Sous l’impulsion du président de la République qui a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause du quinquennat, la France promeut depuis 2018 une diplomatie féministe axée sur la reconnaissance et l’exercice réel des droits de chacun et de chacune. Celle-ci s’est traduite par des annonces, notamment lors de la présidence française du G7 en 2019 : priorité à l’éducation des filles au travers du Plan mondial pour l’éducation, soutien à l’initiative pour l’entrepreneuriat féminin Afawa, troisième plan national d’action de mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, proposition d’accueillir en France le Forum Génération Égalité (Pékin +25), création d’un fonds de soutien aux OSC féministes d’un montant de 120 millions d'euros.
Dans le domaine de la santé, les projets de réponse et de lutte contre les épidémies de Covid-19 et choléra, en partenariat avec la Fondation Mérieux, les centres Gheskio et Zanmi Lasanté, ont fortement contribué au renforcement d’associations de femmes comme le Club de mères, et d’une grande partie du personnel soignant féminin (auxiliaires et infirmières), en charge des activités de sensibilisation et de prise en charge. Quant au projet Timama, son principal objectif consiste en la réduction de la mortalité et de la morbidité maternelle dans trois départements du pays. Plus spécifiquement, il vise à améliorer la disponibilité et la qualité des services fournis aux femmes dans le cadre de la santé reproductive ; à travailler sur différents déterminants (financiers, matériels, sociologiques) liés à la condition de la femme ; et à structurer un dispositif de prévention, d’identification, de prise en charge et d’orientation des femmes victimes de violences. De même, les questions de genre et d’égalité femmes-hommes sont prises en compte de manière transversale, particulièrement dans le projet de construction de l’hôpital universitaire de l'État d’Haïti.
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Dans le secteur éducatif, avec le projet Avni Nou axé sur l’amélioration de la qualité de l’éducation, la thématique genre est aussi abordée de manière transversale via un plan d'action genre prévu pour en accompagner la mise en œuvre. Le programme contribue ainsi à renforcer les compétences professionnelles et linguistiques des femmes enseignantes et à soutenir les écoles dans lesquelles sont présentes une majorité de femmes. L’ensemble des activités déployées tiennent compte des difficultés spécifiques d’accès aux formations pour les femmes enseignantes.
Quant aux projets agricoles de l’AFD (Pais, Levekafe, cacao, vétiver), ils ambitionnent de renforcer l’autonomisation des femmes dans le monde rural. Au-delà des quotas de femmes bénéficiaires à cibler, ces programmes mettent en place des actions spécifiques à l’endroit des femmes, telles que des formations techniques et économiques, ou encore le financement de moyens de production propres.
Dans le secteur culturel, avec le projet Tanbou, l’AFD et ses partenaires haïtiens ont pour ambition de participer à la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes. Les besoins et intérêts différenciés des femmes et des hommes ont été analysés dans le cadre d’un diagnostic sur l’intégration du genre dans le secteur des Industries culturelles et créatives (ICC). Cette analyse a permis de concevoir un plan d’action genre qui prévoit des mesures en faveur d’un accès égal des femmes et des hommes aux activités de la Fabrique des arts et aux programmes de formation professionnelle et de mobilité.
En matière de gouvernance, Poto Mitan met l’égalité de genre au cœur de ses actions en en faisant un objectif principal du projet. De manière spécifique, Poto Mitan permettra, entre autres, d'augmenter significativement la délivrance des services au profit des femmes via un rééquilibrage femmes-hommes ; de soutenir une participation effective des citoyennes au dialogue avec les institutions publiques dans la perspective de partager les problématiques spécifiques et de trouver des solutions de prise en charge ; et enfin d'accompagner de manière paritaire les hommes et les femmes en situation de conflit ou de contentieux avec les institutions pour la délivrance des services.
Proparco, filiale dédiée au secteur privé du Groupe, dispose d’une ligne de crédit de 3 millions d'euros en faveur de l’institution de microfinance Acme signée en novembre 2019, qui lui confère une forte dimension genre. En effet, dans ses rapports de décembre 2021, Acme indiquait un nombre total de clients actifs de 25 342 dont 70 % de femmes. De nouvelles perspectives de renforcement du partenariat entre Proparco et Acme se profilent en 2023 en vue d’accroître toujours davantage les impacts développementaux des interventions, principalement en faveur des femmes micro-entrepreneuses haïtiennes.
Quant à Expertise France, au-delà de son rôle d’opérateur dans le cadre des projets du Groupe (Avni Nou et HUEH), l’agence contribue également, à travers ses projets financés par l’Union européenne, à promouvoir et renforcer l’égalité entre les femmes et les hommes. Le programme Urbayiti notamment, organise des cafés-débats autour de discussions ouvertes à toutes et à tous, organisées dans des lieux publics et accessibles aussi en ligne, parmi lesquelles une session spécifiquement dédiée aux thématiques urbaines impactant les femmes qui s’est tenue en 2022 à l’université Quisqueya de Port-au-Prince. Outre Urbayiti, le programme SBC II mis en œuvre par Expertise France favorise les collaborations féminines. La participation des femmes aux formations est notamment priorisée. Il importe également de valoriser l’équipe en charge de ce programme. Majoritairement féminine, cette équipe couvre des domaines traditionnellement dominés par les hommes (la fiscalité par exemple). De plus, une réflexion est en cours pour l’intégration du genre à la deuxième phase du programme. Il est prévu de mettre en œuvre une étude portant sur le consentement à l’impôt et l’amélioration des services aux contribuables féminins.
Enfin, dans le cadre du dispositif Initiatives OSC (Organisations de la société civile), le projet Habitat-cité (notation CAD 2) vise l’amélioration des lieux d'habitat et du cadre de vie avec et pour des femmes en situation précaire dans des zones fortement touchées par la pauvreté et les catastrophes naturelles. Habitat-cité et Craterre travaillent dans la vallée de Jacmel et Bainet avec Ojucah et Ateco ainsi qu’avec l’organisation Repanse Pouvwa sur la lutte contre les violences exercées sur les femmes et les filles. Repanse Pouvwa forme les membres d’Ojucah et des habitants sur les questions de genre et apporte son soutien méthodologique à la mise en place de clubs de filles (espaces de loisirs et de confiance pour les filles et jeunes femmes de 9 à 20 ans). Par ailleurs, dans le cadre du projet Derash, le Collectif Haïti de France a accompagné la Socvi dans la capitalisation des initiatives locales contre les violences basées sur le genre dans les communautés haïtiennes.
Contact presse : Gerdy PIERRE-LOUIS