Bien que les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) ne soient pas habitées de façon permanente et que l’exploitation des ressources marines y soit limitée, des risques importants pèsent sur leurs écosystèmes marins en raison du changement climatique, de la pêche illicite ou de l’intensification du trafic maritime. Pour Franck Lustenberger, directeur de l'environnement des TAAF, « disparition programmée des glaciers, développement des espèces exotiques envahissantes, fragilisation des écosystèmes coralliens et érosion du trait de côte sont parmi les nombreux impacts étudiés et pris en compte dans nos mesures de gestion. »
Pourtant, « ces territoires sont des sites d’exception pour la biodiversité, avec des enjeux de préservation d’écosystèmes uniques à l’échelle internationale. »
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La France, à travers l’AFD, engagée pour la biodiversité et le climat dans les TAAF
Le projet de Restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien (Reci), financé par l’Union européenne via une subvention déléguée à l’AFD, présente trois objectifs majeurs :
- améliorer la surveillance et l’observation des écosystèmes (bio-indicateurs, suivi environnemental, mise à jour des plans de gestion) ;
- mettre en œuvre des projets collaboratifs de restauration des écosystèmes (ex. : éradication d’espèces exotiques envahissantes terrestres) ;
- consolider les dispositifs de prévention d’impacts sur les écosystèmes, en particulier par des mesures de biosécurité.
« Avec les TAAF, c’est un partenariat unique en son genre que nous développons à l’échelle du groupe AFD, explique Patricia Aubras, directrice régionale AFD pour l’océan Indien. Il touche directement les enjeux de préservation des écosystèmes, essentiels pour la biodiversité de l’océan Indien, tout en favorisant la recherche et les échanges d’expériences entre pairs. Ce partenariat se poursuit vers plus d’échanges au niveau régional sur la connaissance et la préservation des ressources halieutiques et des écosystèmes éloignés. »
L’AFD soutient également les TAAF dans l’élaboration de leur Plan climat-air-énergie territorial (PCAET), outil qui définit les objectifs des collectivités en termes de lutte contre le changement climatique, de transition énergétique… Via un financement du Fonds Outre-mer, les TAFF vont pouvoir réaliser un diagnostic global de vulnérabilité au changement climatique et d’émissions de gaz à effet de serre, construire un plan d’actions programmées et suivre ces actions avec des indicateurs d’objectifs (photovoltaïque en remplacement des groupes électrogènes thermiques, unités de potabilisation pour réduire les bouteilles d’eau en plastique importées et la production de déchets sur site, gestion des eaux usées…).
Les Terres australes et antarctiques françaises à la loupe
Collectivité territoriale d’Outre-mer sans population permanente ni élus, dont le siège administratif se situe à La Réunion, les TAAF sont réparties en cinq districts :
- les îles Éparses, au niveau subtropical : Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India, dans le canal du Mozambique, et Tromelin, au nord de La Réunion ;
- les îles australes, au niveau subantarctique : l’archipel de Crozet, l’archipel des Kerguelen, les îles Saint-Paul et Amsterdam ;
- la Terre Adélie, au niveau antarctique.

Avec son extension annoncée en février 2022 lors du One Ocean Summit, la réserve naturelle des terres australes françaises, composée des territoires de la zone subantarctique, a atteint 1,6 million de km², devenant la plus grande aire marine protégée française et la deuxième au niveau mondial.
La recherche, un outil essentiel pour ces territoires au cœur des enjeux climatiques
Du fait de leur localisation à des latitudes aux conditions climatiques extrêmes, par leur faible anthropisation et la diversité de leurs ressources marines et terrestres, les TAAF représentent de véritables laboratoires naturels permettant d’étudier les changements globaux de la planète et les grands enjeux environnementaux et scientifiques de la région. Des installations permanentes de suivi de l’atmosphère pour l’hémisphère Sud situées sur l’île Amsterdam ont permis l’acquisition de données de suivi, directement valorisées dans le cadre des travaux du Giec.
En 2022 a été lancée par l’Ifremer, avec le soutien de l’AFD, une mission océanographique exceptionnelle combinant recherche scientifique et enseignement pédagogique : l'École bleu outremer. Telle une université flottante, le Marion Dufresne (plus grand navire océanographique français et ravitailleur des territoires austraux dont la restauration a été financée par l’AFD il y a dix ans) est allé explorer les monts sous-marins et les îles Éparses, avec à son bord 50 étudiants, originaires de sept pays de l'océan Indien, et 20 encadrants scientifiques.
Regarder le documentaire Marion Dufresne, une école sur l’océan
L’appel à projets de recherche « Connectivité écologique pour maximiser la conservation de la biodiversité entre les Aires marines protégées du sud-ouest de l'océan Indien », actuellement en cours, vise de son côté à augmenter l'efficacité de la conservation de la biodiversité marine, avec notamment les apports de la recherche sur la connectivité des écosystèmes et des espèces marines. Il s’inscrit dans le cadre du soutien au développement de la recherche scientifique dans les îles Éparses, annoncé par Emmanuel Macron lors de son passage à Grande Glorieuse en 2019.
Cet appel à projets est porté par l’Agence nationale pour la recherche (ANR) et par les agences de recherche d’Afrique du Sud, de Tanzanie, du Mozambique et du Kenya. Il bénéficie du soutien de l’AFD. Lancé le 19 septembre, il est ouvert jusqu’au 30 novembre 2023.

Ce projet est réalisé avec le soutien de l’Union européenne