Mention légale UE (projet) Il est essentiel d’évaluer comment et dans quelle mesure les projets et programmes financés par les institutions financières de développement contribuent à l’objectif de réduction des inégalités au sein des pays. Une méthodologie (Morabito et al. 2021) propose un ensemble d’outils d’analyse identifiant les impacts distributionnels potentiels des programmes ou projets de développement en analysant si les bénéficiaires de ces programmes appartiennent aux 40 % les plus pauvres de la distribution des revenus par le biais d’une combinaison d’outils d’analyse.
Contexte
La réduction les inégalités de revenus et des inégalités d’autres dimensions du bien-être est au cœur de l’Objectif de développement durable 10 (ODD10). Les agences de coopération multilatérales et bilatérales ont dirigé leurs efforts vers la promotion de la bonne gouvernance, du développement humain et économique, du combat contre la faim et enfin, de la réduction des inégalités.
L’augmentation des financements d’initiatives axées sur la réduction des inégalités s’accompagne d’une nécessité de suivre les progrès accomplis dans le cadre de l’ODD 10, mais surtout d’évaluer la contribution des acteurs du développement à la réalisation de cet objectif. Cependant, mesurer les impacts distributifs des projets de coopération au développement est une tâche difficile en raison d’une myriade de facteurs : les effets des politiques de redistribution nationales, la structure des marchés du travail et d’autres facteurs, tels que les institutions, qui peuvent avoir un impact sur les inégalités. La méthodologie développée par Morabito et al. permet d’analyser l’impact potentiel des projets de développement sur la réduction des inégalités en examinant principalement dans quelle mesure ces projets profitent de manière disproportionnée aux plus vulnérables grâce à une combinaison d’outils analytiques (un tableau de bord (scoreboard), une analyse statistique des projets de développement basée sur l’Equity Tool et une analyse d’incidence fiscale).
Cette méthodologie a d’abord été testée sur trois projets de développement financés par l’AFD au Cameroun, en Colombie et en Tunisie dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités.
Ce projet s’inscrivait dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités, coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne sur la période 2017-2020. La première phase de la Facilité a permis la conduite de 22 projets de recherche et la publication d’une centaine de papiers de recherche et de policy briefs.
Une seconde phase du projet de recherche a été lancée en 2022 dans le but d’étendre la phase initiale, de tester une nouvelle fois la validité de la méthodologie en ce qui concerne le revenu et d’autres formes de dimensions du bien-être et afin d’élaborer les lignes directrices pour la création d’un « marqueur inégalité ».
Objectifs
La phase initiale du projet visait à piloter l’application de la méthodologie développée par les chercheurs sur trois projets financés par l’AFD :
- Un programme d’appui à l’amélioration de l’habitat urbain en Tunisie,
- Un programme axé sur le renforcement des capacités des petites et moyennes entreprises au Cameroun,
- Une opération d’appui budgétaire visant à soutenir une réforme du secteur de la santé en Colombie.
L’objectif était de tester la méthodologie afin de déterminer la pertinence des informations qu’elle fournit et, sur la base de ces résultats, de revoir et d’ajuster la méthodologie elle-même.
La seconde phase du projet visait à :
- Élaborer les lignes directrices pour la création d’un « marqueur inégalité » pour la coopération au développement ;
- Tester une version améliorée de la méthodologie sur quatre programmes de développement de l’AFD et de l’UE:
- Un programme promouvant un accès durable à l’électricité pour les populations rurales pauvres non desservies au Bénin;
- Un programme visant à améliorer la santé et les conditions de vie des habitants du district rural d’Isingiro (Ouganda) et de ses camps de réfugiés;
- Un programme facilitant le commerce entre l’Éthiopie et Djibouti et permettant aux entreprises et aux producteurs, ainsi qu’aux populations les plus vulnérables, de bénéficier de ces améliorations;
- Un programme contribuant à l’adaptation des communautés au changement climatique au Vietnam.
Méthode
L’étude initiale a permis de déterminer si les bénéficiaires des programmes des trois interventions sélectionnées appartenaient aux 40 % les plus pauvres de la distribution des revenus, grâce à un ensemble d’outils d’analyse :
- Premièrement, un tableau de bord (scoreboard) qui évalue si la réduction des inégalités est un objectif central des programmes de développement;
- Deuxièmement, l’Equity Tool, qui permet d’évaluer la position des bénéficiaires directs au sein de la distribution nationale (urbaine ou rurale) des revenus;
- Troisièmement, le Commitment for Equity Tool, qui permet d’estimer l’impact distributif de l’appui budgétaire général ou sectoriel.
Les étapes méthodologiques de la seconde phase du projet de recherche étaient les suivantes :
- Affiner et améliorer les marqueurs d’inégalité et le tableau de bord pour fournir des repères et des indicateurs clairs, alignés sur les approches d’évaluation utilisées par la Commission européenne, afin d’évaluer si les interventions de développement se concentrent sur les 40% des individus ou des ménages les plus pauvres, ou sur les groupes vulnérables ciblés par des politiques de développement spécifiques.
- Élargir la portée du questionnaire Equity Tool pour inclure des questions qui englobent la répartition des bénéficiaires des projets parmi les groupes vulnérables (femmes, minorités ethniques, religieuses, etc.).
- Appliquer la méthodologie révisée aux quatre études de cas.
Résultats
Résultats de la première phase du projet :
Dans l’ensemble, les résultats soulignent l’importance de mettre en place un ciblage en faveur des plus pauvres lors de la conception des projets de développement qui visent explicitement (ou implicitement) la réduction des inégalités dans les pays partenaires. Le principal atout de la méthodologie est qu’elle permet d’évaluer la portée potentielle des interventions pour les 40 % les plus pauvres de la distribution des revenus. Les informations fournies à travers cette méthodologie s’avèrent essentielles pour affiner les politiques publiques avant leur mise en œuvre afin de maximiser leur impact redistributif.
- Lire le papier de recherche lié à ce projet (en anglais) : The distributional impacts of development cooperation projects
Résultats de la deuxième phase du projet :
Cette deuxième phase a permis :
- L’élaboration de lignes directrices pour la mise en œuvre de la méthodologie, qui ont été utilisées pour développer le marqueur inégalité de la Commission européenne (Inequality Marker, ou I-Marker) :
Le I-Marker évalue si, et dans quelle mesure, la réduction des inégalités est un objectif d’intervention de développement. À cette fin, un ensemble de critères a été élaboré pour déterminer si la réduction des inégalités n’est pas ciblée (I-0), si elle est un objectif significatif (I-1) ou s'il s'agit de l'objectif principal (I-2).
Le I-Marker se concentre sur les personnes, les ménages ou les groupes les moins favorisés (les plus pauvres) ou les plus défavorisés sur le plan socioéconomique. Pour en savoir plus, regardez la vidéo sur le Inequality Marker.
- L’élaboration d’un rapport sur le testing de la méthodologie sur les quatre études de cas : Assessing the distributional impacts of development interventions - the Inequality Marker
Enseignements
Ce projet a souligné l’importance d’identifier les bénéficiaires directs et indirects des projets, mais aussi, plus largement, d’obtenir une compréhension complète des interventions de développement, qui sont ici analysées sous l’angle de leurs objectifs et de leurs conditionnalités.
Tout aussi importante est la participation des partie-prenantes dans la communication de leurs objectifs, de la portée et des limites des études. Dans certains cas, l’inclusion d’une composante qualitative au travers d’interviews, de consultations ou éventuellement de missions de terrain, peut être nécessaire pour assurer la réussite de la mise en œuvre et l’achèvement des études.
Contact
-
Anda DAVID
Économiste, coordinatrice scientifique de la Facilité UE-AFD de recherche sur les inégalités
Mention légale UE (projet) L’évaluation CEQ est un outil analysant l’impact de la fiscalité et des dépenses sociales sur les inégalités et la pauvreté et qui permet aux gouvernements d’évaluer l’impact redistributif et de réduction de la pauvreté de leur politique fiscale. Lors de la première phase du projet (2018-2020), l’Agence française de développement (AFD) et le Global Development Network (GDN), en partenariat avec le Commitment to Equity Institute (CEQ) et des universités et collectivités locales, ont mis en œuvre l’évaluation CEQ dans quatre pays africains : le Maroc, l’Afrique du Sud, le Cameroun et le Kenya.
Afin de documenter sa planification quinquennale, le Sénégal a sollicité l’appui de l’AFD et du GDN pour étudier l’impact de scénarios de réformes fiscales et sociales. Une seconde phase du projet, centrée sur le Sénégal mais aussi sur les questions méthodologiques, se déroule ainsi sur la période 2023-2024.
Contexte
Au cours de la première phase du projet, le Maroc, l’Afrique du Sud, le Cameroun et le Kenya ont été sélectionnés pour participer à un programme de recherche, d’analyse et de recommandations politiques qui a permis d’élargir considérablement la base de connaissances pour la mise en place de politiques fiscales de redistribution efficaces et garantes de protection pour les foyers pauvres et vulnérables. Le programme a aussi permis à ces pays d’apprendre des expériences des autres et, dans certains cas, de dupliquer les initiatives réussies. Le programme de travail imaginé par le partenariat AFD-CEQ Institute a également permis de promouvoir le partage de compétences et le renforcement des capacités entre les pays.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités, coordonnée par l’AFD et financée par l'Union européenne sur la période 2017-2020. La première phase de la Facilité a permis la conduite de 22 projets de recherche et la publication d’une centaine de papiers de recherche et de policy briefs.
La seconde phase de ce projet se concentre, entre autres, sur le Sénégal, pays qui est confronté à plusieurs enjeux d’importance, parfois contradictoires, susceptibles de modifier durablement le contrat social et la redistribution du revenu national, tels que :
- la mise en exploitation de gisements de gaz et de pétrole (et la perception des recettes fiscales afférentes),
- la conduite d’un partenariat pour une transition énergétique juste (Just Energy Transition Partnership - JETP) qui appelle parallèlement à la décarbonation de la croissance,
- l’extension souhaitée des dispositifs de protection sociale (santé, retraite) accompagnant une transition démographique encore en cours,
- le démantèlement des subventions énergétiques permettant de financer davantage d’infrastructures et de développer des subventions mieux ciblées pour les ménages pauvres.
La définition de politiques réduisant les inégalités rencontre une forte demande sociale, mais cela dans un contexte d’instabilité régionale, de multiplication des conflits, d’inflation mondiale et d’urgence climatique. Cette analyse sera menée en partenariat avec la Direction générale de la planification et des politiques économiques (DGPPE) du ministère de la Planification du Sénégal et la Banque mondiale.
Objectifs
L’élaboration des évaluations CEQ, qui sont la pièce maîtresse du partenariat AFD-CEQ Institute, permet d’atteindre simultanément deux objectifs majeurs :
- La mise en œuvre des évaluations CEQ constitue une base de données empiriques (pays par pays) de l’impact des politiques fiscales de redistribution et de réduction de la pauvreté, à la fois de manière générale et spécifique (éléments fiscaux tels que les revenus ou les dépenses).
- L’application des évaluations CEQ avec les équipes de recherche locales favorise en outre le transfert de savoirs et de compétences entre les chercheurs et les acteurs politiques, qui bénéficient ainsi de ces informations.
Le partenariat AFD-CEQ Institute permet ainsi de créer l’infrastructure humaine nécessaire aux analyses d’incidence fiscale, notamment des simulations de politiques, et ce, de manière durable.
Dans le cadre de la seconde phase du projet, l’objectif est pour les partenaires sénégalais de maîtriser l’outil CEQ d’analyse d’incidence fiscale et d’étudier une série de réformes pro-pauvres pour réduire les inégalités sociales et/ou régionales. Le livrable attendu est un rapport chiffrant les impacts de 5 axes de réforme (coût, effets, financement).
Méthode
L’évaluation CEQ est une analyse exhaustive et rigoureuse des taxes et transferts sociaux qui permet un engagement actif avec les décideurs politiques. Elle vise à répondre aux quatre questions suivantes :
- Dans quelle mesure la politique fiscale permet-elle de redistribuer les revenus et de réduire la pauvreté ?
- Dans quelle mesure les dépenses gouvernementales et les taxes spécifiques sont-elles axées sur l’égalité et bénéficient-elles aux plus pauvres ?
- Les taxes et les dépenses gouvernementales sont-elles efficaces dans la réduction des inégalités et de la pauvreté ?
- Quel est l’impact des réformes fiscales modifiant l’assiette et/ou la progressivité d’une taxe ou compensation spécifique ?
Afin de répondre à ces questions, des experts du CEQ Institute se sont associés à des chercheurs de l’AFD et à des équipes de chercheurs locaux pour appliquer la méthodologie CEQ au Maroc, en Afrique du Sud, au Cameroun et au Kenya. L’objectif de la seconde phase de ce projet est désormais d’appliquer cette méthodologie au Sénégal.
À terme, l’objectif est de généraliser l’utilisation des évaluations CEQ en :
- Etablissant des partenariats et des forums avec les acteurs politiques ;
- Diffusant les résultats de la recherche au moyen d’un programme actif de sensibilisation et de communication mis en place avec des partenaires importants au sein des communautés de recherche, de philanthropie et des activistes sociaux.
Résultats
Vous trouverez ci-dessous les différentes publications liées à ce projet de recherche.
Rapports d’analyse d’incidence fiscale :
- Fiscal incidence, inequality and poverty in Kenya: a CEQ assessment (en anglais)
- The impact of taxes and transfers on poverty and income distribution in South Africa 2014/2015 (en anglais)
- Les effets de la politique budgétaire sur la pauvreté et les inégalités au Maroc
Policy briefs (en anglais) :
- Fiscal Incidence and Public Spending: Public Policy Scenarios for Colombia (janvier 2024, en anglais)
- Distributional Impact of Fiscal Policies: A Survey of Methodological Approaches (octobre 2024, en anglais)
- Analyse de l’incidence de la fiscalité et des dépenses sociales sur la pauvreté et les inégalités au Sénégal (janvier 2025)
Contacts
-
Anda DAVID
Économiste, coordinatrice scientifique de la Facilité UE-AFD de recherche sur les inégalités
-
Emmanuel FOURMANN
Chargé de recherche
Mention légale UE (projet) Les inégalités sont devenues le défi social de cette décennie. Du point de vue empirique, une série de travaux influents réalisés à partir des données internationales disponibles suggèrent que les inégalités mondiales ont chuté ces 25 dernières années. Cette tendance encourageante semble cependant avoir été entraînée par la convergence des PIB par habitant de différents pays et par le déclin subséquent des inégalités entre les pays. Jusqu’en 2000, le niveau moyen des inégalités au sein des nations était constant, mais a commencé à augmenter par la suite.
Contexte
Le tableau en Afrique est complexe, et souvent obscurci par des problèmes de données non fiables et non comparables, tant en termes d’époques que de pays. L’analyse de données relatives à l’Afrique la plus approfondie montre que les inégalités y sont très élevées en termes monétaires. Il s’agit du continent le plus inégal, mais il existe toutefois d’énormes variations dans l’ampleur, l’évolution et le caractère de ces inégalités.
Cela implique un double risque. L’Afrique doit s’assurer qu’elle est incluse dans les mesures internationales et aussi que les spécificités de ses sociétés sont prises en compte dans l’analyse à la fois des facteurs causant les inégalités et des inégalités subséquentes. C’est cette analyse qui servira de base pour que les interventions politiques et l’action de la société civile inversent la tendance. Il est par conséquent catastrophique de ne pas parvenir à mesurer et à comprendre les réalités de chaque contexte. Le Centre d’excellence abordera à la fois les défis liés à l’analyse et à la mesure des inégalités grâce au développement d’outils de diagnostic et au renforcement des capacités.
Ce projet s’inscrivait initialement dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités, coordonnée par l’AFD et financée par la direction générale des Partenariats Internationaux de la Commission européenne sur la période 2017-2020. La première phase de la Facilité a permis la conduite de 22 projets de recherche et la publication d’une centaine de papiers de recherche et de policy briefs.
Suite à la réussite de ce premier projet :
- Une cinquième analyse des inégalités a été lancée au Mozambique sur la période 2022-2024 ;
- Un projet de recherche visant à élargir et mettre à jour le manuel, en intégrant des méthodologies d’évaluation des vulnérabilités liées aux changements climatiques et aux transitions écologiques, a également été lancé sur la période 2024-2025.
Objectif
L’objectif premier de ce projet de recherche est de faire avancer l’analyse des inégalités africaines et la discussion politique sur les stratégies pour éliminer les inégalités en Afrique grâce à une série d’engagements nationaux. La structure et la dynamique du projet découle du développement d’un outil de diagnostic qui sera mis en place dans un nombre limité de pays pilotes. Cet outil de diagnostic consistera en une analyse en profondeur des différentes inégalités dans un pays donné. Il permettra au gouvernement d’identifier les priorités et les options de politiques à mettre en place afin de les réduire.
Pour élaborer l’outil de diagnostic, un guide sera rédigé pour établir une base commune permettant une comparaison par pays. Afin d'assurer un certain degré de comparabilité entre toutes les études nationales et de soutenir les chercheurs et les statisticiens dans la réalisation des diagnostics d'inégalité, un manuel (disponible en anglais et en français) a ainsi été élaboré par ACEIR. Et pour étendre son usage et améliorer la transparence, il sera appuyé par une plateforme centrale de données et des centres de données, fiables et vérifiées, dans chaque pays partenaire, ce qui facilitera une meilleure analyse des inégalités.
Méthode
L’outil de diagnostic s’appuiera sur trois piliers :
- Un examen conceptuel et empirique des études sur les inégalités en Afrique, ce qui permettra d’avoir une base de référence pour le développement de futurs projets et de mieux comprendre les spécificités des inégalités en Afrique et leur ampleur ;
- Un guide qui contiendra le cadre proposé pour le diagnostic des inégalités du pays en question, les questions de méthodologies autour de la mesure des inégalités et de leur analyse et les questions importantes liées aux politiques concernées ;
- Une aide à la mise en place du diagnostic du pays, en collaboration avec les équipes de chercheurs locales des pays pilotes, et la création d’une plateforme de données.
Résultats
En pratique, le diagnostic prend la forme d’un rapport qui donnera un aperçu des inégalités au sein d’un pays, au travers de toutes les dimensions pertinentes et pour une période donnée. Par ailleurs, il résume les principales politiques adoptées qui devraient avoir un impact sur les inégalités. Chaque pays utilisera son diagnostic comme une plateforme pour :
- s’engager politiquement sur des stratégies pour éliminer les inégalités ;
- stimuler un dialogue national et une recherche nationale sur les inégalités ;
- mener la discussion au niveau national grâce à des recherches approfondies et à impact élevé.
- Le manuel sur la mesure des inégalités : afin d'assurer un certain degré de comparabilité entre toutes les études nationales et de soutenir les chercheurs et les statisticiens dans la réalisation des diagnostics d'inégalité, un manuel (disponible en anglais) a été élaboré par ACEIR et publié en 2020. Un nouveau chapitre, en cours de rédaction, permettra de traiter les inégalités liées au changement climatique et aux facteurs environnementaux. Il sera disponible mi-2025 et accompagné d'une note méthodologique.
- Un papier de recherche sur les inégalités en Afrique subsaharienne, qui vise à promouvoir une meilleure analyse et une meilleure prise de décision politique dans la lutte contre les inégalités en Afrique : Inequality in Sub-saharan Africa : a review paper
- Le diagnostic des inégalités en Afrique du Sud, réalisé par l’Institut national de la statistique en Afrique du Sud (Statistics South Africa) en partenariat avec le Southern Africa Labour and Development Research Unit (SALDRU), l’African Centre of Excellence for Inequalities Research (ACEIR) dans le cadre de la Facilité UE-AFD : Inequality trends in South Africa : a multidimensional diagnostic of inequality
Ce rapport a été présenté lors d’un atelier impliquant tous les acteurs travaillant à la réduction des inégalités (11 février 2020, Cape Town), à l’occasion du 30e anniversaire de la libération de Nelson Mandela. La synthèse est disponible en anglais : Stakeholder engagement on inequality trends in South Africa.
- Le diagnostic des inégalités au Ghana, réalisé par l'ISSER et l'Université du Ghana en partenariat avec ACEIR dans le cadre de la Facilité UE-AFD : Inequality Diagnostics for Ghana
- Le diagnostic des inégalités au Kenya, réalisé par l'Université de Nairobi en partenariat avec ACEIR dans le cadre de la Facilité UE-AFD : Inequality Diagnostics for Kenya
- Une analyse détaillée des inégalités en Côte d'Ivoire : Etat des lieux des inégalités en Côte d'Ivoire
Plusieurs études ont été réalisées dans le cadre de la phase 2 :
- L'étude des inégalités sociales au Mozambique, réalisée par l'Instituto de Estudos Sociais e Económicos (IESE) et l'Université du Cap en partenariat avec l'African Centre of Excellence for Inequalities Research (ACEIR)
- Le diagnostic multidimensionnel des inégalités en Colombie, en collaboration avec Fedesarrollo et le DANE
- Le diagnostic multidimensionnel des inégalités en Indonésie, en collaboration avec LPEM et BPS-Statistics.
Le projet de recherche qui vise à enrichir le manuel débouchera sur un papier de recherche et une version mise à jour du manuel (à venir).
Contacts
- Anda David, chargée de recherche, AFD
- Rawane Yasser, chargée de recherche junior, AFD
Les outils mobilisés dans le cadre de la Facilité de recherche sur les inégalités
Mention légale UE (projet) Les inégalités face aux services urbains d’eau sont souvent perçues de manière très basique selon une lecture binaire « accès/non accès », avec pour horizon l’universalisation de l’accès au service public. En clair, la question a longtemps été de s’assurer que tous les habitants aient accès au service public d’approvisionnement en eau. Plus encore en Bolivie où l’eau est considérée comme un « bien commun » soumis à un principe de « non-marchandisation » inscrit dans la Constitution depuis 2009. Or, la crise de l’eau à La Paz en 2016 a mis en évidence un nouveau type d’inégalité face au service d’approvisionnement en eau. Ce sont, en effet, les quartiers sud de la capitale administrative du pays, peuplés par des habitants de classes moyennes et supérieures, plus exposés à la fragilité du système principal d’accès à l’eau, qui ont été privés de service pendant cet épisode de sécheresse. Il s’agit de l’une des nombreuses déclinaisons possibles des inégalités face aux services urbains de l’eau, dont l’analyse exige de dépasser la seule question de l’accès technique au réseau.
Contexte
En 2015, le niveau d'accès aux services d'eau « améliorés » dans les villes en Bolivie était de 97%, tandis que celui des services d'assainissement était limité à 61%. Au-delà de ces données générales, les données disponibles sur les taux d'accès aux services d’approvisionnement en eau peuvent masquer d'autres types d'inégalités urbaines liées à l'eau. Ces inégalités ne concernent pas uniquement l'accès technique au réseau, facilement repérable au demeurant sur une carte de desserte en service.
Il s’agit, par exemple, de la question des inégalités liées au paiement du service. Ce type de données est plus difficile à saisir car il est lié à la composition du ménage, aux pratiques, au niveau de consommation et, bien sûr, aux revenus. Un autre type d'inégalité est dû à la nature du fournisseur de services. Le service public de l’eau n’est pas la seule modalité d’approvisionnement en service en ville : il existe des petits dispositifs sociotechniques décentralisés à l’échelle des quartiers qui se substituent parfois au système principal ou y apportent un complément. Ils proposent généralement un service basique, de qualité acceptable, et des tarifs plus bas, mais impliquent une forte participation des usagers aux travaux collectifs de maintenance. En outre, la localisation de certains foyers, plus exposés que d’autres à la fragilité du système principal, constitue une nouvelle dimension des inégalités qui a été mise en évidence lors de la crise de l’eau à La Paz en 2016. La zone Sud avait alors été privée de desserte en eau pendant plusieurs semaines. D’autres facteurs d’inégalités sont repérables comme, par exemple, la couleur politique ou la capacité de mobilisation sociale de certains réseaux, qui peuvent parfois constituer de véritables avantages comparatifs dans les priorités d’accès aux services d’eau et d’assainissement.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités, coordonnée par l’AFD et financée par la Direction Générale des Partenariats Internationaux de la Commission européenne sur la période 2017-2020. La première phase de la Facilité a permis la conduite de 22 projets de recherche et la publication d’une centaine de papiers de recherche et de policy briefs.
Objectif
Mené par une équipe multidisciplinaire sous la coordination du CIDES-UMSA, ce projet de recherche entend examiner et analyser les différents types d’inégalités liées aux services d’eau et d’assainissement à la Paz-El Alto et à leurs évolutions au cours des dernières années. L’objectif est d’explorer comment des déterminants typiques tels que le revenu (inégalités verticales) et la localisation (inégalités spatiales). Les chercheurs s’intéressent également à d’autres types de déterminants moins étudiés, tels que l’exposition au changement climatique, les représentations sociales ou les ressources politiques, qui peuvent affecter la cohésion sociale. L’objectif est d’aboutir à une nouvelle lecture des inégalités urbaines à La Paz-El Alto afin d'alimenter le dialogue avec les autorités municipales et sectorielles.
Ce projet vise également à soutenir la recherche bolivienne à travers des formations, des ateliers méthodologiques, la participation à des conférences internationales, etc.
A lire sur The Conversation : Pour les femmes boliviennes, l’eau est source de vie… et d’inégalités persistantes
Méthode
Ce projet de recherche s’inscrit dans une approche à la fois pluridisciplinaire et pluri-thématique qui couple des enquêtes de terrain (qualitatives) sur différentes zones des deux villes autour de sujets-clés liés aux inégalités face aux services d’eau (évolutions des services sur la frange urbaine, petits systèmes, ressources socio-politiques des quartiers, usages partagés de l’eau en ville, etc.), des analyses historiques (genèse des inégalités face aux services), et des analyses statistiques -en lien avec les services de recherche de la ville-. Les résultats issus de ces différentes enquêtes et analyses seront régulièrement discutés lors d’ateliers de partage.
Résultats
Retrouvez la présentation du papier de recherche “Inequalities related to urban water services in La Paz-El Alto, Bolivia” par Sarah Botton (chargée de recherche AFD) et Patricia Urquieta (chercheuse au CIDES-UMSA) lors du troisième webinaire de la Facilité de recherche sur les Inégalités:
Vous trouverez ci-dessous les différents papiers de recherche liés à ce projet :
Les papiers suivants sont uniquement disponibles en anglais:
- Conflicts and tensions over water ownership in the territory of the urban-rural interface of Hampaturi, municipality of La Paz
- When governance fails: institutional asymmetries in water management in the municipality of La Paz
- Landscape of springs and collective outdoor laundries in the city of La Paz
- The ‘urbanization of water’ in La Paz, Bolivia: historical and conceptual perspectives
- Persistence of inequality in access to water: a look at the actions of women in peri-urban territories of the city of El Alto
- Territorial inequalities expressed in children's health in two neighborhoods with access to water in the city of El Alto
- Corporate citizenship and water urbanization on the outskirts of El Alto
Vous trouverez les dialogues de politiques publiques liés à ce projet ci-dessous (en anglais) :
- Springs and collective laundries in the City of La Paz, notes for their management
- Access to water : persistence of inequalities in the life of women
- Municipal planning and inter-institutional coordination for good water management
- Water and Sanitation works with Neighborhood Participation: regulated and transparent
- Water provision and management of urban-rural interface territories
- Water in the city of El Alto, a right that arrives incomplete
Contacts :
- Sarah Botton, chargée de recherche à l'AFD
- Patricia Urquieta, enseignante-chercheure CIDES-UMSA
Mention légale UE (projet) L’étude analyse l’évolution des inégalités entre 2010 et 2016 dans les deux principales villes jordaniennes qui accueillent des réfugiés syriens : 194 000 Syriens à Amman et 140 000 à Irbid, selon les données 2018 de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Ce projet de recherche consiste à étudier d’une part l’impact de l’afflux des populations syriennes sur l’évolution des inégalités économiques (revenus, croissance, pauvreté, etc.) et d’autre part sur le marché du logement (prix du marché immobilier, part du logement dans les dépenses des ménages, etc.).
Contexte
Le nombre de réfugiés syriens était estimé à 1,2 million de personnes en novembre 2015 selon le recensement officiel jordanien de la population, ce qui correspond à 10% à 12% de la population. Environ 660 000 d’entre eux sont enregistrés comme « demandeurs d’asile » par le UNHCR. Leur nombre diminue cependant depuis 2015, probablement en raison des migrations, notamment de retour vers leur pays d’origine.
Plus de 90% des réfugiés syriens ne souhaitent pas vivre de façon permanente dans les trois camps de réfugiés gérés par l’ONU au nord de la Jordanie. Ils s’installent donc dans les villes ou dans les espaces ruraux environnants, louant des appartements et vivant souvent dans des conditions de logement inadéquates. Leur principale motivation est l’accès à l’emploi.
Cet afflux de population dans les villes a un impact sur le logement, les services, les activités, les revenus et la distribution des ressources entre les citadins. Les inégalités au sein de la population jordanienne, en particulier entre les Jordaniens et les étrangers (1,7 millions d’étrangers vivent en Jordanie) peuvent être accrues.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités, coordonnée par l’AFD et financée par l'Union européenne sur la période 2017-2020. La première phase de la Facilité a permis la conduite de 22 projets de recherche et la publication d’une centaine de papiers de recherche et de policy briefs.
Objectifs
La première partie de l’étude porte sur les dynamiques des inégalités économiques entre ménages à Amman et Irbid, en utilisant les études sur le marché du travail jordanien de 2010 et 2016 (Jordan Labor Market Panel Survey) et les données sur les revenus et les dépenses des ménages (Household Expenditure and Income Survey, HEIS) 2013 et 2016.
La seconde partie de l’étude traite des inégalités de logement entre habitants de Amman et Irbid. Cette partie s’intéresse à la fois au coût du logement (dépenses pour les ménages) et au logement comme source de revenus (mise en location, vente…).
Méthode
Les indicateurs d’inégalités utilisés seront nombreux : le coefficient de Gini, mais aussi l’indice Atkinson et le ratio P90/P10, par exemple.
Les données proviendront :
- des études sur le marché du travail jordanien de 2010 et 2016 (Jordan Labor Market Panel Survey) ;
- des recensements de la population 2004 et 2015 (Jordanian Department of Statistics) ;
- des données sur les revenus et dépenses des ménages (Household Expenditure and Income Survey, HEIS) 2013 et 2016 ;
- des données du PNUD sur les inégalités socioéconomiques en Jordanie ;
- des données du UNHCR.
L’équipe de recherche est composée, côte jordanien, de deux économistes, d’une géographe et d’une sociologue ; et du côté de l’AFD, d’une économiste et d’une urbaniste.
Equipe
- Irène Salenson, chargée de recherche, AFD
- Abdel Baset Athamneh, responsable du département d’économie de l’université de Yarmouk