Mention légale UE (projet) Le phénomène de la relocalisation des chaînes de valeur (« near-shoring ») présente certes une série de défis, mais aussi une opportunité unique d’équilibrer le développement régional du Mexique et de réduire les inégalités. Ce projet de recherche, en partenariat avec l’Institut de technologie et d’enseignement supérieur de Monterrey, examinera en profondeur ce phénomène, en se concentrant sur la filière de l’énergie et sur la composante du capital humain.
Contexte
L’intégration commerciale a été très bénéfique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (ALC) au cours des trente dernières années. Cependant, de multiples crises (la crise financière de 2008, la pandémie de Covid-19, la crise climatique, etc.) ont questionné l’avenir du système commercial multilatéral. Par exemple, la pandémie de Covid-19 a mis en évidence la fragilité de certaines chaînes de valeur en raison de l’éloignement entre les usines de production et le lieu de consommation. Cela conduit à raccourcir certaines chaînes de valeur mondiales, à les rendre moins globales et plus régionales – un phénomène connu sous le nom de « near-shoring ». Ce nouveau contexte crée une opportunité pour les pays de l’ALC, et en particulier pour le Mexique, qui s’identifient comme la meilleure alternative pour la relocalisation des chaînes de valeur dans le modèle de « near-shoring ».
Historiquement, ce sont les États du centre-nord du Mexique qui ont le plus bénéficié des processus d’intégration dans les chaînes de valeur mondiales : c’est là, à proximité des États-Unis, que se trouve la base d’exportation de l’industrie manufacturière. Par ailleurs, le Sud Sud-Est du pays présente des retards historiques qui ont freiné son intégration dans les chaînes de valeur mondiales, et limitent aujourd’hui sa capacité à tirer parti du nouveau contexte international.
Ainsi, il est nécessaire, lors de la conception des stratégies pour tirer parti de l’opportunité offerte par le « near-shoring », de tenir compte des spécificités de chaque région. Cette approche sur-mesure est essentielle pour définir des politiques publiques qui favorisent un développement régional plus équitable.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’Extension de la Facilité de recherche sur les inégalités. Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension contribuera à l’élaboration de politiques publiques visant la réduction des inégalités dans quatre pays : Afrique du Sud, Mexique, Colombie et Indonésie sur la période 2021-2025.
Ce projet de recherche complète les travaux menés par l’Extension de la Facilité de recherche sur les inégalités au Mexique sur le système national de soins et sur l’impact redistributif des politiques environnementales.
Objectifs
Ce projet vise à approfondir l’étude du « near-shoring » au Mexique, en identifiant les défis et les opportunités qu’il génère :
- Premier objectif spécifique : établir une proposition pour surmonter l’un des goulots d’étranglement les plus critiques identifiés par le secteur productif, à savoir la production d’électricité. Il est suggéré de combler le déficit d’investissement dans l’électricité à court terme, par des investissements dans la production distribuée avec des panneaux solaires, ainsi que d’explorer des options durables et équitables, en étudiant particulièrement l’État de Nuevo León (nord du pays).
- Deuxième objectif spécifique : identifier les secteurs économiques susceptibles de tirer parti du « near-shoring » et combler les lacunes existantes dans la formation des compétences et du capital humain, en mettant l’accent sur l’inclusion sociale et l’égalité entre les femmes et les hommes. Cela comprendra une analyse détaillée pour les États d’Oaxaca et de Veracruz (sud du pays), afin de développer les compétences dans les secteurs émergents et traditionnels, et de préparer la main-d’œuvre à tirer parti des opportunités à moyen et long terme.
- Troisième objectif spécifique : élaborer un plan stratégique pour la mise en œuvre d’un portefeuille de solutions, basé sur les recommandations identifiées dans le premier et le deuxième objectifs spécifiques.
Méthode
- Pour le premier objectif spécifique : l’analyse de scénarios sera utilisée pour mesurer l’écart entre la demande et la capacité de production d’électricité. Les scénarios de capacité de production solaire distribuée utiliseront des outils d’analyse spatiale des systèmes d’information géographique, tandis que les estimations sur la redirection des subventions seront tirées de sources publiques officielles.
- Pour le deuxième objectif spécifique : générés à partir d’une combinaison de bases de données internationales et nationales, les indicateurs économiques seront utilisés pour identifier les opportunités de stimuler la diversification de la production électrique. Une analyse préliminaire suggérera les grappes industrielles à prioriser. Cela permettra de sélectionner des secteurs économiques susceptibles de déclencher un développement industriel, par le biais d’interventions dans le domaine de la formation professionnelle. Les écarts de compétences seront identifiés au moyen d’une analyse quantitative. Cette analyse documentaire sera complétée par des informations qualitatives (entretiens, groupes de discussion avec les acteurs clés…).
- Pour le troisième objectif spécifique : le plan stratégique suivra une approche axée sur la mission (‘mission economy’) et inclura un plan d’action détaillé qui sera présenté au gouvernement fédéral mexicain. Le plan comprendra une carte des unités d’exécution possibles au sein des gouvernements fédéraux, régionaux ou municipaux, et une analyse des potentielles contraintes réglementaires et institutionnelles, ainsi que des alternatives stratégiques pour les surmonter.
Enseignements
Vous trouverez ci-dessous les différents documents de recherche liés à ce projet :
En cours
Mention légale UE (projet) Quel est l’impact des politiques fiscales et des dépenses sociales sur la réduction des inégalités femmes-hommes en Colombie ? L’Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités vise à explorer cette question en étroite collaboration avec le gouvernement colombien et en partenariat avec l’Universidad de los Andes.
Contexte
Comme l’indique une étude récente, les inégalités et la pauvreté en Colombie ont augmenté ces dernières années, surtout après la pandémie de Covid-19. La détérioration de ces indicateurs place la Colombie parmi les pays les plus inégalitaires au monde. Le diagnostic multidimensionnel des inégalités en Colombie montre également que les écarts entre les hommes et les femmes sont particulièrement marqués dans le pays. En effet, les taux d’emploi des femmes sont plus faibles que ceux des hommes à tous les niveaux de scolarité. Par exemple, en 2020, alors que le taux d’emploi des femmes sans qualification atteignait 31 %, celui des hommes était de 65 %.
Dans ce contexte, le gouvernement colombien s’est engagé à réduire les écarts entre les groupes de population et entre les territoires et a identifié la réduction des écarts entre les hommes et les femmes comme l’une de ses priorités. Il est ainsi essentiel de mieux comprendre les déterminants des inégalités les solutions possibles, et d’identifier les moyens par lesquels les politiques publiques, sociales et budgétaires peuvent les réduire.
Afin d’accompagner le gouvernement colombien dans l’élaboration de politiques publiques visant à réduire les inégalités, la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités, en étroite collaboration avec les centres de recherche locaux et les autorités nationales, a déjà :
- Elaboré le diagnostic multidimensionnel sur les inégalités et produit des statistiques sur les inégalités avec le département national de la Statistique (DANE). Le diagnostic est un panorama statistique des inégalités sous de multiples angles, qui vise à éclairer les décisions publiques en fournissant des informations-clés pour la réduction des écarts les plus importants dans le pays.
- Réalisé une analyse de l’incidence fiscale basée sur la méthodologie Commitment for Equity (CEQ), et, en étroite collaboration avec le ministère des finances, élaboré un outil permettant d’évaluer l’impact sur les inégalités de la dernière réforme fiscale dans le pays, par micro-simulations.
Ces deux études ont ouvert la porte à de nouveaux sujets d’analyses pour fournir au gouvernement colombien des données, des informations et des connaissances pertinentes pour renforcer la conception, la mise en œuvre et le suivi des instruments politiques susceptibles de réduire les inégalités et les écarts entre les groupes de population, en premier lieu la politique fiscale et les dépenses sociales.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités. Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension de la Facilité contribue à l’élaboration de politiques publiques visant à réduire les inégalités dans quatre pays : l’Afrique du Sud, le Mexique, la Colombie et l’Indonésie sur la période 2021-2025.
Objectif
Ce projet de recherche utilisera des méthodologies novatrices pour combiner les informations issues d’enquêtes, de bases de données et de dossiers administratifs pour mieux comprendre les impacts des mesures budgétaires et des dépenses du gouvernement colombien sur la réduction des écarts entre les hommes et les femmes, et plus généralement, pour renforcer l’analyse des mesures d’inégalité des revenus en Colombie.
Cette étude vise également à renforcer les capacités internes colombiennes, permettant de continuer à produire des rapports et de nouvelles mesures et analyses des inégalités, afin d’alimenter la conception de politiques publiques plus justes dans le pays.
Méthode
Le projet de recherche :
- Élaborera une méthodologie d’analyse des répercussions des mesures budgétaires et de dépenses gouvernementales sur la réduction des écarts entre les hommes et les femmes et des inégalités de revenus en Colombie, à partir de l’outil CEQ;
- Déterminera les composantes méthodologiques et opérationnelles nécessaires qui seront mises à jour périodiquement par les différents décideurs publics concernés ;
- Élaborera une batterie d’indicateurs de l’impact des politiques fiscales et budgétaires sur les écarts de revenu entre les hommes et les femmes.
L’analyse utilisera des enquêtes, des bases de données sur l’offre et la demande de programmes sociaux, ainsi que des dossiers administratifs et des renseignements fiscaux de personnes physiques. Ces données seront intégrées dans un modèle CEQ et serviront de base à mise en oeuvre de l’approche genre et aux analyses qui seront effectuées dans le cadre de cette recherche.
Tout au long de la recherche, des groupes de travail seront organisés avec le département national du Plan, le département administratif national des Statistiques, la direction nationale des Impôts et des Douanes et d’autres intervenants impliqués dans le développement conceptuel et méthodologique de la recherche, l’analyse des résultats et l’application de l’outil aux processus stratégiques.
Résultats de recherche
Vous trouverez ci-dessous les différents documents de recherche liés à ce projet :
En cours
L'Afrique du Sud est-elle en mesure de sécuriser les investissements nécessaires pour sa transition vers une économie bas-carbone, d'adapter ses infrastructures au changement climatique, tout en équilibrant la croissance économique et en maintenant la stabilité macro-financière ? L'AFD soutient l'Afrique du Sud dans sa lutte contre le changement climatique à travers le projet GEMMES Afrique du Sud, développé en collaboration avec des partenaires académiques et institutionnels.
Contexte
L'Afrique du Sud a besoin d'investissements importants pour passer à une économie à faibles émissions de carbone et pour mettre en place des infrastructures résilientes, en particulier dans les secteurs de l'énergie et de l'eau. Fortement dépendante du charbon et confrontée à une raréfaction de l'eau en raison du changement climatique, le pays doit impérativement s'orienter vers la durabilité pour garantir sa stabilité environnementale et économique à long terme.
Avec le soutien de l'AFD, l'Université du Cap (UCT), la Banque de développement d'Afrique australe (DBSA), la Commission présidentielle sur le climat (PCC), le Trésor national et le Centre for Sustainability Transitions de l'Université de Stellenbosch développent un modèle qui évalue les impacts macroéconomiques ainsi que les différentes options de politiques publiques et mécanismes de financement pour la transition des systèmes d'eau, d'énergie et d'alimentation en Afrique du Sud, en réponse aux défis climatiques. Ce projet s'inscrit dans le cadre de l'initiative « Afrique du Sud: vers un développement économique inclusif » (SA-TIED), un programme de recherche et de politique visant à favoriser une croissance économique inclusive dans le pays.
Le programme GEMMES développe un modèle théorique général, ainsi que des modèles nationaux appliqués à des cas concrets et adaptés aux caractéristiques de chaque pays, y compris le modèle GEMMES Afrique du Sud.
EN SAVOIR PLUS SUR GEMMES
L'AFD et les outils de modélisation macroéconomiques pour la transition écologique
Objectif
Le projet GEMMES Afrique du Sud vise à :
- Analyser les impacts macrofinanciers de la transition vers les énergies renouvelables, assurer la sécurité de l'eau et maintenir la durabilité alimentaire ;
- Fournir aux décideurs politiques des informations et des prévisions pour éclairer la prise de décision et la planification à long terme de la croissance économique, de l'emploi et de la résilience climatique, et plus spécifiquement des informations sur les effets macroéconomiques des investissements résilients au climat jusqu'en 2050 ;
- Améliorer la compréhension des vulnérabilités et des opportunités de la transition en Afrique du Sud, en intégrant les boucles de rétroaction macrofinancière dans l'analyse des changements structurels ;
- Favoriser le développement durable et atténuer les risques environnementaux, en contribuant à la stabilité économique à long terme et à l'amélioration de la qualité de vie ;
- Promouvoir le dialogue sur les politiques publiques relatives à la transition vers une Afrique du Sud à faibles émissions de carbone.
Méthode
Outre son approche transdisciplinaire particulière, qui fait de ce projet l'un des rares à intégrer la notion de soutenabilité forte, l'originalité de GEMMES réside dans sa prise en compte des déséquilibres macro-financiers et de l'impact de la transition bas-carbone sur l'ensemble des éléments de la balance des paiements.
GEMMES Afrique du Sud s'appuie sur le modèle de transition énergétique SATIM-GE de l'Université de Cape Town (UCT), qui intègre des boucles de rétroaction macro-financières. Ces boucles fournissent des informations essentielles sur les vulnérabilités économiques du pays et les opportunités d'investissement pendant cette transition.
GEMMES Afrique du Sud est construit en partenariat avec les autorités locales et les instituts de recherche pour garantir que l'outil est cohérent avec les besoins du pays et que les partenaires sont capables de l'utiliser et de l'améliorer de manière indépendante. Il prendra en compte
- la dynamique des taux d'intérêt et de change et leur impact sur l'investissement privé et l'emploi ;
- les contraintes budgétaires et macro-financières ;
- les dynamiques différentes entre les banques et les institutions financières non bancaires ;
- la capacité des investissements publics dans les infrastructures vertes à conduire un nouveau plan de transformation écologique ;
- les impacts des changements climatiques.
Résultats attendus
Le projet GEMMES Afrique du Sud débouchera sur plusieurs publications, dont :
- Une présentation des spécificités de GEMMES Afrique du Sud et de ses simulations de référence ;
- Les implications macro-financières des investissements en infrastructures ;
- Les implications macro-financières des impacts du changement climatique ;
Ces documents fourniront des informations précieuses sur les résultats du projet et contribueront aux discussions en cours dans ce domaine.
Enseignements
À ce stade, et alors que le projet en est encore à ses premières phases, on s'attend à ce que l'intégration des boucles de rétroaction macro-financière joue un rôle important dans l'élaboration de politiques et de stratégies d'investissement efficaces. Au fur et à mesure que le projet progressera, le dialogue continu avec les parties prenantes sera crucial pour affiner ces concepts et relever les défis du processus de transition.
Télécharger les publications relatives à d'autres projets de modélisation en Afrique du Sud :
- Socio-economic and spatially-explicit assessment nature-related risks: The case of South Africa (décembre 2023, en anglais)
- Demand-induced transition risks in South Africa (décembre 2023, en anglais)
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Mention légale UE (projet) Quel serait l’impact sur la pauvreté et les inégalités d’une politique de taxation du carbone en Indonésie ? Comment concevoir des politiques efficaces qui répondent simultanément aux objectifs environnementaux et de redistribution ? En partenariat avec le LPEM, la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités vise à enrichir la méthodologie du CEQ Institute pour comprendre l’impact distributionnel des prix actuels et potentiels du carbone en Indonésie, ainsi que les options d’atténuation envisageables.
Contexte
L’engagement de l’Indonésie à réduire ses émissions de carbone s’inscrit dans le cadre de l’Accord de Paris. Le pays est l’une des 52 juridictions nationales dans le monde qui ont établi des règlements sur la tarification du carbone (Banque mondiale, 2023). L’objectif principal de la mise en œuvre des instruments de tarification du carbone est d’aider le pays à atteindre sa contribution déterminée au niveau national, c'est-à-dire les engagements pris par les pays signataires de l’Accord de Paris de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux effets du changement climatique.
Dans ce contexte, le gouvernement indonésien a introduit des instruments de tarification du carbone sur une base volontaire de 2021 à 2024, avec un passage à l’application obligatoire prévu d’ici à 2025. Malgré son démarrage modeste, l’introduction de cette taxe marque un progrès considérable en Indonésie, les pays à revenu faible et intermédiaire ayant mis en place une taxe carbone étant peu nombreux.
Recourir à la tarification du carbone pour favoriser la décarbonation de l’économie est une politique significative, mais cela peut peser indifféremment sur les différents groupes sociaux. Ces mesures bénéfiques pour l’environnement peuvent ainsi accroître la pauvreté et les inégalités. Si ces disparités ne sont pas corrigées, les politiques de décarbonation pourraient être entravées, soit en limitant l’impact global recherché soit en faisant payer les plus pauvres, pour un dérèglement climatique qu’ils n’ont pas causé, et dont ils sont les principales victimes.
Utilisant un outil analytique reprenant l’approche du CEQ Institute, ce projet de recherche vise à améliorer la conception de politiques permettant d’atteindre à la fois des objectifs environnementaux et de distribution, en assurant une transition plus juste.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités. Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension de la facilité contribuera à l’élaboration de politiques publiques visant à réduire les inégalités dans quatre pays : l’Afrique du Sud, le Mexique, la Colombie et l’Indonésie sur la période 2021-2025.
Ce projet de recherche complète également deux études menées par la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités en collaboration avec le gouvernement indonésien sur les politiques de développement des aires marines protégées et la production d’un diagnostic multidimensionnel sur les inégalités dans le pays.
Objectif
Ce projet de recherche vise à évaluer les effets environnementaux (émissions) et de distribution et bien-être (pauvreté et inégalités) des instruments de marché (prix du carbone et revenus) ou hors marché (subventions, quotas, règlementation). L’étude vise à produire, pour l’archipel indonésien, des évaluations des coûts et de l’impact environnemental de ces instruments.
L’étude portera sur l’impact de la tarification du carbone et d’autres instruments fiscaux indirects (taxes) combinés à des impôts directs et des transferts sociaux (modalités de recyclage des recettes d’une taxe carbone), afin d’équilibrer les effets de ces instruments sur la distribution des revenus et sur l’environnement en Indonésie.
Méthode
Afin de concevoir des politiques plus efficaces qui répondent à la fois aux objectifs environnementaux et distributifs, le CEQ Institute a développé un outil analytique utilisant des micro-données sur les caractéristiques des ménages, l’étude des comportements et un outil de micro-simulation. Il s’agit d’un outil de planification ex-ante basé sur des micro-unités comme les ménages, qui simule les effets de mesures avant leur mise en œuvre.
La méthodologie comprend les dimensions analytiques suivantes :
- Des cadres méthodologiques pour modéliser l’impact distributionnel des politiques fiscales et sociales sur les carburants ;
- Un tableau d’entrées-sorties pour suivre l’incidence indirecte des prix du carbone dans l’économie ;
- Les répercussions comportementales d’une hausse du coût des énergies sur la demande ;
- L’identification de mesures de protection sociale en faveur d’une transition énergétique juste.
L’ensemble de ces données s’appuie sur deux sources principales : le tableau d’entrées-sorties 2016 produit par le Bureau central des statistiques (BPS) et l’Enquête socio-économique nationale 2022 (SUSENAS). Des données et informations de la direction générale des impôts et de divers ministères indonésiens concernés sont également utilisées pour mener l’étude.
Résultats
Le papier de recherche lié à ce projet est disponible en anglais : Data Analytics for a Just Transition. Distributional Impacts of Environmental Policies (Indonesia)
Cet article évalue ces effets redistributifs de la tarification du carbone et des réformes énergétiques en Indonésie. Engagée dans l'Accord de Paris, l'Indonésie a fait de la tarification du carbone – qu’il s’agisse de taxes ou de marchés d’échange de quotas d’émission – un pilier central de sa politique climatique. Ces instruments sont conçus pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour encourager l’investissement dans des énergies plus propres, mais ils peuvent avoir des impacts sociaux inégaux. Les ménages à faible revenu et les travailleurs des secteurs fortement émetteurs sont particulièrement vulnérables face à la hausse des prix de l’énergie et aux chocs sur l'emploi.
L’étude conclut que le succès de la transition énergétique en Indonésie dépendra non seulement de son efficacité environnementale, mais aussi de sa capacité à garantir l’équité entre les différents segments de la société.
Pour aller plus loin...
Les autres projets de recherche appuyés par l'Extension en Indonésie
Mention légale UE (projet) Comment le gouvernement sud-africain peut-il préparer la transition des travailleurs du secteur du charbon vers une économie à faible émission de carbone ? Quel est le profil sociodémographique et spatial des travailleurs de la chaîne de valeur du charbon? Quelles options de protection sociale peuvent éviter la hausse du chômage et des inégalités qui pourrait résulter de la transition juste ? L'Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités explore ces questions en partenariat avec le Development Policy Research Unit (DPRU) de l’Université du Cap (UCT).
Contexte
L’Afrique du Sud reste l’un des pays les plus inégalitaires au monde. Le haut niveau d’inégalités de revenu du pays est principalement attribuable aux écarts extrêmes sur le marché du travail, où plus de 30 % de la population active est au chômage et ne perçoit aucun revenu (Leibbrandt et al., 2010 ; StatsSA, 2024). La réduction du chômage est donc au cœur des défis sociaux et économiques de l’Afrique du Sud, et elle est essentielle pour lutter contre les inégalités.
L’industrie du charbon est importante en Afrique du Sud et centrale pour la transition juste. Elle concentre d’après les estimations près de 200 000 emplois, soit environ 1,2 % de l’emploi total, et contribue à 5,4 % de la croissance du produit intérieur brut (Makgetla et al., 2021). C’est de plus une industrie géographiquement très concentrée, qui soutient une grande partie de l’activité économique locale et régionale dans les zones concernées, en particulier dans la province de Mpumalanga.
Ainsi, les potentiels impacts négatifs sur l’emploi de la transition énergétique et de la sortie du charbon représentent un défi socio-économique majeur pour ce pays qui doit encore faire face aux vestiges de l’apartheid. Il est donc essentiel d’anticiper et gérer les risques associés à ces effets négatifs potentiels sur l’emploi, afin d’éviter que les inégalités ne soient aggravées par une transition non planifiée.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l'Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités. Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension de la Facilité contribue à l’élaboration de politiques publiques visant la réduction des inégalités dans quatre pays : Afrique du Sud, Mexique, Colombie et Indonésie sur la période 2021-2025.
En savoir plus sur l'Extension en Afrique du Sud
Ce travail s’inscrit également dans le cadre du dialogue de l’AFD avec les autorités sud-africaines sur la transition juste et l’identification des réformes à mettre en œuvre pour assurer une transition inclusive.
Objectif
On ne sait pas encore exactement combien de travailleurs seront touchés par la sortie du charbon, comment ils sont caractérisés selon l’âge, les compétences ou le niveau de revenu.
En quoi pourrait consister une politique efficace de protection sociale pour ces travailleurs ? Quel serait son coût et comment la financer ? Ces éléments sont essentiels pour concevoir et mettre en œuvre des politiques qui limitent les effets sociaux et économiques négatifs de la transition énergétique et évitent l’augmentation du chômage et des inégalités.
Ce projet de recherche :
- Permettra de dénombrer et de qualifier les travailleurs actuels dans le secteur du charbon et les industries connexes, à l’aide de micro-données fiables et spatialisées. Ce volet inclut une analyse de l’emploi, des salaires et des inégalités salariales.
- Proposera des mesures de protection sociale adaptées aux profils des travailleurs identifiés, assorties d’estimations de coûts et d’options de financement possibles. Les implications sur les inégalités salariales de différents scénarios politiques seront étudiées.
Méthode
Le projet de recherche peut être décomposé en quatre volets et porte sur les domaines d’analyse suivants :
- Utilisation des données fiscales pour identifier avec précision les employés à risque dans les industries minières, de production d’électricité à partir du charbon et les industries adjacentes au charbon, en les localisant spatialement à travers le pays. Cela permettra d’estimer de manière fiable le nombre de travailleurs qui risquent d’être affectés par l’abandon du charbon.
- Production de profils détaillés des travailleurs identifiés comme à risque, selon le sexe, l’âge et les revenus. Cet exercice servira à identifier des sous-groupes, ou cohortes, qui auront des besoins différenciés de protection et de soutien, en fonction de leurs compétences, de leurs revenus et de leur âge. Les données sur les revenus seront également utilisées pour examiner les inégalités au sein de la chaîne de valeur du charbon, entre la chaîne de valeur du charbon et l’industrie minière en général, et l’économie formelle dans son ensemble.
- Utilisation de cette caractérisation des profils de travailleurs pour proposer des options politiques adaptées aux différentes cohortes, afin de développer une réponse globale en matière de protection sociale. Différentes combinaisons pourraient être proposées, comme des programmes de retraite anticipée, des subventions, ou des programmes de formation. En outre, l’étude fournira un panorama complet des politiques de protection sociale disponibles en Afrique du Sud et déterminera si elles pourraient s’appliquer aux travailleurs touchés.
- Examen des scénarios de réduction de l’emploi dans l’industrie du charbon et modélisation de l’estimation des coûts associés aux différentes politiques proposées. Cela implique de modéliser les scénarios politiques envisagés sur tout l’horizon à temps plein des employés actuels. Cela fournira une vision chiffrée des implications de la politique de transition juste pour l’industrie sud-africaine du charbon, et des pistes de discussion sur les options de financement possibles. Les résultats permettront également de mieux comprendre les conséquences en matière d’inégalités qui pourraient découler des différents scénarios politiques de transition juste.
Enseignements
Vous trouverez ci-dessous les différents documents de recherche liés à ce projet :
En cours
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Mention légale UE (projet) L'Afrique du Sud s'est engagée sur la voie nécessaire d'une transition juste, qui se traduira par des pertes d'emplois dans le secteur du charbon, à un moment où le taux de chômage est déjà très élevé dans le pays. L’AFD, en partenariat avec le Centre REAL de l’Université Wits et NBI, mène une analyse détaillée de l’écosystème de compétences qui pourrait alimenter les différentes initiatives visant à soutenir les collectivités locales et les communautés du district de Nkangala pour relever ce défi.
Contexte
Avec un taux de chômage des jeunes parmi les plus élevés au monde, l’Afrique du Sud doit prendre en compte, pour sa trajectoire de transition juste, les vulnérabilités de ses cohortes de jeunes, en particulier celles qui peuvent être qualifiées de « non scolarisées, sans emploi ni formation » (Not in Education, Employment or Training – NEET). Par exemple, une étude récente menée dans le cadre de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités a révélé que le taux de jeunes NEET était de plus de 37% au cours de la dernière décennie dans la province de Mpumalanga, la région la plus exposée à la sortie du charbon, avec près des trois quarts des jeunes NEET vivant dans des ménages pauvres.
Depuis 2019, l’Initiative nationale pour les entreprises (National Business Initiative – NBI) est à l’avant-garde d’un partenariat multisectoriel qui vise à élargir et à développer les voies d’accès des jeunes aux professions d’installation, de réparation et d’entretien (Installation, Repair and Maintenance – IRM). L’initiative IRM est stratégiquement alignée sur diverses initiatives du gouvernement pour stimuler une reprise inclusive et la revitalisation de l’économie, en particulier après la pandémie de Covid-19. Cette initiative a par la suite été incorporée dans l’Intervention présidentielle pour l’emploi des jeunes (Presidential Youth Employment Intervention – PYEI). L'initiative part du principe qu'en aidant les entrepreneurs IRM basés dans les localités à renforcer et à développer leurs entreprises et en les mettant en relation avec les opportunités du marché local, il y aura une augmentation concomitante de la demande de main-d'œuvre qualifiée, et de nouvelles opportunités d'emploi. Il s'agit ainsi d'une réponse directe au problème du chômage des jeunes.
En étroite collaboration avec la NBI, le Centre REAL a apporté son expertise à l’analyse complète des quatre régions clés identifiées dans la phase 1 du projet de cartographie des écosystèmes de compétences IRM : Atlantis (Western Cape), Mandeni (KwaZulu-Natal), Mamelodi (Gauteng) et Kathorus (Gauteng). Fort du succès de cette première phase, le Centre REAL étendra désormais la portée du projet à la municipalité du district de Nkangala, l’un des trois districts de la province de Mpumalanga.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l'Extension de la Facilité de recherche UE-AFD sur les inégalités. Coordonnée par l’AFD et financée par la Commission européenne, l’Extension de la Facilité contribuera à l’élaboration de politiques publiques visant la réduction des inégalités dans quatre pays (Afrique du Sud, Mexique, Colombie et Indonésie) sur la période 2021-2025.
Ce travail s’inscrit également dans le cadre du dialogue entre l’AFD et les autorités sud-africaines sur la transition juste et la réduction des inégalités.
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Objectifs
Ce projet de recherche permettra d’effectuer une analyse détaillée de l’écosystème des compétences qui pourrait alimenter les différentes initiatives visant à soutenir les autorités locales et les communautés du district de Nkangala, qui concentre les centrales électriques au charbon qui seront fermées du fait des politiques de transition juste.
La phase 1 du projet a révélé que la cartographie écosystémique des compétences IRM est cruciale pour lutter contre les inégalités car elle permet d’analyser en profondeur les profils socio-économiques et démographiques de diverses communes d’Afrique du Sud.
En identifiant les lacunes spécifiques en matière de compétences et en comprenant les défis auxquels sont confrontées les petites et moyennes entreprises (PME) dans ces domaines, la cartographie peut, en effet, éclairer des interventions ciblées visant à réduire les inégalités dans l’accès à l’emploi et aux opportunités économiques.
De plus, en examinant le rôle des établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels (Technical and Vocational Education and Training institutions – TVET) et en effectuant une analyse documentaire exhaustive, l’étude garantit que les interventions proposées soient fondées sur des données probantes et adaptées aux besoins des communautés étudiées.
Enfin, l’étude s’attachera, en collaboration avec les parties prenantes, à produire des informations exploitables : cette approche doit permettre de générer un impact significatif et de promouvoir un développement économique inclusif dans les régions mal desservies, contribuant ainsi aux efforts visant à réduire les inégalités, à s’engager dans une transition juste et à favoriser une société plus inclusive.
Méthode
En s’appuyant sur la phase 1 de la cartographie des compétences de l’écosystème IRM, les chercheurs appliqueront la méthode suivante :
- Ils établiront le contexte du district de Nkangala au moyen de recherches documentaires et d’entretiens avec des partenaires clés dans le secteur privé et dans le secteur de l’éducation ;
- Ils collecteront des données primaires et mettront en place un travail de terrain par le biais d'ateliers de cartographie avec les parties prenantes et d'entretiens avec des informateurs clés pour collecter des données ;
- Ils fourniront ensuite un premier état des lieux de l’écosystème global des compétences locales à partir de l’exercice de cartographie du site et s’appuieront sur les études de documents et sur le travail contextuel mené dans le district de Nkangala. Dans la lignée des travaux de Spours (2019) sur les écosystèmes, ils utiliseront trois éléments de base : les dimensions des verticalités, des horizontalités et de la médiation pour comprendre et analyser l’écosystème des compétences du district de Nkangala et pour guider l’analyse inter-sites, en se basant sur les travaux entrepris au cours de la phase 1.
Résultats
Vous trouverez ci-dessous le papier de recherche relatif à ce projet :
Dans quelle mesure les partenariats entre les acteurs publics et les acteurs des communs favorisent-ils l’accès aux soins ? Pour répondre à cette question, ce projet de recherche-action s’intéressera aux « partenariats public-communs dans le domaine de la santé » (PCCP, pour « Public-Community Care Partnerships »), dans la ville de Bogotá, en Colombie.
Contexte
L'économie du care est un domaine où les approches fondées sur les communs sont essentielles pour lutter contre les inégalités d’accès qui affectent particulièrement les femmes. Les partenariats public-communs dans le domaine du care (PCCP) peuvent être appréhendés comme des modèles de communs sociaux permettant d’aborder cette question. Les PCCP impliquent une collaboration entre des acteurs publics et des initiatives de soins portées par la communauté, telles que les maisons de soins communautaires. Ils s’attachent à la complémentarité des actions entre acteurs publics et acteurs communautaires, dans la perspective d’une action publique tournée des services de soins accessibles et gérés collectivement.
Ce projet a été sélectionné dans le cadre de l’appel à projets de recherche « Communs et participation citoyenne ». Cet appel était destiné à des projets de recherche s’intéressant à la contribution des communs aux pratiques démocratiques et de participation citoyenne ; aux interactions des acteurs des communs avec les acteurs publics ; et au pouvoir d’agir des communs au sein de l’action publique. Il fait partie du programme de recherche de l’AFD sur les communs.
EN SAVOIR SUR...
Objectifs
Le projet étudiera les partenariats public-communs dans le domaine du care en Colombie :
- En analysant dans quelle mesure ils constituent un modèle pour promouvoir l'accès aux soins ;
- En développant, testant et évaluant des instruments de politique publique pour mettre en œuvre des PCCP, et notamment un contrat-type de PCCP.
Ce projet est une recherche-action, qui mène conjointement des activités de recherche et des activités de dialogue de politique publique dans la ville de Bogota. La recherche est organisée à travers des communautés d’apprentissage, auxquelles participent les acteurs de la société civile dans les centres communautaires, les chercheurs du projet ainsi que les acteurs publics.
Par l’expérimentation et le faire, le projet permettra de répondre notamment aux questions de recherche suivantes :
- Quelles sont les conditions pour l’émergence de PCCP ?
- Dans quelle mesure constituent-ils des outils de politique publique ?
- Quels sont les mécanismes de gouvernance, de délibération, de rémunération et d’évaluation qui sous-tendent ces PCCP ?
- Comment les PCCP traduisent une complémentarité service public/communs en termes d’accès aux soins ?
Méthode
Cette recherche participative, basée sur des « communautés apprenantes », embarquent dès le démarrage du projet les acteurs publics au niveau de la municipalité de Bogota et au niveau gouvernemental. Le projet se déroulera en cinq étapes :
- Etude de l'écosystème des acteurs et les interrelations dans le domaine du soin dans le contexte étudié ;
- Sélection de quatre centres de soins communautaires (deux mobilisés comme pilotes des partenariats, deux autres en contrefactuels) et réalisation d’un diagnostic des pratiques et des processus internes et externes de ces centres (juridiques, comptables, logistiques, communication) ;
- Mise en place dans les deux centres pilotes de « communautés apprenantes », entendues comme des espaces de dialogue et de co-création du prototype de PCCP, et des outils d'information et de suivi juridique et financier des deux partenariats. Les pilotes dureront 12 mois.
- Evaluation des pilotes, à travers des entretiens approfondis et des enquêtes auprès des parties prenantes (avant/après ; entre les centres communautaires).
- Co-conception et production de produits de communication et de diffusion.
Résultats attendus
Le projet débouchera sur des livrables à chacune de ses étapes :
- Un rapport d’enquête (étape 1) ;
- Un rapport de référence sur l'analyse des centres communautaires, de la plateforme numérique collaborative pour la gestion des connaissances et du partage d'informations des communautés d'apprentissage (étape 2) ;
- Un prototype de contrat PCCP (étape 3) ;
- Un rapport sur les défis et opportunités des communautés d'apprentissage autour des PCCP (étape 4) ;
- La diffusion des résultats et des enseignements (étape 5).
La dégradation de la nature peut affecter la stabilité économique et sociale d’un pays. A partir d’un cas d’étude sur l’Afrique du Sud, cette étude propose une méthode pour identifier les secteurs d’une économie exposés à des risques d’instabilité liés à la perte de biodiversité, ainsi que leurs effets potentiels sur plusieurs indicateurs socio-économiques. En miroir, cette méthode permet d’identifier les secteurs constituant des opportunités de développement et tirant partie d’un bon état de la biodiversité.
Contexte
De nombreuses études analysant les risques pour la stabilité des systèmes financiers liés à la dégradation de la nature (RDN) ont été publiées récemment pour les Pays-Bas, la France, ou d’autres pays. Elles soulignent toutes que la perte de biodiversité peut avoir des effets déstabilisateurs importants, soit par l'effondrement des écosystèmes et des services qu'ils rendent à l'économie (ce que l’on appelle les « chocs physiques »), soit par des changements de comportement, de technologie ou de réglementation mis en œuvre dans le cadre d'une transition écologique (« choc de transition »).
Objectif
L’étude, centrée sur le cas de l’Afrique du Sud, évaluera les effets potentiels – en termes de production, de génération de revenus, d’inflation, d’emplois, de salaires, d’équilibre de la balance extérieure et de stabilité budgétaire – d’un choc physique (lié à une dégradation des services rendus par les écosystèmes) ou d’un choc de transition (lié à des mesures ou des innovations contribuant à réduire les pressions exercées par certains secteurs de l’économie sur la biodiversité).
En complément de cette analyse globale, la méthode tente de localiser précisément ces risques sur le territoire, afin d’informer les décideurs locaux et de les aider à prendre des mesures de transition écologiques informées.
Mais ces risques dépassent largement le seul secteur financier, notamment dans les pays en développement. Comment mieux prendre en compte le contexte macro-financier dans l'analyse des RDN dans les pays émergents où il joue un rôle clé dans la résilience des entreprises ou des institutions ? Par rapport à la question climatique, comment mieux prendre en compte l'aspect territorial des risques liés à la nature et mener une évaluation spatialement explicite ?
Programme de recherche associé
Méthode
Cette étude introduit de nouvelles méthodes d'évaluation des risques socio-économiques liés à la dégradation de la nature, en s'appuyant sur deux contributions principales :
- Elle mène une analyse multidimensionnelle de l'exposition de plusieurs variables macro-financières et sociales aux risques liés à la nature. Basée sur des tableaux entrées-sorties (à l'image du modèle ESTEEM) étendus à l'environnement et des comptes satellites socio-économiques, l'analyse identifie comment les risques pourraient exercer des impacts significatifs sur des secteurs directement et indirectement essentiels pour les chaînes de production, et ensuite pour les équilibres socio-économiques.
- La méthode propose une évaluation spatiale plus granulaire, au niveau des municipalités sud-africaines, en étudiant les vulnérabilités liées à la nature. Cette démarche nécessite la mise en cohérence de données économiques spatialisées avec des données écologiques cartographiées. Les résultats localisent donc les expositions socio-économiques.
Ces deux démarches reliées entre elles soulignent l'importance d'une approche holistique des risques liés à la nature, combinant les connaissances des économistes et des écologistes, et capable de mettre l'accent sur les objectifs conjoints de prospérité économique, de stabilité sociale et de durabilité environnementale.
Enseignements
L’étude permet d’identifier des secteurs économiques potentiellement exposés à des risques importants et offre l’opportunité aux acteurs sud-africains de mener des études plus poussées afin de préciser l’ampleur et la matérialité de ces risques.
Par exemple, en Afrique du Sud, 80 % des exportations du pays et 60% des prêts aux entreprises apparaissent fortement dépendantes des services d’approvisionnement en eau fournis par les écosystèmes. Outre l'exposition directe à ces risques, un choc subi par les secteurs qui dépendent du service écosystémique d’approvisionnement en eau peut se propager ("en cascade") dans l'ensemble du réseau industriel, sous la forme d'effets sur la demande ou sur l'offre. Alors que 18 % des emplois et 24 % des salaires sont directement exposés à ces risques (notamment dans les secteurs de l'immobilier et de l'industrie manufacturière), ces expositions passent respectivement à 48 % et 56 % si l'on inclut les activités indirectement exposées au travers des chaines de valeurs.
La biodiversité étant très dépendante des facteurs géographiques, il est important de compléter les analyses précédentes, par des analyses géolocalisées : il faut identifier quelles activités économiques se situent là où les écosystèmes et les services qu’ils fournissent sont dégradés. Quand on tient compte de la localisation des entreprises contribuant aux exportations, le premier chiffre de 80% des exportations sud-africaines dépendantes de l’approvisionnement en eaux de surface est ramené à près de 23 % d’exportation vulnérables à ce service écosystémique. Cela signifie que 23% des exportations sont générées par des activités dépendantes à l’approvisionnement en eaux de surface et qui sont, en plus, situées dans des municipalités où le service écosystémique est sensiblement dégradé. En d'autres termes, en tenant compte de la localisation des services écosystémiques dégradés, il apparaît que près d'un quart des exportations nettes semble directement vulnérable au manque d'eau.
Pour aller plus loin :
- Lire le papier de recherche : Socio-economic and spatially-explicit assessment of nature-related risks – The case of South Africa
- Lire le papier de recherche : A framework to assess socioeconomic and spatialized nature-related risks: An application to South Africa (Environmental and Sustainability Indicators, 2025)
- Revoir le webinaire Conversation de recherche consacré aux résultats avec les partenaires sud-africains
Suites du projet de recherche
La méthode et les résultats de l’étude ont suscité l’intérêt d’un grand nombre d’acteurs économiques et des sciences de l’environnement, confirmant la pertinence de la méthode. Moins que les valeurs précises des résultats, ce sont les ordres de grandeur et l’identification des secteurs économiques fortement dépendants aux services rendus par les écosystèmes (exposés à un risque physique) ou exerçant le plus de pressions sur la biodiversité (exposés à un risque de transition) qui suscitent l’intérêt et le débat.
En effet, l’un des principaux résultats a été de susciter l’intérêt et le dialogue entre des acteurs sud-africains qui échangeaient peu jusqu’à présent, notamment l’Institut national de la biodiversité (SANBI), le ministère de l’Environnement, le ministère des Finances ou encore la Banque centrale (South African Reserve Bank, SARB).
Les acteurs sud-africains travaillent actuellement à traduire ces résultats techniques en documents accessibles pour une audience de non-spécialistes et pour générer des débats plus approfondis avec des acteurs des principaux secteurs identifiés comme exposés à des risques, ou vecteurs d’opportunités pour des secteurs résilients à fort impacts positifs socio-économiques.
Par ailleurs, la Banque centrale d’Afrique du Sud est en train d’utiliser cette méthode pour réaliser avec l’AFD une évaluation de l’exposition du secteur financier pour l’ensemble des pays membres de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC). La Banque de développement d’Afrique du Sud (DBSA) a aussi commencé à utiliser cette méthode pour évaluer l’exposition de son propre portefeuille. D’autres développements et améliorations de la méthode pourraient suivre à l’avenir.
Contacts
- Paul Hadji-Lazaro, macroéconomiste écologique à l'AFD
- Julien Calas, chargé de recherche biodiversité à l'AFD
- Antoine Godin, responsable de la cellule modélisation macroéconomique GEMMES à l'AFD
- Andrew Skowno, coordinateur de l'analyse de la biodiversité nationale à SANBI
- Pamela Sekese, consultante en matière de géospatial
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