Agence française de développement, avril 2024)
- A scoping study on coastal vulnerability to relative sea-level rise in the Gulf of Guinea: Coastal elevation and literature review (Editions Agence française de développement, juin 2023)
- A scoping review of the vulnerability of Nigeria's coastland to sea-level rise and the contribution of land subsidence (Editions Agence française de développement, juin 2023)
- Vulnerability of Ghana's coast to relative sea-level rise: A scoping review (Editions Agence française de développement, juin 2023)
- A scoping review of coastal vulnerability, subsidence and sea level rise in Ghana: Assessments, knowledge gaps and management implications (Quaternary Science Advances, octobre 2023)
- The contribution of coastal land subsidence to potential sea-level rise impact in data-sparse settings: The case of Ghana’s Volta delta (Quaternary Science Advances, juin 2024).
- ENGULF: Coastal land subsidENce in the GULF of Guinea – The case of Dakar and Cape Verde Peninsula (Senegal): Vertical land motion, its relations to hydrogeology and land use and implications for relative sea-level rise and flood exposure. (ENGULF, 2025)
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Marie-Noëlle WOILLEZ
Chargée de recherche
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Quels sont les effets des plateformes numériques de travail sur le secteur des services aux personnes en Argentine ? Ce projet s'intéresse aux conditions de travail et aux tâches des travailleurs de plateformes numériques (livraison de nourriture, VTC, ménage et réparation à domicile) dans la zone métropolitaine de Buenos Aires. Il examine également, par le prisme des inégalités de genre, dans quelle mesure le caractère flexible de ces plateformes peut avoir une influence sur l'entrée et le maintien dans l'emploi, ainsi que sur les performances de ces travailleurs et travailleuses.
Contexte
En Argentine, le développement de l’économie des plateformes est un phénomène récent mais en expansion rapide. La grave crise économique déclenchée à la fin de la dernière décennie, renforcée par la Covid-19, a contribué à déstabiliser les relations de travail dans un environnement où l’informalité est répandue et où les inégalités de genre se reproduisent dans les différents secteurs d'activité. De plus, le fort taux d'accès à Internet (qui fait partie des plus élevés d'Amérique latine), combiné à la dégradation des principaux indicateurs du marché du travail, ont créé un environnement favorable à l’expansion de cette forme de travail.
Objectifs
Ce projet de recherche, mené en partenariat entre l’AFD et le département d'Economie de l’Université nationale General Sarmiento (UNGS), visait à collecter des données primaires, qualitatives et quantitatives, sur les plateformes numériques de travail dans la zone métropolitaine de Buenos Aires. Pour cela, le projet s'est penché sur un certain nombre de métiers s'appuyant sur des applications numériques dans le secteur des services : travail ménager, réparations à domicile, transport privé de passagers et services de livraison.
Le projet cherchait à analyser différents aspects de ces métiers, en s'intéressant tout d'abord aux caractéristiques des travailleurs qui s’y engagent, à leurs conditions de travail et à leurs perceptions de ce type d'activité. Il a également analysé les niveaux de flexibilité et/ou de contrôle imposés par ces plateformes, examinant leur articulation avec la réglementation du travail existante et ce que cela implique en termes de conditions de travail.
Enfin, le travail de recherche visait à identifier les opportunités et les défis que pose ce type d'activité pour l'entrée et le maintien dans l'emploi des travailleurs. Il a accordé une attention particulière à la question du genre, et à la façon dont celui-ci pouvait être un facteur limitant de l'activité professionnelle pour les métiers concernés.
A lire : Les conductrices Uber en Argentine face aux inégalités de genre
Méthode
Le projet a utilisé une approche mixte, ce qui a permis d'obtenir des données qualitatives et quantitatives :
- Pendant la première phase, l'équipe de recherche a mené une série d’entretiens, individuels et collectifs, avec les travailleurs de chaque groupe professionnel, et ce pour examiner de façon approfondie les différents aspects de leur travail via les plateformes.
- Pendant la seconde phase, et en s'appuyant sur les données qualitatives précédemment collectées, une enquête quantitative a été conçue pour recueillir des données sur les travailleurs concernés, et ainsi renforcer les connaissances sur leur expérience sur les plateformes. L’enquête s'est appuyée sur un échantillonnage non probabiliste avec des quotas de genre par plateforme, afin d'assurer la comparabilité entre les professions et les groupes démographiques. De plus, grâce à une collaboration avec le bureau de l’OIT en Argentine, les données ont été examinées conjointement avec un ensemble de données existant produit par l’OIT.
Résultats
Cette collaboration a mené à la production de plusieurs articles et présentations, dont cinq papiers de recherche publiés aux Editions AFD et disponibles en libre accès :
- Le premier papier de recherche examine dans quelle mesure le travail sur des plateformes numériques, pour trois professions, contribue à augmenter le nombre de travailleurs inscrits au registre du travail, dans une économie marquée par une forte informalité.
- Le deuxième papier de recherche explore les défis de la réglementation du travail des travailleurs de plateforme, en se concentrant sur le cas de la livraison à domicile.
- Le troisième papier de recherche examine comment la digitalisation des relations de travail a affecté les travailleuses domestiques argentines pendant la phase la plus sévère de la pandémie de Covid-19.
- Le quatrième papier de recherche s'intéresse aux inégalités de genre dans le cas du travail de livraison à domicile et de transport de passagers via des plateformes.
- Le dernier papier de recherche examine plus en profondeur les trajectoires professionnelles des femmes conductrices de Uber.
Un webinaire du cycle « Conversation de recherche » a été organisé en mai 2022 pour partager les conclusions de ces études :
Contacts :
- Dr Francisca Pereyra, professeure adjointe au département d'Economie de l'Institut des sciences de l'Universidad Nacional de General Sarmiento (UNGS)
- Dr Cecilia Poggi, chargée de recherche à l'AFD