
Contexte
Les inégalités spatiales en Afrique du Sud se traduisent par des expériences de vie très différentes des membres des différentes communautés à travers le pays. Statistics South Africa recueille des données sur un ensemble de variables socio-économiques, qui concernent à la fois les individus et les ménages, par le biais d'une série d'enquêtes nationales. Pouvant être analysées aux niveaux national, provincial, du district et parfois de la municipalité, ces données donnent une idée du bien-être, de la privation et des inégalités dans ces domaines, entre ces différentes géographies.
Cependant, il n'existe pas encore d'ensemble standardisé de données qui permettrait de comprendre, de visualiser et de suivre de manière cohérente, systématique et à long terme un large éventail d'indicateurs de bien-être, et ainsi de mieux comprendre les résultats socio-économiques au niveau communautaire. Or, il est important de comprendre ce contexte local, car c'est dans cette réalité locale que les politiques et les interventions visent à faire la différence. Le gouvernement sud-africain l'a également reconnu et, avec l'introduction de son modèle de développement des districts (District Development - DD), il vise à ce que les différentes sphères et départements du gouvernement travaillent ensemble pour avoir un impact plus important, "des performances et une responsabilité plus élevées pour une prestation de services et des résultats de développement cohérents". Disposer d'un point central d'information consolidé, précis et régulièrement mis à jour, constituerait une base solide pour la mise en œuvre du modèle de développement des districts en Afrique du Sud.
Ce projet de recherche propose donc de développer un community explorer (explorateur communautaire), interactif et en ligne, qui permettrait aux chercheurs, aux décideurs politiques et aux membres de la société civile de mieux comprendre le bien-être au niveau des communautés (ou de la localité principale, main place en anglais) en Afrique du Sud. Cette compréhension est cruciale pour éclairer et guider les efforts de développement mis en œuvre au niveau communautaire. L'Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités s'appuie sur les informations disponibles à l’échelon local pour la municipalité de Steve Tshwete pour piloter l'approche Community Explorer.
La municipalité locale de Steve Tshwete fait partie de la province de Mpumalanga, une région qui abrite l'une des plus grandes zones d'extraction de charbon du pays et qui représente 83 % du charbon produit en Afrique du Sud. Steve Tshwete peut être considéré comme l'un des centres commerciaux de cette province, avec l'une des plus grandes économies locales du district, dominée par les secteurs minier, manufacturier et financier. À ce titre, l'exploitation du charbon et les trois centrales électriques au charbon actuellement en activité sont de loin les principaux contributeurs à l'emploi local, puisqu'ils en représentent 40 %.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités (FRI). Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension de la FRI contribuera à l’élaboration de politiques publiques visant la réduction des inégalités dans quatre pays : Afrique du Sud, Mexique, Colombie et Indonésie sur la période 2021-2025.
Objectif
Le projet propose d'exploiter les données et les outils déjà disponibles sur le SA Youth Explorer (et l'outil connexe WaziMap). Le SA Youth Explorer est un projet dirigé par SALDRU qui construit et cartographie une série d'indicateurs mesurant les dimensions clés du bien-être des jeunes, à différents échelons géographiques. En utilisant les données du recensement de 2011, ces indicateurs sont actuellement construits pour les domaines suivants : démographie, éducation, environnement de vie, opportunités économiques et pauvreté des jeunes (y compris la pauvreté de revenu et la privation multidimensionnelle). En outre, le projet a initié la construction, la vérification et la maintenance d'une base de données centrale des prestations de services, qui permet de cartographier les services fournis par le gouvernement, et ce jusqu'au niveau de la localité principale (main place). Enfin, l'objectif du projet est d'explorer les possibilités d'ajouter une troisième couche de connaissances avec des informations sur la demande du marché du travail local. L'objectif global du projet est de fournir "une compréhension des fonctionnements des zones géographiques en tant que systèmes économiques et sociaux" et ainsi de "promouvoir la construction d'une approche intégrée et efficace" de la politique et de la planification qui contribuerait finalement au bien-être social de tous.
En outre, le projet utilisera les données administratives du panel du South African Revenue Service (SARS) et du National Treasury (NT) au niveau des entreprises (SARS-NT), développées dans le cadre d'une initiative conjointe SARS-National Treasury-UNU-WIDER. Celles-ci fourniront des informations au niveau employé-employeur et permettront de calculer des indicateurs de la demande du marché du travail. Le plus grand avantage des données administratives du panel SARS-NT, par rapport à d'autres enquêtes au niveau de l'entreprise, est qu'elles nous permettent de disposer d'informations relatives aux employés telles que le revenu, l'âge et le sexe, ainsi que d'informations au niveau de l'entreprise, telles que les coûts de main-d'œuvre, les ventes, le secteur industriel, l'âge de l'entreprise, la productivité, la taille de l'entreprise, l'apprentissage et le coût de la formation. Un autre avantage des données du panel SARS-NT, et qui est important pour le projet, est que les informations sur les travailleurs et les entreprises peuvent être agrégées à quatre niveaux géographiques différents : la province, la municipalité de district, la municipalité locale et la localité principale. Avec ces niveaux géographiques, il est possible de créer des moyennes locales de diverses variables relatives aux travailleurs et aux entreprises qui peuvent ensuite être croisées avec les établissements d'enseignement supérieur présents au niveau local.
Résultats
Vous trouverez ci-dessous les différents documents de recherche liés à ce projet :
- Developing a Youth Labour Market Index for South Africa at the sub-national level (en anglais)
- Youth and the just transition. A profile of young NEET in Mpumalanga (en anglais)
Contact :
- Anda David, chargée de recherche à l'AFD

Contexte
Au Mexique, plus de 40 % de la population vit en dessous du seuil officiel de pauvreté. Dans le même temps, le pays est caractérisé par une haute corrélation entre l’origine socioéconomique et la réussite, surtout aux extrêmes de l’échelle socioéconomique (Vélez-Grajales et al, 2014). Les données empiriques montrent ainsi qu’une fois la population divisée en quintiles, sur 100 personnes nées dans la tranche la plus basse, 48 y restent toute leur vie et 22 atteignent le quintile suivant. Ce sont donc 70 % de ceux qui sont nés dans le quintile le plus bas qui restent toute leur vie dans la pauvreté. Seuls 4 % d’entre eux parviendront à se hisser dans le quintile le plus élevé.
D’un autre côté, 52 % des individus nés dans le quintile le plus élevé y restent toute leur vie. Ils sont 28 % à descendre dans le deuxième quintile, ce qui signifie que 80 % des personnes nées dans les familles les plus riches restent dans les deux quintiles les plus élevés. Il faut également noter que seuls 2 % de ces individus se retrouveront dans le quintile le plus bas. La mobilité sociale est donc très limitée.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la première phase de la Facilité de recherche sur les inégalités, coordonnée par l’AFD et financée par la Direction Générale des Partenariats Internationaux de la Commission européenne sur la période 2017-2020. La première phase de la Facilité a permis la conduite de 22 projets de recherche et la publication d’une centaine de papiers de recherche et de policy briefs.
Objectif
Comment les inégalités et la mobilité sociale sont-elles liées ? Est-il possible que les hauts niveaux de persistance socioéconomique (faible mobilité sociale) en termes d’origine déterminent en partie à la fois la perception et l’acceptation des inégalités économiques ? L’exemple mexicain, qui présente des disparités socioéconomiques régionales significatives, est un bon sujet d’analyse pour vérifier ces hypothèses. Par ailleurs, la littérature existante ne permet pas d’expliquer les mécanismes qui sous-tendent la relation négative observée.
Il reste de plus une question importante et pertinente à régler dans le cas mexicain : la perception qu’ont les citoyens des niveaux d’inégalités et de mobilité sociale. Les Mexicains pensent-ils vivre dans un pays d’opportunités égales et de réussite pour tous ? Les implications en termes de politiques devraient varier en fonction de la perception. Dans tous les cas, il est nécessaire d’obtenir plus d’informations pour comprendre les mécanismes qui expliquent les différences potentielles entre la réalité et les perceptions, tant au niveau national que local.
Méthode
Premièrement, la mobilité intergénérationnelle relative de chaque macro-région mexicaine pourra être estimée grâce à une méthode d’analyse multidimensionnelle. Plusieurs mesures des inégalités seront réalisées pour différentes périodes. Les chercheurs impliqués dans ce projet ont choisi cette approche, car il est possible que ce ne soit pas les inégalités économiques actuelles, mais d’origine qui influencent la mobilité sociale intergénérationnelle. Une fois la relation estimée, une discussion sur le mécanisme qui la sous-tend devra être développée. L’analyse empirique sera principalement basée sur l’étude « Encuesta ESRU de Movilidad Social en México 2017 » (Enquête ESRU sur la mobilité sociale au Mexique 2017).
Enfin, des travaux avec des groupes dans quatre villes aux niveaux de performance socioéconomique variés seront menés. Les chercheurs prévoient de faire des études de terrain dans au moins deux tranches de population différentes dans chacune de ces villes : une dans un groupe au niveau socioéconomique moyen-élevé et une dans un groupe au niveau socioéconomique moyen-faible. Ces travaux incluront une mesure des inégalités et de la mobilité sociale. De cette manière, les chercheurs comprendront mieux la relation entre les perceptions et les mesures objectives des variables étudiées.
Voir le pitch d'Alice Krozer, chercheuse au Colegio de México
Résultats
Les papiers de recherche et les policy briefs liés à ce projet sont disponibles en ligne (en anglais) :
Papiers de recherche:
- Social mobility in Mexico. What can we learn from its regional variation?
- Perceptions of inequality and social mobility in Mexico
Policy briefs:
- Wide regional differences in social mobility across Mexico
- Inaccurate public perceptions of inequality and social mobility in Mexico
Retrouvez la présentation du papier de recherche "Perceptions of inequality and social mobility in Mexico" par Aurora Ramirez Alvarez (Colegio de Mexico) lors du premier webinaire de la Facilité de recherche sur les Inégalités:
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