Les systèmes éducatifs, en particulier africains, ont accompli des progrès considérables pour accueillir les nouvelles générations à l’école – surtout les filles – et allonger la scolarité des jeunes. Mais le renforcement de la qualité de l’éducation, la réduction des inégalités, l’allongement des scolarités, là aussi en particulier pour les filles, sont encore des défis majeurs.
Pour aider les pays en développement à les relever, le Partenariat mondial pour l’éducation (PME) est un acteur incontournable dédié au financement exclusif de l’éducation de base, primaire et secondaire, dans les pays qui en ont le plus besoin.
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Le PME a été lancé en 2002 et n’a cessé de monter en puissance. Les besoins de financement de l’éducation restent en effet immenses, en particulier pour répondre aux grandes difficultés générées par la crise liée au Covid-19, menaçant d’interrompre de façon trop précoce la scolarité de millions d’élèves.
La reconstitution 2021-2025, qui sera coprésidée par le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président du Kenya Uhuru Kenyatta, vise les 5 milliards de dollars pour un cycle de cinq années. Lors du dernier G7, la Grande-Bretagne, l’Union européenne et l’Allemagne ont déjà annoncé leur contribution de 2,7 milliards d’euros.
La France, par la voix d’Emmanuel Macron, annoncera sa contribution le 30 juin, à l’occasion du Forum Génération Egalité, à Paris. Un montant qui pourrait être proportionnel pour cinq ans à sa contribution précédente de 200 millions d’euros, annoncée en 2018. Cet engagement fort tant financier que politique auprès du PME a été suivi en 2019 de l’installation à Paris d’un bureau du PME.
Le PME, modèle de gouvernance inclusive
« Outre sa spécificité éducative, le PME est un fonds fiduciaire rattaché administrativement à la Banque mondiale, mais avec un conseil d’administration indépendant, précise Raphaëlle Brody, responsable d’équipe projets à la division Éducation, Formation, Emploi à l’Agence française de développement (AFD). Ce fonds vertical bénéficie d’une gouvernance multipartite avec des voix pour les États bailleurs à parts égales avec les pays en développement, qui sont à la fois partenaires et bénéficiaires du PME, soit environ 90 pays. C’est un modèle de gouvernance inclusif qui intègre aussi des organisations de société civile spécialisées en éducation, des fondations et des entreprises privées. »
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Les budgets alloués sont calibrés selon des critères prenant en compte le PIB par habitant, le nombre d’enfants à scolariser, ainsi que la notion de retard en matière de scolarisation. Pour mettre les programmes en œuvre, le PME confie les enveloppes à des agents délégataires choisis par les gouvernements des pays concernés, en fonction des relations et de l’expertise. L’AFD est ainsi l’agent délégataire dans cinq pays : Niger, Burkina Faso, Guinée, Burundi et Sénégal.
Condition implicite du PME, les pays bénéficiaires doivent s’engager à financer davantage sur leur budget national leur secteur éducatif et s’impliquer dans le pilotage de la politique éducative. Depuis 2002, 160 millions d’enfants ont ainsi pu accéder à l’école pour la première fois dans les pays partenaires et 82 millions de filles ont été scolarisées. 500 millions de dollars ont été consacrés à soutenir le secteur de l’éducation face à la pandémie de Covid-19.
Pour la période 2021-2025, l’objectif est de permettre à 175 millions de filles et garçons de savoir lire, écrire et compter, de scolariser 88 millions d’enfants de plus, mais aussi de former plus de 2 millions d’enseignants et d’ouvrir 78 000 nouvelles classes.
Une montée en puissance souhaitée par l’AFD
Agent délégataire des fonds du PME depuis 2013, l’AFD gère près de 322 millions d’euros à ce titre. L’éducation étant un secteur prioritaire, l’AFD soutient déjà des initiatives régionales d’appuis techniques pour accompagner les pays dans leurs efforts d’amélioration de l’éducation de base. À noter qu’il est plus efficace de se positionner comme agent délégataire du PME si une intervention structurante dans le pays préexiste, comme au Sénégal où l’AFD proposait déjà au pays une subvention et un prêt, alors qu’un dialogue était instauré avec les autorités.
L’AFD bénéficie en outre d’un a priori favorable car ses modes d’action s’inscrivent souvent dans le modèle préconisé par le PME, à savoir valoriser le soutien aux politiques nationales et les financements via les canaux existants des ministères et de l’État. La stratégie 2021-2025 devrait encourager davantage ces modalités et moins les financements à travers des projets.
« Nous sommes reconnus à travers ce mode opératoire, souligne Raphaëlle Brody. Au Burkina Faso et au Niger, par exemple, les fonds du PME transitent par l’AFD, mais dans un fonds commun abondé par d’autres partenaires, qui joue un rôle catalyseur pour renforcer la part du gouvernement en pilotage. » Pour la période 2021-2025, l’AFD appelle de ses vœux nous une montée en puissance dans les délégations de fonds, notamment dans les pays francophones.