Avril 2025. À Accra, les représentants de plusieurs gouvernements africains, de la Banque mondiale, de l’Agence française de développement et de l’AAU se retrouvent pour marquer une étape clé : les dix ans du programme des Centres d’excellence africains (CEA). Lancée en 2014, cette initiative visait à relever un défi majeur pour le continent : former localement des talents de haut niveau capables de porter l'innovation, la recherche et le développement économique. Si la Banque mondiale est le principal financeur et l'AFD un partenaire clé via son cofinancement, c'est l’AAU qui assure la coordination opérationnelle du programme, jouant un rôle central dans sa mise en œuvre concrète.
À partir de 2018, l'AFD s’est associée à cet élan en cofinançant la phase Ace Impact, pour accompagner spécifiquement les centres de Côte d’Ivoire, du Nigéria et du Bénin. Cette phase visait à renforcer l’impact concret des centres sur leur environnement économique, en améliorant la qualité des formations, en favorisant l'accréditation internationale et en resserrant les liens avec les milieux professionnels. En parallèle, le projet Ace Partner, également soutenu par l'AFD via une subvention à l’IRD, a permis la création de quatre réseaux thématiques, connectant 23 centres d'excellence dans huit pays, pour encourager la coopération régionale et l'échange de bonnes pratiques.
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Plus de 90 000 étudiants formés
Dix ans plus tard, les résultats parlent d’eux-mêmes. Plus de 90 000 étudiants formés, dont près d'un tiers de femmes, plus de 8 000 doctorats délivrés, 87 brevets déposés, 76 marques créées, et 82 start-up lancées. Les centres ont également su lever près de 184 millions de dollars de financements extérieurs, démontrant leur capacité à devenir des acteurs reconnus de l'innovation sur le continent.
Pour le professeur G.A. Aderounmu, directeur du Centre d’excellence OAU ICT-Driven Knowledge Park au Nigeria, « Le programme Ace à l’université Obafemi Awolowo est avant tout une histoire d’autonomisation, de collaboration et d’impact. En encourageant les étudiants à s’approprier leurs projets et à développer des solutions concrètes, nous préparons une nouvelle génération de leaders capables de relever les défis complexes du XXIᵉ siècle. »
Grâce aux projets développés au sein des centres, les étudiants acquièrent des compétences précieuses qui dépassent le cadre académique traditionnel. Comme le souligne le professeur Aderounmu, « Grâce aux projets conduits au sein du centre, nos étudiants acquièrent des compétences essentielles en pensée critique, en leadership et en entrepreneuriat, ce qui leur donne un avantage décisif dans leur parcours professionnel et les prépare à devenir des acteurs majeurs de l’innovation. »
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Contribuer au développement durable en Afrique
Au-delà de la réussite individuelle, l'impact du programme se mesure aussi dans la capacité des centres à contribuer au développement durable des sociétés africaines. « En soutenant l’innovation portée par les étudiants, nous ne nous contentons pas d’accompagner leur réussite académique, nous contribuons activement au développement durable de nos communautés, en transformant les idées en solutions concrètes pour l’Afrique », poursuit le professeur Aderounmu.
Lors de la célébration organisée début avril à Accra, la Banque mondiale, l’AFD et l'AAU ont confirmé leur volonté de prolonger ce partenariat. Une nouvelle phase est en préparation, avec l’ambition de concentrer les efforts sur des secteurs stratégiques tels que la santé, l'agriculture et le numérique, notamment l’intelligence artificielle. L'AFD prévoit de s'associer à cette dynamique dès l'identification du projet en 2026.
À travers son engagement dans le programme Ace, l'AFD continue d'affirmer une conviction forte : soutenir l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, c’est investir durablement dans l’avenir du continent africain. « Le programme Ace a démontré avec succès qu’investir dans l’enseignement supérieur et la recherche, en lien étroit avec les acteurs économiques, permet de faire émerger localement des solutions innovantes, qu’elles soient technologiques, sociales ou environnementales, pour répondre aux défis du développement durable », conclut Gabrielle Leroux, coordinatrice Enseignement supérieur de l’AFD. Et l'experte de préciser qu'au-delà des Centres d’excellence africains, l’AFD accompagne aujourd’hui plus de 110 établissements d’enseignement supérieur sur l’ensemble du continent.