projets restauration de la nature AFD
Convaincu que la préservation de la biodiversité doit aller de pair avec la lutte contre le réchauffement climatique, le groupe AFD s'engage pour la restauration de la nature. Voici une sélection de cinq projets emblématiques.

Article publié pour la première fois le 26 juillet 2023 et mis à jour le 7 décembre 2023


À l’échelle planétaire, 70 % des terres sont en mauvais état de conservation en raison des activités humaines. Cette dégradation de nos sols engendre insécurité alimentaire, zoonoses (maladies infectieuses qui passent de l’animal à l’homme), ou encore des conflits pour l’accès aux ressources naturelles. Ces terres en péril, ces forêts en disparition empêchent le stockage du carbone et accélèrent le réchauffement climatique.

Une victoire pour la biodiversité : le Parlement européen a adopté en juillet 2023 le projet de loi sur la restauration de la nature. Ce texte phare du pacte vert européen impose aux États membres la restauration de 20 % de terres et espaces marins abîmés sur un continent où 80 % des habitats naturels sont déjà dégradés. 

En 2022, le groupe AFD a engagé plus d’1 milliard d’euros dans des projets au bénéfice de l’agriculture, du développement rural et de la biodiversité. Ces investissements permettront de convertir 166 500 hectares de terres agricoles vers des systèmes agroécologiques ; et plus de 2,2 millions d'hectares de milieux naturels terrestres, côtiers et marins bénéficieront de programmes de conservation ou de restauration de la biodiversité. Des solutions existent, l’AFD s’engage pour les accompagner. Illustration avec cinq projets en cours dans des zones fragiles. 

1Grande muraille verte au Sahel : restaurer les terres pour lutter contre l’insécurité alimentaire

Sécheresse, perte de biodiversité, insécurité alimentaire pour près de 13 millions de personnes… Le Sahel est en première ligne des conséquences du changement climatique. Conçu au début des années 2000 comme un couloir végétal traversant l’Afrique d’ouest en est, la Grande muraille verte (GMV) vise plus largement le développement rural de onze pays de cette région sensible. Depuis 2021, cette initiative, soutenue par l’Union africaine et la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, a pris un nouvel élan avec l’engagement de plusieurs partenaires internationaux pour la restauration de 100 millions d'hectares de terres et la création de plus de 10 millions d'emplois de Dakar à Djibouti. 

Le groupe AFD s’est lui engagé à allouer 600 millions d’euros sur la période 2021-2025. En 2022, le Groupe a ainsi lancé un appel à projets d’un montant de 12 millions d’euros auprès des organisations de la société civile pour soutenir les filières de protéines végétales dans les pays concernés par la GMV. « En plus de constituer une réponse aux enjeux de sécurité nutritionnelle, de permettre d’améliorer la capacité productive des sols grâce à leur capacité à fixer l’azote, les protéines végétales représentent des opportunités économiques majeures pour les exploitations agricoles familiales, majoritaires dans ces pays », souligne Hélène Julien, cheffe de projet Agriculture, développement rural et biodiversité à l’AFD.

Situés au Niger, en Mauritanie, au Sénégal et au Tchad, quatre projets visent à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations rurales à travers l’intensification durable des systèmes de production. Au total, 28 500 hectares de terrain feront l’objet d’un accompagnement vers une transition agroécologique. La biodiversité, sur 6 700 autres hectares, sera restaurée à travers, entre autres, des travaux de récupération des terres dégradées ou des techniques agroforestières adaptées. Les nombreux volets socio-économiques de ces initiatives visent, eux, à améliorer les conditions de vie de ces communautés via la gestion durable de leurs ressources naturelles. 


En savoir plus : Tout comprendre à l'initiative de la Grande muraille verte


2Océan Indien : restaurer les écosystèmes côtiers des îles du sud-ouest

Herbiers, mangroves, récifs coralliens…, l'océan Indien est un trésor de biodiversité, mais aussi un espace particulièrement vulnérable classé parmi les 34 points chauds de biodiversité du monde. Dans les îles du sud-ouest de l'océan Indien, les populations se concentrent à moins de 100 km des côtes. Les activités humaines combinées aux effets du changement climatique mettent en péril les écosystèmes côtiers de l’espace de la Commission de l’océan Indien (COI) regroupant l’Union des Comores, La Réunion, Madagascar, l’île Maurice et les Seychelles.    

Depuis 2021, l’AFD s’est donc engagée aux côtés de la COI pour renforcer la résilience des populations littorales et des écosystèmes côtiers, à travers le projet Résilience des écosystèmes côtiers du sud-ouest de l’Océan indien (Recos). Financée par l’AFD et le Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM) à hauteur de 10 millions d'euros (8,5 millions d'euros de l’AFD et 1,5 million d'euros du FFEM), cette initiative vise notamment à renforcer la gouvernance régionale et nationale des écosystèmes côtiers et marins, ainsi que la coopération scientifique autour des enjeux de suivi et de gestion de ces écosystèmes côtiers.

Des appels à projets permettront de restaurer et d'améliorer la gestion des mangroves, herbiers marins, écosystèmes dunaires et récifs coralliens. Ces écosystèmes clés seront davantage en capacité de fournir leurs services de régulation, d’approvisionnement et de protection contre les événements météorologiques extrêmes (inondations, cyclones…). Le développement des filières durables génératrices de revenus permettra, lui, de renforcer la résilience des populations littorales face au dérèglement climatique. 

L’objectif du projet est également de mettre en œuvre des chantiers innovants, variés et réplicables de restauration et d’exploitation durable des écosystèmes marins et côtiers, en s’appuyant sur des groupes de travail scientifique et sur des solutions fondées sur la nature. Dans ce cadre, plusieurs sites pilotes ont été identifiés pour du financement, et des appels à projets seront prochainement lancés. Avec ces appuis, les écosystèmes clefs de la région pourront mieux fournir leurs services de régulation et d’approvisionnement.


En savoir plus : Résilience des zones côtières dans l'océan Indien


3Maroc : « Ma forêt, ma vie » pour une meilleure gestion des forêts 

Le Maroc est l’un des pays méditerranéens les plus riches en termes de biodiversité. Malgré un taux de boisement de 8 % du territoire national, sa forêt abrite 70 % des espèces animales et végétales du pays et constitue la principale richesse écologique du royaume chérifien. Pour la préserver, le gouvernement marocain a lancé sa stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 » visant une gestion plus durable et inclusive du secteur forestier.

En appui à cette initiative, le groupe AFD accompagne l’Agence nationale des eaux et forêts du Maroc à travers un prêt de politique publique de 100 millions d’euros et un programme de renforcement de capacités et d’échange d’expertises de 3 millions d’euros. Expertise France appuie depuis 2022 la gestion durable des forêts et parcs nationaux du Maroc, tant au niveau national que local, via le programme « Ghabati, hayati » (« Ma forêt, ma vie »). 

Le programme permet le reboisement net de plus de 160 000 hectares d’espèces locales, la mise en défens de plus de 100 000 hectares par an, la gestion effective et durable de dix sites, la création et le déploiement de nouveaux métiers de conservation de la nature et d’animation sociale et territoriale pour une gestion durable des ressources forestières. Ces objectifs s’accompagnent d’un objectif transversal de réduction des inégalités entre les sexes, avec une plus grande intégration des enjeux de genre dans les politiques publiques liées au secteur forestier.


En savoir plus : Programme d'appui à la stratégie Forêts du Maroc 2020-2030



4Madagascar : Programme holistique de conservation des forêts 

Joyau de biodiversité, Madagascar perd environ 50 000 hectares de forêt naturelle chaque année. En cours depuis 2008, le Programme holistique de conservation des forêts (PHCF) contribue à endiguer la déforestation et permet la diffusion de pratiques agricoles durables auprès des populations locales. Ces pratiques alternatives permettent aux communautés de diversifier leurs revenus et d’assurer une meilleure sécurité financière. Depuis son lancement en 2008, le PHCF a fait l’objet de plusieurs phases et de trois évaluations. Ce suivi a permis d’améliorer les résultats, de s’adapter aux enjeux locaux et de renforcer l’impact de ce programme ambitieux. 

À l’issue de la première phase (PHCF 1), entre 2008 et 2013, le taux de déforestation annuelle sur la partie sud du massif forestier de Beampingaratsy est passé de 720 hectares à 244 hectares. 810 858 teq CO2 ont ainsi été séquestrées sur la partie sud de Beampingaratsy entre 2013 et 2018 (PHCF 2). La phase 3 du programme, en cours de mise en œuvre, se concentre désormais sur l’ensemble du massif de Beampingaratsy et développe des alternatives durables à l’exploitation des ressources forestières pour répondre aux besoins de la population et faire baisser la pression sur le massif : promotion de pratiques agroécologiques, développement de filières alternatives (baie rose, café, girofle, etc.). Cette phase permettrait d’éviter 263 206 teq COdans un cadre déjà amélioré après dix ans d’intervention.


En savoir plus : Résumé d'évaluation du Programme holistique de conservation des forêts


5Amérique latine : protéger la forêt amazonienne aux côtés des populations autochtones 

La forêt amazonienne représente 58 % de la forêt tropicale mondiale et 20 % des réserves mondiales d'eau douce. La préservation de la biodiversité est cruciale pour la santé de notre planète et de ses habitants. Expertise France (EF), au sein du programme Amazonia+ mis en œuvre en format « Équipe Europe », se mobilise pour renforcer la capacité des pays du bassin amazonien à s’adapter aux effets du changement climatique, prévenir et lutter contre la déforestation et améliorer les possibilités de participation des populations autochtones et des communautés locales aux mécanismes de gouvernance environnementale et forestière.   

Enfin, Expertise France accompagne l’Argentine, la Bolivie, le Paraguay et le Brésil dans la définition de plans locaux de restauration des aires dégradées. Au Guatemala et au Honduras, EF intervient en appui à la création d’un corridor écologique binational, et à l'instauration d’une réserve de biosphère avec des concessions forestières communautaires. Ces actions prennent place dans le cadre d’Euroclima+, programme phare de coopération régionale entre l’Union européenne, l’Amérique latine et les Caraïbes.


En savoir plus : Euroclima+, réduire l'impact du changement climatique en Amérique latine