Le concept de « Sport et développement » part du principe que le développement des pratiques sportives n’est pas une finalité en soi, mais un moyen de générer des changements dans d’autres secteurs, comme la santé, l’éducation ou encore l’égalité femmes-hommes. « Le sport est un vecteur pour maximiser les impacts sociaux au sein des projets dans lesquels le groupe AFD investit », explique Christophe Dias, conseiller Sport & développement à l’AFD.
Première conclusion des évaluations des différents projets sport et développement soutenus par l’AFD : les bénéfices du sport ne reposent pas que sur l’apprentissage de la pratique sportive. « Ils sont tributaires de l’approche pédagogique déployée », explique Camille Tchounikine, chargée d’évaluation à l’AFD. Utilisé comme outil socio-éducatif dans le cadre du programme Ejo, le sport a pu démontrer son intérêt. Porté par l’ONG Play International et l’AFD au Burundi, au Sénégal, au Libéria et au Kosovo, ce programme cherche à développer l’éducation extra-scolaire des enfants par le développement d’activités socio-sportives et à favoriser l’école inclusive via le sport. L’évaluation de la phase 1 d’Ejo conclut que les activités déployées ont des effets intéressants sur le développement de compétences psychosociales – notamment auprès des enfants de 6 à 13 ans.
« La Playdagogie est un outil qui permet, de manière pertinente et sécurisante, d’intervenir sur les sujets de vivre-ensemble auprès des enfants et ainsi de faire évoluer leur mentalité », explique un chef d’établissement scolaire au Burundi interrogé dans le cadre de l’évaluation. Le programme Ejo a permis de prendre en charge plus de 80 000 enfants.
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Cinq facteurs d’efficacité
« Si le sport a de nombreuses vertus, ce n’est toutefois pas automatique », précise Christophe Dias. Plutôt que de chercher à viser un maximum de jeunes, le ciblage des publics en fonction de problématiques sociales précises (échec scolaire, addictions, santé mentale, réinsertion…) est l’une des cinq conditions d’efficacité identifiées par l’évaluation des dispositifs Sport et développement et Impact 2024 International, tous deux portés par la Guilde européenne du raid.
Proposer des activités régulières sur plusieurs mois, impliquer les membres de la communauté des jeunes (parents, enseignants…), disposer d’encadrants ancrés dans les communautés locales, et enfin former ces encadrants aux enjeux éducatifs et inclusifs des projets sont les autres facteurs de succès de ces deux dispositifs.
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Outiller les encadrants
Le taux d’encadrement des activités sportives a une incidence forte sur la qualité de l’analyse des besoins et de la prise en charge des jeunes, tandis que l’accompagnement des encadrants (enseignants, coachs…) est crucial pour booster les effets du sport sur le développement.
À ce titre, les formations proposées dans le cadre des deux programmes portés par la Guilde ont permis aux associations de progresser sur des enjeux d’inclusion dans le sport et par le sport. Sur le genre par exemple, 57 % des structures ont été formées et, parmi elles, un peu plus de 80 % ont réutilisé le contenu dispensé. L’enquête de terrain montre que ces formations sont d’autant plus importantes que la seule mixité sur le terrain et le rappel du respect des règles de fair-play sont insuffisants pour transformer durablement les représentations et les comportements sur et en dehors du terrain.
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Mesurer l’impact : le potentiel des nouvelles technologies
Les efforts pour mieux mesurer l’impact social du sport se poursuivent aujourd’hui au sein de la communauté du développement. « C’est quelque chose d'encore insuffisamment documenté aujourd’hui, or il est important de montrer par la preuve l’impact – économique, social, environnemental – que peut avoir le sport », a souligné Christophe Dias lors du TechTalk « Innovations technologiques et sport : vers un avenir durable ».
Les technologies émergentes peuvent également être mobilisées pour évaluer l’impact des actions mises en œuvre. C’est ce qu’a fait l’association Pour le sourire d’un enfant, au Sénégal, qui fait le pari de favoriser la réinsertion de mineurs en détention en mobilisant la méthode psychoéducative « Escrime et justice réparatrice ». L’association a utilisé des outils issus de l’intelligence artificielle pour suivre les impacts du projet, ce qui a permis de voir que le taux de récidive avait diminué de 20 à 0 % pour les jeunes accompagnés. Un exemple qui montre qu’il est possible de changer les représentations et les comportements des jeunes grâce au sport.
L’AFD poursuit aujourd’hui ses réflexions avec ses partenaires, par exemple avec l’Impact Tank, think tank dédié à l'évaluation d'impacts des innovations sociales et environnementales, et au sein de la coalition des banques publiques de développement mobilisée sur le sujet. Dans un seul et même but : révéler tout le potentiel des pratiques sportives pour le développement.
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