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Forum ICC
À Paris, du 6 au 8 octobre, la première édition de Création Africa, le forum des Industries culturelles et créatives (ICC), mettra en lumière des filières en plein essor comme les séries TV, le cinéma d’animation, les jeux vidéo ou la bande dessinée. Comment le groupe AFD accompagne-t-il les acteurs de ce secteur, notamment pour faire émerger de nouveaux talents ? Réponses avec Gaëlle Mareuge, chargée de mission ICC à l’AFD.

Deux ans après le Nouveau Sommet Afrique-France de Montpellier qui a mis à l’honneur la jeunesse et la société civile africaine, et alors qu’une Maison des mondes africains doit voir le jour, le forum Création Africa participe au renforcement du partenariat entre l’Afrique et la France en valorisant notamment artistes-créateurs et producteurs. 

Gaëlle Mareuge, chargée de mission Industries culturelles et créatives (ICC) à la division Lien social de l’AFD, nous en dit plus sur l’activité du groupe AFD dans ce secteur.

Le mandat Industries culturelles et créatives (ICC) de l’AFD est assez récent, puisqu’il date de 2018. Quelles évolutions avez-vous pu observer depuis et quelles sont les principales actions de l’AFD dans le domaine des ICC ?

Gaëlle Mareuge : Le groupe AFD est aujourd'hui présent dans la quasi-totalité des disciplines des ICC, de l’audiovisuel aux spectacles vivants, en passant par l’édition, le numérique mais aussi le patrimoine et les musées. Le projet Mayibuye, présenté lors du forum Création Africa à Paris, associe d’ailleurs deux de ces domaines puisqu’il met en valeur une partie du patrimoine sud-africain, les archives de Robben Island, grâce au numérique.


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En 2016, le Cicid (Comité interministériel de la coopération internationale du développement) a demandé à l’AFD de réfléchir à l’intégration des ICC dans son mandat, dans la mesure où l’Agenda 2030 des Nations unies reconnaît la culture comme « un enjeu transversal aux Objectifs de développement durable (ODD) ». Depuis 2018, nous intervenons donc pour structurer et dynamiser les ICC selon quatre grands axes : infrastructures et équipements culturels, formation professionnelle aux métiers de la culture, entrepreneuriat culturel, politiques culturelles et gouvernance. 

La principale évolution depuis 2018 est l’adoption de la stratégie 100 % Lien social de l’AFD, qui intègre les ICC comme un vecteur fort de vivre-ensemble. En plus de générer de la croissance économique et des emplois, les ICC favorisent la cohésion sociale et l’intégration, notamment au travers du dialogue interculturel et intergénérationnel. Il s’agit d’un secteur essentiel pour la jeunesse et les femmes et, plus globalement, pour la réduction des inégalités multidimensionnelles.

Aujourd’hui, notre objectif est évidemment de continuer à accompagner les projets ICC, mais aussi d’infuser les ICC dans l'ensemble du portefeuille de l’AFD. 

« Infuser les ICC », c'est-à-dire les intégrer dans des projets qui ne sont pas forcément culturels au départ ? 

Oui, l'idée est de ne plus travailler uniquement sur des projets 100 % ICC, mais d’intégrer des composantes ou des activités ICC au sein d’opérations plus larges portées par les divisions techniques et les agences locales en lien avec nos bénéficiaires.

À titre d’exemple, dans le cadre du projet de régénération urbaine et patrimoniale du fort de Lahore et de ses abords, au Pakistan, un musée-centre d’interprétation a été créé sur l’histoire et la culture du lieu.

Un autre exemple : I-Dice, un projet de formation professionnelle au Nigéria, dans lequel nous intégrons une brique ICC avec, entre autres, le développement d'une plateforme e-learning et le soutien de hubs créatifs (audiovisuel, gaming, animation…).


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Le forum Création Africa porte justement sur ces thématiques (audiovisuel, IA, jeux vidéo), ainsi que sur la bande dessinée. Pourriez-vous nous citer des projets accompagnés par l’AFD dans ces domaines ?

Concernant la bande dessinée, l’AFD a pu participer en 2020 au financement du Bilili BD Festival qui réunit chaque année, à Brazzaville au Congo, des auteurs locaux et internationaux, et nous contribuons aujourd’hui au lancement du Centre de documentation de la BD africaine de Brazzaville.

Dans le secteur de l’animation et du jeu vidéo, nous accompagnons depuis 2019 l’Africa Digital Media Institute (ADMI) à Nairobi, au Kenya, qui propose des formations professionnelles en la matière, en partenariat avec l’école d’animation française Rubika. À ce jour, 78 étudiants ont été formés. Ils seront plus de 120 à la fin du projet en 2024.

En Afrique du Sud, en partenariat avec Tshimologong Digital Innovation Precinct, le projet Digital Content Hub est aussi très intéressant. C’est un hub dédié à la création numérique qui marie expertise africaine et française pour répondre aux besoins du continent en termes de développement de compétences, d’incubation de projets et d’entreprises, de production de contenus et d’accès aux marchés.

Dans le cadre de notre programme Accès culture, nous avons financé le projet « Restitutions partagées » au Mali, qui utilise la technologie immersive et spectaculaire de la réalité virtuelle pour populariser la culture patrimoniale de l’Afrique. Un film en 3D sur la transmission avec les marionnettes de Yaya Coulibaly a notamment été réalisé.


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Enfin, au Sénégal, l’AFD soutient la formation professionnelle aux métiers audiovisuels en finançant Kourtrajmé Dakar, en partenariat avec l'Ina, sur les métiers d'écriture et de réalisation, Cinékap, en partenariat avec Lafaaac, sur la production, et le centre Yennenga, en partenariat avec CinéFabrique, sur la postproduction. Et nous démarrons bientôt un projet qui vise à accompagner la professionnalisation des centres existants, mais aussi à appuyer l’institutionnalisation du financement de la formation professionnelle aux ICC et à favoriser la diversification des disciplines représentées.

C’est un bon exemple de notre démarche globale : nous essayons d’être dans une logique de passage à l’échelle et de pérennité des actions financées, en restant à l’écoute des besoins des acteurs culturels et en travaillant main dans la main avec les institutions locales.